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L'écosystème du 1%

Nous circulons insouciants dans l'écosystème de C2MTL, un verre à la main, une poignée de cartes professionnelles dans l'autre. Tout va bien.
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Arrivés à l'Arsenal, aux portes de C2MTL, les milliers de participants dont je fais partie entrent paisiblement dans la gueule d'une sécurité d'aéroport. Habitués à la routine, nous déposons sac et manteaux, sortons ordinateurs et jetons les liquides potentiellement explosifs. Le monde a changé: nous entrons silencieusement dans l'écosystème de la paranoïa.

Comment ne pas faire autrement? La direction de C2MTL a raison de vouloir nous protéger. Ne sommes-nous pas une cible idéale à un acte terroriste, tout comme les jeunes anglais de Manchester ou les Niçois du 14 juillet. Un groupe sélect de gens d'affaires, à majorité blanche, ayant entre leurs mains une partie du PIB de la région, voire de l'Amérique du Nord. Nous faisons partie de ce groupe de terriens ayant la prérogative de créer librement leur vie. Nous sommes les 1%.

La logique de la peur qui enlève lentement mais surement les privilèges de la liberté est arrivée à nos portes. Ici à Montréal. Étrangement, nous faisons comme si rien n'a changé, car tout arrive de l'autre côté de l'Atlantique. Nous circulons insouciants dans l'écosystème de C2MTL, un verre à la main, une poignée de cartes professionnelles dans l'autre. Tout va bien.

Un sujet chéri de la conférence C2MTL depuis deux ans est l'avènement de l'intelligence artificielle et l'essor fulgurant de la réalité virtuelle. Quoique tous s'entendent pour dire que ces avancées technologiques mènent vers la prochaine révolution industrielle, nous pouvons poser la question à savoir à qui elle va réellement profiter. On imagine mal un jeune Libyen prendre ses Oculus avant de sauter dans le pneumatique qui traversera, il l'espère, la Méditerranée. Sommes-nous sur la même planète, «eux» et nous, le 1%?

Étrangement, je n'ai entendu aucun paneliste de la palette très inégale de conférenciers de cette édition de C2MTL parler de la problématique des migrants.

Étrangement, je n'ai entendu aucun paneliste de la palette très inégale de conférenciers de cette édition de C2MTL parler de la problématique des migrants. C'est qu'ici en Amérique, au Québec plus particulièrement, nous nous sentons très protégés et peu concernés par cette réalité. La seule problématique sociale à la mode est les changements climatiques. Néanmoins, en extrapolant beaucoup, quelques perles ressortent du lot de conférencier-guru. Ils parlent de partage de connaissance, d'approche intuitive et de connexion humaine. Quelques exemples:

Le flamboyant homme d'affaires Chris Burch jette du revers de la main les grands principes de l'étude de marché. Avant d'investir dans une entreprise, il fera parler l'entrepreneur de son enfance, cherchant son «âme» , ses motivations profondes de même que l'arrogance nécessaire pour conquérir le marché visé.

La pétillante Laura Henderson, SVP Marketing de Buzzfeed: «la solution ne repose pas dans la technologie utilisée, mais plutôt dans le chemin intuitif vers une solution qui sera révélée au fur et à mesure par les utilisateurs.»

Le génie montréalais de l'IA, Yoshua Bengio, croit en l'économie collaborative et laisse ses codes en «open source».

Et si on voyait l’IA de nos films de science-fiction comme une métaphore qui représente «l’autre» : celui qui nous est étranger, celui à qui nous interdisons une vie comme la nôtre. Nous entrons désormais dans ce film de science-fiction où cet étranger, que nous avons créé par nos politiques guerrières et nos choix économiques, menace réellement la survie de notre mode de vie. Pourtant, il y a de l'espoir: C3PO. Sensible, drôle, il manque régulièrement de courage tout en ayant des idéaux humanistes. Ça nous ressemble! Sa relation avec Luke Skywalker, le gentil, est une allégorie de l'humanisation des différences.Il y a désormais un lien entre cet «autre» et ce «nous» pour engendrer des collaborations improbables.

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Mai 2017

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