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La désinformation, c'est une arme

Il nous apparaît nécessaire de réagir aux propos erronés, non fondés et aux clichés véhiculés sur les pitbulls.
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Lise Ravary publiait le texte Un pitbull, c'est une arme, la semaine dernière, dans Le Journal de Montréal. En tant que marcheuse de chiens bénévole à la SPCA de Montréal, il nous apparaît nécessaire de réagir aux propos erronés, non fondés et aux clichés partagés par Madame Ravary par le bais de ce court texte.

C'est sans peser ses mots que l'auteure y qualifie les chiens de type pitbull de «terroristes à quatre pattes», une étiquette qui bafoue tous les efforts de sensibilisation pour défaire la croyance populaire voulant que ces chiens soient dangereux. À travers les courtes lignes de son texte, Lise Ravary fait preuve d'une grande ignorance du comportement canin en général, en plus de raviver cette peur irrationnelle associée aux pitbulls.

Il faut comprendre qu'un chien élevé dès son plus jeune âge dans de mauvaises conditions, issu d'une usine à chiots par exemple, peut développer des troubles de comportement. Son éducation lorsqu'il est adulte est tout aussi importante. Un chien de n'importe quelle race qui est négligé, mal éduqué, battu, ou qui manque de stimulation mentale pourrait éventuellement démontrer des signes d'agressivité. À l'opposé, un chien qui évolue dans un environnement favorable à sa sociabilité développera de bonnes aptitudes pour les interactions avec les autres animaux et les humains.

D'ailleurs, le terme pit bull désigne un ensemble de chiens aux caractéristiques physiques similaires, et non une race spécifique.

Depuis 2005, l'Ontario s'est munie d'un règlement interdisant d'accueillir chez soi un chien de type pitbull terrier, Staffordshire, American Staffordshire, ou tout autre chien croisé ayant une physionomie qui s'y apparente.

Au fil des années, différentes associations pour les droits des animaux et plusieurs vétérinaires se sont penchés sur le sujet de la législation visant des races particulières et le constat est frappant: très faible diminution d'incidents rapportés, mais de nombreuses mises à mort inutiles effectuées (plus de 1 000 chiens tués en raison de ce règlement en 2012 en Ontario).

Nous pouvons penser qu'une telle loi aurait un effet semblable au Québec. Il est important de rappeler que si ces chiens sont en vie, c'est parce que l'humain les crée, en fait la reproduction (souvent dans de mauvaises conditions) et si certains développent de mauvais comportements, c'est en grande partie le résultat d'un manque d'éducation de la personne qui tient la laisse. Les animaux ne sont pas des choses, ils sont dotés d'intelligence, de sensibilité et ont des besoins particuliers auxquels leurs gardiens doivent subvenir. Les chiens n'y font pas exception.

Ce n'est pas en diabolisant les pitbulls que les accidents cesseront. La réponse se trouve plutôt du côté de l'éducation canine, domaine où il y a un énorme travail à faire au Québec.

Par exemple, les chiens sont encore trop souvent catégorisés comme bons ou mauvais, alors que la réalité est beaucoup plus complexe.

Les chiens ne sont pas intrinsèquement agressifs, leur comportement est largement contextuel et orienté par l'attitude des gens avec qui ils entrent en contact. C'est pourquoi il est important de savoir comment interagir avec un chien de manière appropriée.

La ville de Calgary a implanté il y a quelques années un programme dans les écoles primaires afin d'enseigner aux élèves la bonne façon de se comporter avec des chiens. Une étude scientifique[1] démontre que cette stratégie est nettement plus efficace pour réduire l'incidence des morsures canines.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, les golden retrievers ne sont pas toujours calmes et tolérants avec les enfants, les chihuahuas n'existent pas spécialement pour les jeunes femmes aimant le magasinage. Chaque chien est un individu, avec une personnalité qui lui est propre.

C'est en remettant en cause ces mythes qui ont la vie dure et en sensibilisant la population que l'on verra une diminution des accidents, pas en interdisant arbitrairement un type de chien.

Co-écrit avec Julia Roberge V., doctorante à l'Université de Montréal et bénévole à la SPCA de Montréal.

[1] Beaver B, Baker D, Gloster R, et al., American Veterinary Medical Association

Task Force on Canine Aggression and Human-Canine Interactions, A community approach to dog bite prevention. J Am Vet Med Assoc 2001;218(11):1732-1749.

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