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Facebook nous transforme-t-il en perpétuels touristes?

Facebook peut contribuer... à nous déprimer! Chacun s'empresse d'afficher tout ce qu'il fait de bon et d'intéressant: les activités auxquelles il participe, les spectacles et films qu'il va voir, les gens qu'il fréquente, etc. Et en lisant tout cela, on peut parfois avoir l'impression d'être seul(e) sur Terre à ne pas mener une vie géniale.
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Alors que, sur le réseau social Facebook, le profil «Journal» (Facebook Timeline en anglais), devient de plus en plus populaire, en même temps que de plus en plus contesté , il me revient en mémoire un article paru dans Slate, qui avait attiré mon attention. Intitulé The Anti-Social Network (Le réseau anti-social), il fait ressortir comment Facebook peut contribuer... à nous déprimer! Chacun s'empresse d'afficher tout ce qu'il fait de bon et d'intéressant: les activités auxquelles il participe, les spectacles et films qu'il va voir, les gens qu'il fréquente, etc. Et en lisant tout cela, on peut parfois avoir l'impression d'être seul(e) sur Terre à ne pas mener une vie géniale...

Tout cela devient encore plus flagrant avec le Facebook Journal (que je n'utilise pas encore, en passant). Cette fonctionnalité permet à chacun d'organiser les contenus qu'il/elle a publiés sur Facebook en ordre chronologique inversé, et de les personnaliser de diverses façons. D'abord, en permettant de retirer tout ce qu'on ne voudrait plus voir figurer. On peut aussi établir une hiérarchie dans les photos publiées, en mettant de l'avant celles qui représentent le mieux qui nous sommes et ce qui nous intéresse.

Donc, plus que jamais, Facebook nous permet de mettre en scène notre propre vie. Chacun publie en quelque sorte sa propre biographie, et la met à jour en permanence.

Et cela m'a frappée tout à coup : sur Facebook, en fait, on se conduit en perpétuels touristes.

Que fait-on à nos retours de voyages? On met de l'avant nos découvertes, les beaux endroits, les bons moments... Et l'on omet tout ce qu'il y avait d'ennuyeux, de trivial, de fâcheux ou de carrément emmerdant. Pas forcément pour être de mauvaise foi: il n'y a rien d'intéressant à raconter dans les attentes interminables à la sécurité, les vols annulés ou retardés, les transferts manqués, les coups de soleil ou les microbes attrapés... Et puis, avec le temps, ces détails s'estompent bel et bien dans nos mémoires, au profit du reste. Et puis parfois, oui, on est quand même un peu de mauvaise foi. On ne veut pas trop s'avouer soi-même que l'on a dépensé beaucoup d'argent pour quelque chose qui n'aura peut-être pas été à la hauteur. Et puis on veut quand même, quelque part, susciter (au moins un peu) l'envie de nos voisins, nos amis, nos collègues de travail...

Maintenant, sur un réseau social comme Facebook, on a les mêmes réflexes pour ce qui concerne l'ensemble de notre vie. On va y publier beaucoup de choses dans les moments où l'on fait des activités intéressantes, où l'on se sent bien. Et on va « faire le mort » dans nos moments de déprime et d'ennui. On va claironner au monde entier que l'on fête son anniversaire de mariage, raconter ce que notre « chum » ou notre «blonde » vient de faire de particulièrement gentil... Mais personne ne saura rien de notre plus récente engueulade. En un mot, nous adoptons tous un peu le style « brochure », le mode « beau récit de voyage ».

Et en ce qui concerne les voyages, depuis le temps, l'auditoire a développé une sorte d'immunité face à ce genre de petits mensonges : on se doute bien que, dans tous ces récits de « merveilleux » voyage dans le Sud que l'on entend, il y aura parfois un nombre appréciable de jours passés surtout dans la salle de bains; que le mal de mer peut avoir été le lot de ceux qui reviennent de croisière, même si on n'en entend jamais parler. Mais on n'a pas encore développé la même distance critique par rapport à ce qu'on lit sur des réseaux comme Facebook. Et on peut, dans les moments plus difficiles, ou simplement un peu « plates », avoir l'impression d'être le seul « loser », dans un océan de gens méga-heureux et hyper-performants. Alors qu'une bonne partie de tout cela, en fin de compte, n'est sans doute que mise en scène...

Et puis, une fois que l'on a dit tout cela, il semblerait aussi que pour les jeunes, s'exprimer par l'entremise de Facebook ou d'un blogue personnel peut aider au moral et à l'estime de soi... C'est du moins ce dont font état diverses études, dont celle-ci, relatée par cet article du Nouvel Observateur. Comme quoi les médias sociaux peuvent comporter les solutions aux problèmes qu'ils contribuent parfois à amplifier.

Et vous? Avez-vous l'impression d'embellir un peu trop, sur Facebook, votre propre réalité? Êtes-vous portés à vous comparer à partir de ce que les autres y publient, et à vous sentir dévalorisé, voire déprimé parfois?

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