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Contrats d’exportation d’Hydro-Québec: recettes ou profits?

La vente d’un produit à l’étranger à un prix inférieur à son coût de production porte un nom : dumping.
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Hydro-Québec se vante continuellement des énormes profits qu'elle dit réaliser grâce à l'exportation de ses surplus d'électricité. Or, Hydro semble confondre réduction de pertes et profit.

Hydro tente d'exporter ses surplus d'électricité estimés actuellement à environ 23 TwH provenant essentiellement des dernières centrales construites sur La Romaine au coût annuel de production estimé à 6,5¢ du KwH et de la filière éolienne au coût annuel d'acquisition de près de 10¢ du KwH. Le coût de production de ses surplus est donc estimé au minimum à 1,5 milliard $ par année. Il semblerait que le nouveau contrat potentiel de 9,45 TwH avec le Massachussets rapportera des recettes annuelles de 400 millions $ ou environ 4¢ du KwH après déduction des coûts de transport. Ces recettes additionnelles vont donc réduire de 1,5 milliard $ à 1,1 milliard $ les pertes annuelles d'Hydro liées à la production de ses surplus. Ainsi, les Québécois continueront à assumer les pertes annuelles de 1,1 milliard $ résultant de la surproduction d'électricité due à une mauvaise planification à la fois de la demande globale et du prix du marché à l'étranger.

Avant ce nouveau contrat potentiel, le prix de vente de notre électricité perdue est nul et, avec ce contrat, il passerait à 4¢ du KwH mais il demeure en dessous du coût de production de 6,5¢ du KwH. Donc, pour ce contrat potentiel, il reste toujours une perte annuelle de 2,5¢ du KwH ou 250 millions $ qui sera assumée par tous les Québécois. Il est donc clair que, pour une période de 20 ans, nous vendrions notre électricité à perte en vertu de ce mégacontrat qui pourrait intervenir entre Hydro-Québec et l'État du Massachussets. La vente d'un produit à l'étranger à un prix inférieur à son coût de production porte un nom : dumping. Après Duplessis et l'exportation de notre fer à 1¢ la tonne, voilà Couillard et l'exportation de nos surplus d'électricité à moins 2,5¢ le KwH. Plus ça change, plus c'est pire.

Le coût de cet enfouissement partiel en Estrie sera aux frais des Québécois puisqu'il viendra réduire d'autant le dividende versé au gouvernement du Québec par Hydro.

Pendant ce temps, Hydro et le gouvernement du Québec refusent une dépense annuelle de 2 millions $ pendant sa durée de vie de 40 ans pour l'enfouissement partiel d'une nouvelle ligne à haute tension dans les Laurentides simplement parce qu'il s'agit d'une ligne domestique. Pourtant, pour le même coût, le gouvernement du Québec vient d'ordonner à Hydro l'enfouissement partiel en Estrie de la nouvelle ligne à haute tension nécessaire pour ce contrat d'exportation qui est moins rentable que la nouvelle ligne domestique dans les Laurentides. Le coût de cet enfouissement partiel en Estrie sera aux frais des Québécois puisqu'il viendra réduire d'autant le dividende versé au gouvernement du Québec par Hydro. De même, pour des fins de développement économique régional, le gouvernement du Québec a ordonné à Hydro l'achat annuel de plus de 1 milliard $ d'électricité de source éolienne, réduisant d'autant son dividende annuel reçu d'Hydro puisqu'Hydro était déjà en surplus d'énergie.

Si le gouvernement du Québec se permet d'investir, à même son dividende d'Hydro, près de 200 000$ par année pour chacun des 5 000 emplois créés ou préservés en région par la filière éolienne, pourquoi refuse-t-il d'investir de la même façon près de 50 000$ par année pour chacun des 40 emplois créés ou préservés dans les Laurentides par l'enfouissement partiel de la nouvelle ligne à haute tension nécessaire pour l'alimentation électrique de toute la région?

Tant qu'à vendre ses surplus d'électricité à l'étranger à un prix en bas du prix coûtant, pourquoi Hydro-Québec ne les vend-elle pas au même prix à des entreprises venant s'établir au Québec et permettant ainsi de créer des emplois et une croissance économique au Québec plutôt qu'ailleurs avec notre propre électricité?

Avril 2018

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