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Savez-vous reconnaître vos sentiments?

Si les données sensorielles nous procurent une information objective provenant de l'environnement, nos sentiments révèlent notre degré de confort devant une situation. Ils fournissent également une explication concernant nos réactions.
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Dans mon dernier billet sur l'intelligence émotionnelle, nous avons établi la distinction entre l'information provenant de nos sens et celle issue de nos perceptions. De façon distincte, les sentiments représentent une autre source d'information fondamentale lorsqu'on met à profit son intelligence émotionnelle. Si les données sensorielles nous procurent une information objective provenant de l'environnement, nos sentiments révèlent notre degré de confort devant une situation. Ils fournissent également une explication concernant nos réactions.

La capacité de ressentir

Les émotions précèdent les sentiments et sont le fruit de notre évolution au plan humain. Elles sont formées à partir de réactions simples, conçues pour assurer la survie de notre organisme. Si on les réprime, on se prive d'un grand potentiel de vie. L'essence du processus émotionnel est contenue dans une petite mouche dépourvue de cerveau: évitement, fuite ou affrontement. Les émotions nous rendent donc aptes à réagir. Ce sont des automatismes. Les mouches ont donc des émotions, mais n'ont pas la capacité à ressentir leurs émotions ni réfléchir sur la question, contrairement à nous.

Trois catégories d'émotions

On parle de trois types d'émotions: les émotions d'arrière-plan, les émotions primaires, les émotions sociales. Les émotions d'arrière-plan sont subtiles. On pense, par exemple, aux expressions faciales, physionomie, posture, démarche, attitude. Les émotions primaires comprennent la peur, la colère, le dégoût, la surprise, la tristesse et le bonheur. Celles-ci ne varient pas en fonction des cultures ou des espèces, contrairement aux émotions sociales: sympathie, embarras, honte, culpabilité, orgueil, envie, gratitude, admiration, indignation et mépris.

Le pouvoir des sentiments

Il est plus facile d'expliquer les sentiments à l'aide de la visualisation. Imaginez-vous un instant, un beau matin d'été. Vous êtes assis sur le quai d'un lac en train de déguster un café. L'odeur fraîche du lac emplit vos narines. Tout est merveilleusement calme. Vous entendez quelque part un bruissement des feuilles d'arbres, puis une légère brise estivale souffle sur votre visage. Rien ne vient vous contrarier, vous vous sentez très bien. La machinerie de votre organisme fonctionne doucement, sans stress, sans douleur, une vraie perfection. Vous avez de l'énergie pour bouger, mais vous préférez rester tranquille, calme, et vous délecter du moment. Le contenu de votre esprit évoque, en cet instant précis, des thèmes qui réfèrent à l'émotion que vous éprouvez. Six mois plus tard, vous rappelez à votre esprit ce matin délectable au bord du lac. Et c'est un peu comme si vous y étiez à nouveau. Les odeurs, les couleurs, le bruissement des arbres, les sensations, tout est réactualisé à votre esprit, grâce à vos sentiments. Comment ne pas s'émerveiller de posséder en soi une telle boîte à magie?

Seuls les organismes dotés de conscience ont des sentiments

Les sentiments sont donc des pensées ou perceptions contenues dans les cartes corporelles du cerveau. Ces cartes renvoient à des parties du corps et à des états du corps. Pour avoir des sentiments, il faut une conscience. La mouche ne peut avoir de sentiments, car elle est dépourvue de conscience. Ce qui est intéressant, c'est que la machinerie du sentiment contribue elle-même aux processus de la conscience, à la création du soi, sans lequel on ne peut rien connaître. Et c'est d'ailleurs ce qui en fait un élément fondamental en intelligence émotionnelle. En tant que produits de nos émotions, les sentiments sont révélateurs à la fois de notre faiblesse et de notre grandeur, dépendamment de ce qu'on en fait.

Ignorer ses sentiments

Vous avez une altercation avec un collègue de travail. Ce dernier a oublié de vous fournir une information importante pour boucler votre fin de mois. Ce n'est pas la première fois que cela se produit. Plusieurs fois, vous avez compensé son manque de rigueur. En arrivant chez vous le soir, votre voisin vient à votre rencontre pour vous demander de lui prêter un outil de jardin. Vous lui répondez brusquement en disant que vous n'êtes pas certain d'avoir ce qu'il lui faut. Vous ajoutez que vous n'avez pas le temps de voir à ça ce soir, puis vous entrez chez vous. Vous semblez en colère, très peu réceptif, ni serviable. Si vous prenez un instant pour contacter ce que vous vivez intérieurement, vous ferez le lien entre votre frustration et votre collègue de travail. Votre voisin a épongé une partie de votre colère alors que vous n'aviez absolument rien contre lui. Un comportement guidé par son intelligence émotionnelle n'aurait certes pas pris de telles proportions.

Préalables à un comportement conscient

Pour accéder à un comportement émotionnellement intelligent, il faut d'abord que vous soyez apte à reconnaître les sentiments qui vous habitent (colère, tristesse, déception, etc.). En vous arrêtant un seul instant pour nommer l'émotion, avec le plus de précision possible, vous aurez fait un pas de géant en faveur de votre intelligence émotionnelle. Ce moment de recul vous aura aussi permis de vous détacher de la situation pour faire naître en vous un allié : l'observateur impartial, le seul apte à travailler avec vous et non contre vous. Notre nature duelle nous présente donc des défis d'évolution. Et c'est en devenant de plus en plus conscient de notre fonctionnement que nous pouvons transformer notre façon d'agir et de nous donner du pouvoir sur notre réalité.

Développer l'écoute de vos sentiments

Bien que nous ayons l'impression de vivre nos sentiments de l'intérieur, ceux-ci se manifestent par des signes extérieurs. Par exemple, vous discutez avec une personne dont les intentions ne semblent pas sincères. En prenant une lecture de votre corps, vous ressentez votre ventre tendu, votre respiration légèrement obstruée. De l'extérieur, vos deux bras sont croisés et votre mâchoire est crispée. Vos signaux non verbaux ont fort probablement été enregistrés par votre interlocuteur. Au moment où il vous parle, ce dernier sait très bien que vous n'êtes pas à l'aise en sa compagnie. Du moment où vous devenez conscient de vos sentiments et des signes extérieurs qui les accompagnent, vous pouvez agir sur ces messages en modifiant votre position. Ainsi, plutôt que de vous placer à la défensive en contractant inutilement diverses parties de votre corps, vous pourriez questionner directement la personne sur vos perceptions afin de clarifier la situation. Vous vous sentirez alors en bien meilleure position pour décider de la suite de cette rencontre.

Repérer les signaux extérieurs

Vous tapotez votre crayon sur le bureau de façon automatique. Vous serrez fortement le bras de votre chaise alors que vous parlez à quelqu'un. Vous balancez la tête sans raison pendant que vous lisez un PowerPoint. Votre mâchoire est serrée lorsque vous travaillez sur tel projet en particulier. Ces signaux révèlent la présence probable d'anxiété. Cette prise de conscience vous permet alors de relâcher les muscles inutilement sollicités et d'identifier les possibles sources de stress afin d'y remédier. Un autre jour, vous traversez le corridor du bureau et vous remarquez vos traits faciaux détendus, vous souriez. Votre respiration est dégagée, vous vous sentez léger. Il ne se passe rien de particulier, vous êtes simplement détendu, heureux. Vous prenez le temps d'apprécier ce moment en toute conscience, ce qui permet un moment de forte complicité avec vous-même et un ressourcement sans égal.

Ne manquez pas la suite de ce dossier sur l'intelligence émotionnelle avec mon prochain billet sur l'importance de mieux prendre conscience de ses intentions.

Certaines informations permettant de distinguer les émotions des sentiments ont été puisées aux ouvrages L'erreur de Descartes: rôle de l'émotion et du sentiment dans la prise de décision et Spinoza avait raison de Antonio Damasio, professeur de neurosciences et psychologie.

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