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Itinérance: il n'y a pas que les pics qui devraient déranger

Nos gouvernements se doivent d'apporter un soutien financier adéquat aux organismes communautaires qui sont les premiers et, bien trop souvent, les seuls répondants au coeur de la lutte contre l'itinérance. Cependant, force est de constater que le gouvernement conservateur de Stephen Harper a choisi d'ignorer ses responsabilités dans ce domaine.
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Comme de nombreux Montréalais, j'étais outrée d'apprendre cette semaine que certains édifices situés au centre-ville avaient installé des pics anti-itinérants devant leur façade. Outrée, parce que dans une société comme la nôtre, ce genre de geste est complètement inacceptable.

Le tollé que cette histoire a provoqué confirme qu'une telle mesure n'est heureusement pas tolérée à Montréal. C'est une simple question de valeurs: la manière dont nous traitons les plus vulnérables est le reflet de notre société.

Mais maintenant que les pics sont retirés, il faut comprendre comment on en est arrivé à ce point. En fait, le seul aspect positif de ce triste épisode est d'attirer l'attention non seulement sur la stigmatisation à laquelle les personnes sans-abris font face quotidiennement, mais aussi sur le manque sérieux de soutien pour favoriser la cohabitation et la prévention.

C'est bien triste, mais l'altruisme individuel a des limites. Nos gouvernements se doivent d'apporter un soutien financier adéquat aux organismes communautaires qui sont les premiers et, bien trop souvent, les seuls répondants au coeur de la lutte contre l'itinérance.

Cependant, force est de constater que le gouvernement conservateur de Stephen Harper a choisi d'ignorer ses responsabilités dans ce domaine.

En plus des compressions budgétaires de 12 millions de dollars par année, le gouvernement fédéral n'a renouvelé que partiellement le financement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance (SPLI). En effet, plutôt que de continuer à financer de nombreux projets misant sur une diversité d'approches, les conservateurs ont mis tous leurs oeufs dans le même panier.

Résultat: une partie beaucoup plus significative des fonds est consacrée exclusivement aux projets axés sur le Logement d'abord, tandis que de nombreux autres programmes d'aide ou de soutien seront laissés de côté, faute de financement.

Plusieurs groupes offrant des services directs à la population verront la totalité ou une partie importante de leur financement coupée par Ottawa. Pire encore, des montants réservés aux projets Logement d'abord n'ont même pas encore été distribués et risquent de ne pas l'être cette année, compte tenu du long processus d'appel de projets.

Et ce n'est pas tout. Les conservateurs refusent également de renouveler le financement fédéral pour 620 000 logements sociaux à travers le pays, ce qui engendrera des hausses de coûts de loyer draconiennes pouvant atteindre jusqu'à 500 dollars par mois dans certains cas. En rendant ces logements moins accessibles aux ménages à faible revenu, on risque de mener encore plus de personnes vers l'itinérance.

Il existe pourtant des façons de soutenir la lutte contre l'itinérance. Plutôt que de tout décider des tours d'ivoire d'Ottawa, les conservateurs doivent appuyer les priorités des organismes sur le terrain et augmenter le financement fédéral dans le développement de logements sociaux.

Au NPD, nous espérons que la levée de boucliers contre les pics fera place à une mobilisation accrue, afin de demander au gouvernement fédéral de jouer son rôle dans la lutte contre l'itinérance. Le manque de sérieux des conservateurs dans ce dossier est peut-être moins visible que les pics, mais il est tout aussi inacceptable.

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