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Français, l'Amérique vous trouve «hot»!

L'auteure, Pamela Druckerman, partage elle aussi avec ses lecteurs, entre autres incroyables découvertes, le fait que «les enfants français mangent des repas complets et équilibrés, qui ont plus de chances d'inclure des poireaux braisés que des pépites de poulet». Elle souligne aussi qu'«alors que ses amis américains passent leurs rencontres à arbitrer les chicanes entre les enfants, les parents français ont plus de chances de siroter leur café entre eux, pendant que les enfants jouent.»
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Je viens, par hasard, de tomber coup sur coup sur de l'info au sujet de deux livres qui viennent de paraître; et qui me laissent songeuse. Le premier s'intitule «French kids eat everything : How Our Family Moved to France, Cured Picky Eating, Banned Snacking, and Discovered 10 Simple Rules for Raising Happy, Healthy Eaters ». L'autre, c'est «Bringing up Bébé: One American Mother Discovers the Wisdom of French Parenting ». Vous êtes tous suffisamment perspicaces pour réaliser, juste en lisant les titres, qu'il y a des points communs entre les deux...

Commençons par « French Kids eat everything »: l'auteur, Karen le Billon, est une universitaire canadienne, qui a eu son épiphanie culinaire lorsque, raconte-t-elle, elle a vécu pendant toute une année, avec sa famille, dans le Nord de la France, dans la ville natale de son mari. Dans la description fournie par l'éditeur, on apprend les grandes découvertes qu'ont représenté, pour l'auteur, le fait que les Français n'aient pas comme premier réflexe de glisser un « snack » quelconque pour calmer leur jeune enfant qui fait une crise, et enjoignent à leurs écoliers de manger ce qu'il y aura au menu de la cantine, sans faire de caprice... Parmi les «règles alimentaires » édictées par Mme le Billon suite à son expérience française et dont elle donne un aperçu dans cette petite vidéo: « Tu n'as pas besoin de tout manger, mais tu dois toujours au moins goûter»; « La nourriture ne doit pas prendre la place de la « suce », d'une distraction, d'un jouet, ni être un objet de chantage, une récompense, ou un instrument de discipline »; « Il faut limiter les collations à une par jour » (traductions libres de ma part).

Passons maintenant à Bringing up bébé, écrit, lui, par une journaliste américaine qui s'est retrouvée à vivre - et à accoucher- à Paris. L'auteure, Pamela Druckerman, partage elle aussi avec ses lecteurs, entre autres incroyables découvertes, le fait que « les enfants français mangent des repas complets et équilibrés, qui ont plus de chances d'inclure des poireaux braisés que des pépites de poulet ». Elle souligne aussi qu'«alors que ses amis américains passent leurs rencontres à arbitrer les chicanes entre les enfants, les parents français ont plus de chances de siroter leur café entre eux, pendant que les enfants jouent.» Autres perles de sagesse : « Les mères françaises tiennent pour acquis que même les bons parents ne doivent pas être constamment au service de leurs enfants, et qu'il n'y a pas lieu de se sentir coupable pour autant. » Et malgré (ou à cause de?) cela, «les enfants se conduisent mieux, et sont davantage en contrôle d'eux-mêmes. Alors que l'on voit de petits Américains d'âge pré-scolaire enrôlés dans des cours de Mandarin et de lecture, on laisse -sciemment - les enfants français explorer et découvrir le monde à leur propre rythme .» (La traduction est de moi, encore une fois.) Elle a par ailleurs résumé ses découvertes dans un article du Wall Street Journal, intitulé Why French parents are superior. À noter que ses propos n'ont pas impressionné tout le monde, comme en témoigne cet article publié dans Forbes, et signé par la chroniqueuse Erika Brown Ekiel.

Tout de même : c'est dire à quel point, sur notre continent, au plan de la nourriture et de l'éducation des enfants, on est devenus « déconnectés » de la base et de l'essentiel. (Au Québec, nous sommes sans doute à mi-chemin entre la France et l'Amérique anglophone, du moins question bouffe. Un peu cliché, mais vrai.) Face à la nourriture, nous sommes incapables d'entretenir des rapports simples : c'est le règne du trop vite, du trop gras, trop transformé, trop salé, trop sucré, avalé au rythme de notre mode de vie hyper-occupé, et le tout indissociable d'une bonne dose de culpabilité. Rien là de bien nouveau : c'est par exemple ce que constatait le chef britannique Jamie Oliver, quand il s'est mis en frais, il y a deux ans, de transposer aux États-Unis sa « food revolution ». Côté éducation des enfants, c'est l'obsession de la performance... accompagnée, encore une fois, de culpabilité : avons-nous inscrit nos enfants aux bons cours, aux bonnes activités, les avons-nous exposé(e)s à toutes les possibilités de se développer au maximum? Et puis ah, nous passons ensemble si peu de « temps de qualité » ... comment se montrer sévères quand nous sommes avec eux?

Résultat : des livres où des évidences sont présentées comme une série de découvertes révolutionnaires. Et le pire, c'est que c'est sans doute justifié. Pour bien des Nord-Américains, de tels ouvrages pourraient bel et bien marquer les premiers pas vers de meilleures habitudes, tant pour l'alimentation, l'éducation des enfants, et la vie de famille en général. Comme on dit en anglais : Whatever it takes...

Et puis, ajoutons à tout cela French woman don't get fat, paru il y a environ cinq ans, et nous pouvons arriver à une conclusion: Français et Françaises, prenez note, et réjouissez-vous : cela durera ce que ça durera, mais... vous êtes « hot » !

(Légende images)

L'expertise française telle que vue par les Américains: élever des enfants qui mangent leurs brocolis... en plus d'être obéissants ET équilibrés.

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