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Du haut de ses 9 ans, une écolière fait bouger son conseil scolaire

Depuis quelques mois, je suis de très près le site web d'une Écossaise de 9 ans qui blogue ce qu'on lui offre comme repas dans son école, tout en lui attribuant une note. Son initiative a rapidement été remarquée et son site a même fracassé des records de fréquentation.
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NeverSeconds

Dans la dernière école que j'ai dirigée, j'ai eu l'occasion de mettre sur pied un programme scolaire où chaque élève de 5e et 6e années disposait d'un blogue. À partir de septembre 2003, quarante-trois élèves m'ont démontré à quel point le fait de pouvoir disposer d'un site web personnel pour apprendre et diffuser du contenu (texte, photo, vidéo) leur permettait de lire et d'écrire beaucoup plus qu'à l'habitude. En réalisant que leur blogue devenait une sorte de fenêtre qui permettait aux gens à l'extérieur de leur école de réaliser tous les apprentissages qu'ils faisaient, ils étaient plus motivés, ils faisaient davantage d'effort et surtout, ils prenaient leur travail beaucoup plus au sérieux.

Depuis cette rentrée scolaire 2003, des milliers d'étudiants et d'enseignants à travers le monde utilisent des blogues à des fins pédagogiques et je m'étonne, d'ailleurs, qu'au Québec ce genre d'initiative n'ait pas fait boule de neige et soit resté plutôt anecdotique.

Depuis quelques mois, je suis de très près le site web d'une Écossaise de neuf ans, « NeverSeconds » qui blogue ce qu'on lui offre comme repas dans son école tout en lui attribuant une note. Son initiative a rapidement été remarquée et le site a même fracassé des records de fréquentation. Il faut dire que l'élève passe souvent des commentaires sur le fait que ses repas ne sont pas très appétissants et très peu nutritifs. Plusieurs internautes ont relayé les billets et ont eux-mêmes emboîté le pas ce qui a créé une sorte de « buzz » sur Internet.

Jeudi dernier, Martha (c'est le prénom de la gamine) a publié un billet dans lequel elle raconte devoir mettre fin à ses reportages « gastronomiques » dû à la notoriété des photographies de ses « petits plats » quotidien.

« This morning in maths I got taken out of class by my head teacher and taken to her office. I was told that I could not take any more photos of my school dinners because of a headline in a newspaper today. I only write my blog not newspapers and I am sad I am no longer allowed to take photos. I will miss sharing and rating my school dinners and I'll miss seeing the dinners you send me too. I don't think I will be able to finish raising enough money for a kitchen for Mary's Meals either. »

Plusieurs sites ont traité de « cette nouvelle », dont BBC News et le populaire Gizmodo alléguant que les pressions pour que cessent la publication web de la jeune fille était « monumentally stupid ».

En quelques semaines, l'élève avait reçu des photos de lunch d'écoliers de plusieurs pays et le fait qu'on censure la démarche de la jeune fille plutôt que de tenter d'améliorer la qualité des repas a choqué bien des internautes.

Ce vendredi 15 juin, au lendemain des millions de visites sur le billet « Goodbye » de Martha, le Conseil scolaire de Argyll & Bute a jugé bon de corriger le tir avec un communiqué qui va au coeur de la problématique. Non seulement Martha pourra-t-elle continuer de prendre des photos et de les diffuser, mais l'initiative pourrait peut-être finir par avoir une influence positive sur les repas de l'école et du « Council ».

« I will also meet Martha and her father as soon as I can, along with our lead councillor on Education, Michael Breslin to seek her continued engagement, along with lots of other pupils, in helping the council to get this issue right. By so doing Martha Payne and her friends will have had a strong and lasting influence not just on school meals, but on the whole of Argyll & Bute. »

Roddy McCuish (Leader of Argyll and Bute Council) met la faute de la polémique bien davantage sur les médias de masse que sur le blogue de la jeune élève, finalement...

Sur Gizmodo, une troisième mise à jour titre « Martha wins! » et les millions de pages vues témoignent de l'ampleur qu'a pris l'initiative; on n'a pas encore fini de voir monter en popularité ce blogue édité par un enfant.

Bien que la publication web d'élèves en général pose à la fois problème et peut devenir l'objet de grande fierté, cette anecdote démontre tout de même que le désir d'affirmation des jeunes est grand et que les milieux scolaires devront ajuster leurs réactions devant la critique et l'ouverture. Si les enfants doivent très jeune apprivoiser en accéléré les conséquences du contenu qu'ils génèrent sur Internet, les moins jeunes ont l'obligation aussi de réaliser qu'il n'est plus possible de maintenir opaque les murs autour des établissements et des organisations.

Le choix devient : davantage de communication, ouverture au dialogue et plus de transparence. C'est aussi de cette façon qu'on maintiendra le respect de l'autorité, tout en augmentant la notoriété de nos maisons d'éducation.

Et c'est très bien ainsi...

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