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Malgré Jean Charest, une hausse légitime et souhaitable

Au moment même où les négociateurs des quatre principaux groupes représentants des associations étudiantes d'universités québécoises sont réunis pour une autre ronde de négociations avec le gouvernement, il faut rappeler la légitimité et l'importance d'une hausse des droits de scolarité à l'université.
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Au moment même où les négociateurs des quatre principaux groupes représentants des associations étudiantes d'universités québécoises sont réunis pour une autre ronde de négociations avec le gouvernement, il faut rappeler la légitimité et l'importance d'une hausse des droits de scolarité à l'université.

Le travail de sape du gouvernement Charest, la mobilisation étudiante d'une portion non-négligable des cégeps et des facultés universitaires, puis la nouvelle conjoncture engendrée par la frustrante loi spéciale ne sont pas encore venus à bout de la volonté de plusieurs de « régler » en recourant à un gel tout aussi désolant qu'improductif.

Il faut lire les communiqués de presse d'Influence Communication qui semaine après semaine nous indiquent que « l'actualité demeure dominée par le conflit étudiant autant dans les médias traditionnels que sociaux ». Jean-François Dumas soulignait à la fin mars que les opposants à la hausse des frais de scolarité avaient bénéficié de sept fois plus d'attention médiatique que ceux qui l'appuient. Je crois que ce ratio a augmenté en avril et en mai, mais ce n'est peut-être qu'une impression. La marge de manoeuvre de ceux qui veulent s'exprimer en faveur de la hausse est plus mince (1, 2, 3), mais il ne faut pas exagérer « la victimisation » dont certains se plaignent. Le débat est encore possible, évidemment, même dans les conditions actuelles...

Pourtant, « l'opinion publique » continue de croire majoritairement à la pertinence d'une hausse (source) et on se demande bien pourquoi quand on écoute la rue ces jours-ci.

Les raisons peuvent varier, mais force est d'admettre que les étudiants ont convaincu très peu de citoyens hormis les déjà convaincus avant le conflit que la société devait payer plus que 83% de leurs études universitaires. Le gouvernement Charest était - et demeure - si fragile au moment de débuter la session d'hiver des étudiants qu'au bout de neuf ans « de pouvoir », ça ne prenait pas un fort pourcentage d'étudiants pour convaincre les partisans de la gratuité ou du gel de se mobiliser contre la hausse.

Le PLQ a dormi sur le conflit étudiant. Le réveil est brutal.

Il se retrouve aujourd'hui avec un litige d'une nature plus profonde qui l'oblige non seulement à négocier sous une pression différente, mais à l'arrivée de l'été, sous le regard impatient d'une bonne partie de son électorat traditionnel.

Régler avec le gouvernement ? Les associations le veulent bien, mais « ils ont tout leur temps ». Jean Charest a les deux mains sur le volant, mais il est encerclé par les casseroles et ni lui ni Mme Courchesne ne peuvent nier que la ronde actuelle leur permettra de dicter le rythme des négociations comme ce fut le cas quand le PLQ tenait son conseil général à Victoriaville...

« "On se présente ici avec peu de pression sur nos épaules", a dit Gabriel Nadeau-Dubois. "Étant donné que la session est suspendue, il n'y a pas de pression sur les votes de grève. On ne sent pas beaucoup de pression de notre côté. La pression est peut-être davantage sur le gouvernement. La saison touristique approche, et le milieu des affaires s'attend à un règlement pour éviter qu'il y ait des perturbations cet été." Et comme la loi 78 est "un échec, tous les regards sont tournés vers les libéraux", a-t-il ajouté. »

J'ai bien peur que le travail de ceux qui croient à la légitimité de la hausse des frais de scolarité doive être repris après des élections générales.

Les vrais enjeux autour des propositions sur la table ne passent plus, en dehors des lieux regroupants des initiés. Et encore, le sujet est devenu tabou dans plusieurs familles et milieux de travail, tellement il divise.

L'accessibilité aux études universitaires est préservée avec ce qui est proposé. Les étudiants qui proviennent de familles gagnant moins de 65 000$ ne subiraient pas de hausse parce que de l'aide sous forme de bourses viendra compenser. « Le combat » pour les étudiants issus de familles gagnant plus de 100 000$ (parce qu'entre les deux chiffres, il y a aussi de l'aide pour compenser la hausse) ne fait sûrement pas sortir les gens dans la rue et pourtant, ils sortent. Ils se rassemblent parce que le débat s'est élargi et qu'il est rendu ailleurs. Suffisait d'écouter la tribune de Pierre Maisonneuve de ce midi pour s'en convaincre.

Et si ces gens pour et contre la hausse avaient rejoint les manifestations parce qu'ils partagent la grogne contre un gouvernement ? Et si l'envie de participer à un mouvement pacifique, collectif et festif devenait attrayante tout en passant un certain message de ras-le-bol aux autorités ?

Je fais confiance à l'intelligence des gens, je sais qu'ils en reviendront des manifs, mais en attendant, il faut rappeler que le conflit étudiant est possiblement en train de s'instrumentaliser à d'autres fins que le financement des études universitaires et que les enjeux de ce conflit demeurent importants !

Sur la loi 78 ? Je suis de ceux qui cherchent l'erreur.

J'entre à peine en politique et on pourrait penser que le moment actuel choisi pour le faire n'est pas le meilleur. Il n'en est rien. La crise actuelle peut agir tel un révélateur d'aptitudes aux débats et de capacité à analyser le bonheur et le malaise du vivre ensemble, qui je l'accorde, empruntent parfois le même chemin !

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