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Pourquoi je vote

Oui, voter, c'est de l'ouvrage. On est obligés de se renseigner : sur les programmes des partis et sur les candidats dans notre circonscriptions. Et parfois, l'enthousiasme est loin d'être au rendez-vous; il n'y a pas de coup de cœur instantané. Et on voit d'énormes défauts, lacunes et sources d'incertitudes, quand on regarde tous les principaux partis et candidats.
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Maintenant que Xavier Dolan lui-même a lancé une initiative pour convaincre d'aller voter, on verra peut-être enfin se renverser cette désolante tendance qui s'était installée depuis quelques temps : le côté « trendy » qu'il y avait à se targuer de ne pas voter. Et, c'est un peu comme pour la tendance « peau pâle vs peau bronzée » : les campagnes de communications sur les dangers du soleil et cancer de la peau ont sûrement leur utilité, mais au bout du compte, c'est le « facteur cool » qui joue, dans le fait que les gens changent ou non leur comportement. Surtout les jeunes. Et donc, rendons grâce à Xavier Dolan : le coté « cool » est désormais assuré.

C'est donc un heureux complément à la campagne publicitaire lancée, comme à chaque élection, par le Directeur général des élections (DGE), et conçue par l'agence Cossette. Campagne dont, je l'avoue, j'appréciais modérément le ton sombre et dramatique et ce, même si les concepteurs expliquent qu'il y a urgence, étant donné le très faible taux de participation aux dernières élections. Mais cette campagne est une petite partie d'un tout. J'aime bien, par contre, le volet médias sociaux, où divers influenceurs s'expriment sur le thème « Pourquoi je vote ».

J'espère qu'on va enfin dire adieu à cette détestable et dangereuse attitude qui était en train de s'installer, et où on entendait, justement, certains influenceurs - artistes, commentateurs, journalistes - parler du « droit à l'abstention », du fait que les votes « blancs » ou annulés devraient être comptabilisés au même titre que ceux accordés à un parti politique, etc. Autant d'arguments ancrés dans un sentiment de supériorité mal placée, sur le mode: « Nous on a compris que le système ne sert à rien, qu'il faudrait autre chose de VRAIMENT nouveau; on est tellement mieux que tous ces ploucs qui croient encore dans le système, dans ce que racontent les politiciens, etc. »

C'est aussi une bonne chose que des influenceurs identifiés au web et aux médias sociaux soient à l'avant-plan, parce que bien des apôtres du « 2.0 » n'ont pas toujours aidé la cause du vote. Pas forcément de façon directe, ni même consciente. Mais il y en a eu pas mal pour se balader avec cette notion encore nébuleuse de « démocratie 2.0 ». Et d'autres pour véhiculer à leur façon cette espèce de notion de supériorité dont je parlais plus haut, adaptée à la sauce 2.0; dans le genre : « ah, la vraie démocratie est ailleurs, avec Facebook et Twitter, le peuple a de meilleurs moyens de s'exprimer directement, à quoi bon voter, etc. »

Espérons qu'on s'apprête enfin, désormais, à dire adieu à tout ça.

Et voici donc pourquoi je vote :

Je vote parce qu'il m'apparaît impensable de faire autrement. Je m'aperçois que j'aurai de la peine à l'expliquer, tant c'est profond et viscéral, mais je vais quand même essayer.

Refuser d'aller voter m'apparaît tout bonnement injustifiable. C'est l'expression d'une paresse qui ne veut pas dire son nom, assortie d'une inconscience de privilégiés.

J'écris « paresse » parce que, oui, voter, c'est de l'ouvrage. On est obligés de se renseigner : sur les programmes des partis et sur les candidats dans notre circonscriptions. Et parfois, l'enthousiasme est loin d'être au rendez-vous; il n'y a pas de coup de cœur instantané. Et on voit d'énormes défauts, lacunes et sources d'incertitudes, quand on regarde tous les principaux partis et candidats.

C'est le cas, on ne se le cachera pas, pour cette élection-ci. Il faut creuser, peser le pour et le contre, faire des choix. Si le chef et les « têtes d'affiches » nous inspirent moins, voir les candidats dans sa circonscription. Voir l'ensemble des candidats. Voir, dans les programmes des partis, les points les plus prometteurs. Et prendre une décision.

J'écris « une inconscience de privilégiés », parce qu'il suffit d'avoir passé quelques jours dans un pays où la démocratie n'est pas implantée, pour réaliser à quel point tout ce qu'on prend pour acquis ici est encore refusé à une bonne partie de l'humanité. Juste la possibilité de s'exprimer un peu librement, pour commencer. Comme touriste, je suis allée visiter des pays où, sur le visa d'entrée, je n'ai pas écrit que j'étais journaliste, pour ne pas avoir d'ennuis. Comment, ensuite, revenir dans un endroit comme ici, où l'expression et la liberté font tellement partie de l'air ambiant qu'on ne s'en aperçoit plus, et cracher dans la soupe?

Je vote parce que ne pas le faire revient, à mes yeux, refuser de bien manger, de prendre soin de soi-même et de sa santé, sous une latitude où c'est parfaitement possible, et même plutôt facile, de le faire. Parce que ne pas voter reviendrait à refuser de s'instruire, d'apprendre à lire et à réfléchir, dans une société où les possibilités sont surabondantes à cet égard. Alors qu'encore tellement rares ailleurs...

Je vote parce que c'est la seule chose à faire, et qu'on ne devrait même être en train d'argumenter là-dessus.

Et vous, pourquoi votez-vous?

Jean Charest - Parti libéral du Québec

Portraits des chefs

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