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Pour ou contre le patriotisme américain?

J'aime l'esprit patriotique, mais je n'aime pas toujours la façon dont il s'exprime.
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Le premier jour d'école de ma fille, les parents étaient invités à venir en classe. Elle avait 6 ans. Son école est située dans une banlieue de Boston. Je suis donc dans sa classe depuis 8 heures du matin quand, à 8h30, une alarme se fait entendre. Tout le monde se lève. Contente, je crois qu'il s'agit d'une pause et, pas tout à fait réveillée, je me dirige vers la table à café. C'est alors que j'entends des voix qui murmurent. Je me retourne et stupéfaite, je vois les parents, main sur la poitrine, orientés vers le drapeau américain, récitant le serment au drapeau (Pledge of Allegiance). Embarrassée, je me dirige discrètement vers mon siège et j'écoute attentivement ces murmures. Je me croirais à l'église.

Cette année, ma fille qui vient de terminer sa quatrième année, récite encore à tous les matins le serment au drapeau.

On le sait tous, les Américains sont très patriotiques. On a juste à franchir la frontière des États-Unis pour voir des drapeaux flotter partout. Il y en a même un sur la Lune. Et à l'approche de la fête de l'indépendance, le pays en sera plus que couvert.

Ma fille m'a déjà dit qu'elle avait visionné une vidéo à l'école montrant comment plier le drapeau américain durant une cérémonie. Elle a pris ça très au sérieux. Je suis restée bouche bée! Le patriotisme commence là où on ne s'en doute pas.

Pourtant, il y aurait un déclin du patriotisme. En 2013, selon Gallup, 85% des Américains se disaient «extrêmement» ou «très fiers» d'être Américain. Vous me direz que c'est beaucoup? En 2002, il y en avait davantage, soit 92% qui se disaient «extrêmement» ou «très fiers» d'être Américain.

Selon l'American National Election Study, ce déclin seraient dû aux liens moins forts avec des symboles puissants, comme le drapeau, plutôt qu'aux valeurs propres au pays. Les gens plus âgés ont encore ce sentiment très fort qui les unit à leur drapeau, tandis que les plus jeunes expriment davantage de solidarité envers les valeurs du pays, comme «égalite» et «opportunité».

Mais le drapeau continue de soulever des passions. On a qu'à regarder le débat très émotif soulevé par le drapeau confédéré. Certains veulent le garder, d'autres l'enlever car il représente la passé esclavagiste des États du sud.

Les raisons d'être patriotique ont changé avec le temps. Au début du siècle, les immigrants qui arrivaient étaient prêts à s'imprégner des valeurs du pays pour avoir une vie meilleure. C'était une question de survie, mais aussi une façon d'adhérer au rêve américain. Aujourd'hui, les attaques terroristes ont modifié la raison d'être du patriotisme. La protection du pays a pris une grande importance au sein des valeurs américaines.

Moi qui jette un regard extérieur, je suis toujours perplexe à l'idée que l'école enseigne le patriotisme dès l'enfance. Pourtant, il n'y a rien de mal à être patriotique. Au contraire, lorsqu'on est patriotique, on aime son pays et on veut le défendre. J'ai déjà entendu dire que plus le patriotisme est fort, plus faible sera la probabilité d'une attaque terroriste en provenance de l'intérieur du pays. La question a d'ailleurs été soulevée lors de l'attaque de Charlie Hebdo à Paris.

Et regardez comment les Américains se relèvent après une attaque. Prenez par exemple, l'attaque terroriste lors du marathon de Boston en 2013. Quelques jours seulement après l'attentat, l'organisme The One Fund a vu le jour. Cet organisme qui vient en aide aux victimes des attentats et à leur famille a amassé plus de 60 millions de dollars en seulement 4 mois. Le tout a commencé avec des t-shirts portant le logo «Boston Strong», suivi d'accessoires, de concerts, etc.

Les Américains s'unissent vite pour défendre leurs pays. Et en plus, ils sont efficaces.

Alors pourquoi suis-je si mal à l'aise lorsque j'entends ma fille réciter le serment au drapeau et chanter l'hymne national? La réponse est complexe. Car j'aime cet esprit patriotique, mais je n'aime pas toujours la façon dont il s'exprime. Les extrémistes, ceux qui ont un esprit rigide et borné, les arrogants qui pensent être les meilleurs, me dérangent beaucoup. Le danger, c'est quand le patriotisme se transforme en nationalisme extrême. De Gaulle disait: «Le patriotisme, c'est aimer son pays; le nationalisme, c'est détester celui des autres». La citation est clairvoyante et en dit long. C'est bien d'être patriotique mais il ne faut pas tomber dans l'arrogance ou l'extrémisme. Sur ce, bonne fête de l'indépendance à tous les Américains!

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