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Le luxe et la symbolique du sexe collectif

Certaines marques de luxe aiment les photos de groupe. Les femmes y sont (le plus souvent) oisives, lascives, sourient peu, ont parfois l'air de s'ennuyer, ou bien aguichent le client... La "pute" de luxe est sans doute une icône efficace.
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Pour leurs publicités destinées aux magazines, certaines marques de luxe aiment les photos de groupe. Les femmes y sont (le plus souvent) oisives, lascives, sourient peu, ont parfois l'air de s'ennuyer, ou bien aguichent le client comme dans cette image pour Louis Vuitton (campagne automne 2013) qui figure une maison close haut de gamme des années 1930:

La "pute" de luxe est sans doute une icône efficace. Dire qu'elle est une cliente fidèle (de Vuitton) est un pas que je ne franchis pas. Elle est sûrement censée incarner un fantasme (mais pas forcément de toutes les femmes, contrairement à ce que pense François Ozon). Dolce & Gabanna, pour sa part, s'était attiré des ennuis il y a quelques années pour cette image évoquant un viol collectif (les limites du porno-chic avaient alors été franchies):

La marque italienne poursuit aujourd'hui dans la photo de groupe, avec une série de clichés symbolisant la famille et la religion, bref le lien social traditionnel, où les protagonistes sont représentés dans la "vraie" vie, laquelle n'est cependant pas exempte de symboles (campagne automne 2013).

Ainsi, le subversif est mobilisé, comme dans cette image, qui met en scène, peut-être dans un cloître, deux jeunes mariés, une femme qui prie mais qui est habillée de rouge (c'est ambigu) et qu'un prêtre regarde avec insistance (admiration ou désir? Il faut dire que le mannequin, c'est Monica Bellucci). Les autres personnages sont deux très jeunes hommes d'église (des séminaristes?) et deux très jeunes femmes impeccablement vêtues (mais en manches courtes) et cheveux attachés (mais fardées) -sans doute des invitées du mariage. Tous les quatre fixent l'objectif de manière équivoque: sérieux, fierté, dévotion ou appel au sexe? Après tout, ce n'est pas forcément contradictoire.

L'ambiguïté est également présente dans cette photo, qui appartient à la même série, où l'on ne sait pas très bien qui, chez les hommes, est en costume de ville ou porte un habit de prêtre (même âge, même coiffure, même couleur de vêtements, mêmes chaussures cirées). Les personnages féminins (habillés de la même façon et arborant le même sac à mains) oscillent entre piété et abandon sexuel.

Une autre, encore, toujours dans le cloître, montre peut-être un enterrement avec une veuve éplorée (mais sexy) au premier plan, et la petite société qui discute, voire s'amuse à l'arrière (la vraie vie, vous dis-je...).

Le rouge, couleur de la hiérarchie catholique et de l'Esprit saint de Pentecôte (cf. Michel Pastoureau), mais également couleur du sang et du sexe; les grosses croix en or et pierres précieuses autour du cou et aux oreilles des femmes; le noir, symbole de chasteté, d'humilité, de piété, mais aussi de deuil; les regards, les poses; la jeunesse... Tout concourt à une mise en scène fortement ambivalente: est-ce une vraie église ou bien une fête libertine qui a pour thème le catholicisme?

Peut-on s'encanailler tout en étant pieux et respectueux des traditions? Pourquoi pas, nous dit implicitement Dolce & Gabanna. On adhère: vive la subversion, la vraie, celle qui rend plus libre. La mode, avant-gardiste (parfois).

Louis Vuitton

La représentation du sexe dans le luxe

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