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Le budget Trudeau: développer le Canada aux frais du Québec

Sous Stephen Harper, le Québec se faisait dire non avec un air de bœuf. Sous Justin Trudeau, le Québec se fait dire non avec le sourire. C'est plus joli, mais le Québec n'y gagne pas plus.
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Au-delà des apparences, le budget Trudeau utilise largement nos impôts fédéraux pour servir les intérêts du Canada plutôt que ceux du Québec sur le plan social, économique et financier.

Le premier ministre Trudeau, qui excelle dans la politique-spectacle, a proclamé haut et fort que son budget respecte ses promesses électorales, en offrant notamment une baisse d'impôt pour la classe moyenne. La réalité est tout autre à plusieurs égards. Le budget fédéral comporte des changements aux paliers d'imposition qui profitent surtout aux contribuables ayant un revenu imposable de plus de 89 400 $, ce qui n'est pas tout à fait la classe moyenne, n'est-ce pas?

Bien que le Bloc québécois soit favorable à des investissements pour relancer l'économie, il faut quand même noter que le déficit prévu sera plus du triple de ce qu'avaient promis les libéraux pendant la campagne électorale.

Nous accordons aux libéraux que certaines mesures spécifiques de leur budget étaient souhaitables, comme le programme d'allocation aux familles et le réinvestissement dans les communautés autochtones. Mais dans l'ensemble, le budget ne répond à aucun des besoins particuliers du Québec, ni sur le plan social, ni sur le plan économique, ni sur le plan financier.

Les prestations d'assurance-emploi sont prolongées pour 12 régions économiques du Canada qui ont subi les contrecoups de la chute du prix du baril de pétrole, mais rien de tel pour Montréal ou les régions ressources du Québec. La caisse d'assurance n'est pas recréée, ce qui fait en sorte que le gouvernement pige dans la caisse et subtilise 1,7 milliard aux travailleurs cette année.

Le premier ministre Trudeau ne fera rien pour contrer l'austérité imposée par Philippe Couillard. Pour ce qui est des transferts en santé, nous demandions le maintien d'une hausse de 6 % jusqu'à ce qu'Ottawa couvre 25 % des coûts et une hausse de 6 % des transferts en éducation, services de garde et programmes sociaux jusqu'à ce qu'Ottawa annule l'effet de ses coupures passées. Les libéraux maintiennent plutôt la coupe conservatrice qui atteindra jusqu'à 50 % de la hausse dès l'an prochain (800 millions $ de moins en 2017). Même son de cloche en éducation. Le budget ne comporte rien en ce qui a trait au programme qui finance l'éducation post-secondaire, les services de garde et les services sociaux, qui a été amputé de 900 millions $ ces dernières années.

Il n'y a donc rien pour assurer la pérennité de nos services publics et pour éviter que le gouvernement du Québec n'implose sous le poids des coûts des services de santé. En d'autres mots, les libéraux maintiennent la pingrerie des conservateurs.

Une bonne partie de l'argent qu'on envoie en impôts à Ottawa servira encore une fois à développer l'économie du Canada plutôt que celle du Québec. Comme par le passé, le fonds d'innovation pour le secteur de l'automobile va à l'Ontario, et rien n'est prévu pour l'automobile électrique, l'aéronautique, le secteur forestier et le secteur agricole au Québec.

Le budget Trudeau prévoit des sommes importantes pour ses activités de recherches concentrées en Ontario, pour combler les faiblesses de l'économie canadienne en innovation, mais rien pour permettre au Québec de développer ses forces.

Même si les milliards de dollars consacrés aux programmes d'infrastructures semblent intéressants, les programmes sont trop rigides pour répondre véritablement aux besoins des municipalités. Pour l'accès aux fonds, le seul élément de souplesse se retrouve dans les programmes conservateurs existants : les sommes non dépensées seront versées au Fonds de la taxe sur l'essence, seul programme fédéral qui fonctionne bien. Malgré la promesse libérale de procéder de la même façon pour les nouveaux programmes, Ottawa multiplie les programmes pointus où il veut tout décider, annonçant des années de négociation, de chicane et de tergiversation pendant lesquelles nous ne verrons pas la couleur de l'argent annoncé dans le budget. Ce n'est pas très utile de mettre des milliards sur la table si personne n'y a accès!

En bref, sous Stephen Harper, le Québec se faisait dire non avec un air de bœuf. Sous Justin Trudeau, le Québec se fait dire non avec le sourire. C'est plus joli sur la photo, mais le Québec n'y gagne pas plus.

Au fond, le problème ne provient pas d'un gouvernement fédéral ou d'un autre, mais du fait que c'est la nation voisine qui décide à notre place, et elle le fait, ce qui est tout naturel, en fonction de ses besoins à elle! Seule l'indépendance permettra au Québec d'assurer son plein développement économique, social et financier.

Un Québec pays, en récupérant les quelques 50 milliards $ d'impôts versés annuellement à l'État canadien, sera en mesure de réaliser des projets collectifs qui seront à l'avantage de l'économie du Québec et de ses citoyennes et citoyens.

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