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Les bottes de ski ont-elles un sexe?

Quand et comment est née cette «obligation du rose»? Je me souviens d'une époque pas si lointaine, où des articles comme les équipements de sport, les bottes d'hiver, et même des vêtements d'enfant tels les coupe-vent et les habits de ski étaient, au départ, unisexes. Plus maintenant! Même les bottes d'hiver se retrouvent maintenant avec une petite lisière rose, alors que, jadis, les «bottes de Ski-Doo» étaient entièrement noires...
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Little girl at magazines section in supermarket
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Little girl at magazines section in supermarket

«Ah non ! S'il n'y a pas du rose ou du mauve, oublie ça...» Je venais de faire du ménage dans les vêtements de mes garçons, et, avant de porter ce qui ne faisait plus à l'Armée du Salut, je lui proposais de voir si quelque chose pouvait convenir à ses filles. Et c'est la réponse qu'elle m'a faite spontanément, d'un ton où je décelais une certaine exaspération*.

Depuis, quand je me promène, je porte davantage attention à comment sont habillées les petites filles. Et quantité de choses ne cessent de me frapper. Pour commencer, on peine de plus en plus à en trouver portant une tenue exempte de rose ou de mauve (ou sinon, de petites fleurs...). Ensuite... à l'Halloween, combien trouve-t-on encore de petites filles qui veulent se déguiser autrement qu'en princesses ou en fées? Et d'ailleurs, le kit de princesse déborde maintenant largement le cadre du déguisement et des jeux, pour s'immiscer dans toutes les sphères de la vie. Sur les plages, on voit maintenant des petites filles porter des maillots de bain assortis de petits tutus... Et l'hiver, sur une pente du Mont-Tremblant, j'en ai vu une skier, coiffée d'une tuque (rose)... à laquelle étaient cousus une couronne et un voile (rose). Qu'est-ce qui peut pousser quelqu'un à faire porter cela à son enfant, plutôt qu'un casque ?

En ce qui concerne les casques d'ailleurs, de même que quantité d'autres articles du genre: pour les filles, désormais le rose est de rigueur. Idem pour les skis, et les bottes de ski : les petites filles ont désormais des skis à motifs fleuris, quand ce n'est carrément pas des skis «brandés» Barbie (je n'invente rien).

Et je pose la question: quand et comment au juste est née cette «obligation du rose»? Je me souviens d'une époque pas si lointaine, où des articles comme les équipements de sports, les bottes d'hiver, et même des vêtements d'enfant comme les coupe-vent et les habits de ski étaient, au départ, unisexes. Ce qui faisait, entre autres, que l'article en question, devenu trop petit, pouvait ensuite être refilé à un frère, une sœur, un cousin ou une cousine, sans trop de problème ou d'obstacle. Plus maintenant: même les bottes d'hiver (autrefois entièrement noires, et que l'on désignait par l'expression «bottes de Ski-Doo»), se retrouvent maintenant avec une petite lisière rose...

En cette époque où l'on parle tellement, et de plus en plus, de sauvegarde de l'environnement, de développement durable, et des multiples problèmes liés à la surconsommation, il y aurait là bien des choses à remettre en question. Pourquoi se fait-on autant embarquer dans cette «spirale du rose», en dépit du coût et des inconvénients?

Et puis, d'où vient au juste ce «syndrome de la princesse» chez nos petites filles? Bien sûr, ça fait déjà plusieurs décennies que Blanche-Neige, La Belle au Bois dormant et Cendrillon sont très populaires (entre autres grâce à Walt Disney) mais, jusqu'à récemment, jamais avec une telle ampleur. Pourquoi? En particulier au lendemain de cette fameuse Journée internationale des femmes qu'est le 8 mars, et alors qu'on a tellement voulu que, dès l'enfance, les petites filles ne se soient plus prisonnières de ghettos quand vient le temps de réfléchir à leur avenir et de se définir, comment expliquer cette ruée générale vers le rose et la princesse? Et à terme, quelle conséquence cela aura-t-il chez nos filles?

Je n'ai jamais été trop portée sur les discours du genre: «c'est la faute à la pub », ou «the marketing made me do it». Mais là, il y aurait, du côté des fabricants et des spécialistes de la mise en marché, une réflexion à faire sur les limites qu'il y a à «créer de nouveaux besoins.» Et puis ceci dit, en ce qui nous concerne tous, en tant que consommateurs: au bout du compte, il y a des choses que personne ne peut nous obliger à acheter. C'est aussi à nous de nous rendre compte qu'un casque gris, bleu ou vert peut parfaitement faire l'affaire. Idem pour les skis, les bottes de ski, les «bottes de ski-doo», alouette...

Et, puisqu'on parlait des fabricants: qui aura l'idée de lancer une ligne de vêtements de sport pour enfants, unisexe, qui serait positionnée comme élégante et «cool» pour tous et toutes? En plus d'être économique et environnementale? Il y aurait là une belle opportunité...

* Pour rendre justice: c'était il y a déjà une couple d'années. Et mes nièces consentent maintenant à s'habiller autrement qu'en rose ou mauve...

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