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Le patient expert

Un patient qui comprend sa maladie, qui s'informe et qui se prépare à ses rendez-vous, optimise son utilisation du système de santé. En effet, en acceptant d'assumer la responsabilité de sa condition, plutôt que de s'en remettre au système, il permet une économie d'argent et une meilleure utilisation des ressources et du temps.
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Nous sommes tous des patients. Tous, un jour, nous nous sommes assis dans un bureau de médecin, avons patienté dans une clinique de prélèvements ou dans la salle d'attente d'un hôpital. Nous avons tous pu constater, impuissant et souffrant, que le système de santé est lui-même malade et avons souhaité qu'il en soit autrement.

Nos gouvernements ont bien tenté de mettre sur pied un système où tous les citoyens peuvent avoir accès à des soins gratuits (ou presque). Initiative très louable. Depuis ce temps, la réalité a changé, les gens ont vieilli, la technologie a grandement évolué et les possibilités de traitements aussi. Pensez-y. Il y a 20 ans, les chimiothérapies servaient à traiter pratiquement tous les cancers et ne coutaient qu'une infime portion du prix des traitements offerts aujourd'hui. Bien entendu, l'efficacité du traitement n'était pas le même non plus.

Depuis plusieurs années maintenant, tout en santé s'est spécialisé, même les ressources humaines. Alors, avons-nous toujours les moyens de nous offrir le même système? Je ne crois pas. Il faut éliminer la nécessité d'obtenir toujours plus d'argent et réfléchir à des solutions pour mieux gérer les budgets. Éventuellement, il faudra également prendre des décisions éthiques difficiles. Jusqu'où devons-nous aller pour sauver, étirer, soigner? Pour continuer avec l'exemple d'un cancer, jusqu'à quel montant nos gouvernements doivent-ils rembourser un traitement qui permet à un patient de vivre plus longtemps? Et longtemps, ça représente quoi? Je ne prétends pas que ce sont des décisions faciles à prendre, ni que je pense répondre à ces questions ici, mais je souhaite vous faire part d'une piste de réflexion.

Un patient qui comprend sa maladie, qui s'informe et qui se prépare à ses rendez-vous, optimise son utilisation du système de santé. En effet, en acceptant d'assumer la responsabilité de sa condition, plutôt que de s'en remettre au système, il permet une économie d'argent et une meilleure utilisation des ressources et du temps. En prenant la peine de mieux comprendre sa condition, les risques associés aux diverses options de traitement qui s'offrent à lui et en établissant une liste de questions avant ses rendez-vous, le patient augmente la portée de ses rendez-vous médicaux, des interventions chirurgicales qu'il subit et des suivis médicaux subséquents. Tous les intervenants du système y gagnent. Il faut absolument que le patient cesse d'être considéré comme un poids pour le système de santé.

De toute évidence, ce changement ne peut s'opérer du jour au lendemain. Nous ne pourrons pas forcer tous les intervenants à collaborer soudainement. Cependant, quelques initiatives qui appuient déjà cette stratégie existent au Québec; je pense au «patient partenaire» de l'Université de Montréal, je pense également à la possibilité de faire appel à des courtiers médicaux pour trouver un spécialiste plus rapidement, ou encore aux cliniques privées. Ne criez pas tout de suite haut et fort aux dangers de la privatisation. Devant l'état actuel des choses, soit le manque d'argent et de ressources humaines de toute sorte, il nous faut absolument considérer des pistes alternatives à celles considérées depuis des décennies par notre société.

Le patient est au coeur de la solution, j'en suis convaincue. Il faut de toute urgence l'aider à comprendre ce qui se passe à l'intérieur de son corps, pour l'amener à mieux gérer les impacts de la maladie ou du handicap. Nous avons plusieurs pistes de solutions à examiner : une formation en biologie dès le primaire, qui sera ensuite approfondie au secondaire; la mise en place d'une formation pour les patients, suite au diagnostic associé à un système central collaboratif pour tous les intervenants auprès des patients; l'encadrement des groupes de patients pour qu'ils deviennent une source de formation et d'accompagnement pour les patients isolés. Bref, il y a d'innombrables sources d'idées à examiner avant de demander encore plus d'argent au gouvernement.

Il faut regarder la réalité en face: nos ressources en santé sont épuisées et rares; l'argent manque à tous les niveaux, pas seulement en santé. Il faut agir rapidement. Commencez par vous intéresser à votre corps, à tenter de comprendre ce qui se passe à l'intérieur. Aidez votre entourage à comprendre la fonction des médicaments qu'ils consomment, à évaluer les risques des divers traitements et interventions qu'ils subissent. Aidez les gens que vous aimez à se préparer pour leurs rendez-vous médicaux et accompagnez-les; votre présence sera utile pour poser des questions et obtenir la collaboration des corps médicaux.

Bref, les solutions existent et demandent l'effort de tous, elles requièrent un partage des responsabilités et de l'entraide. Il faut cesser de s'en remettre à un système désuet et essoufflé. Il faut que chacun prenne sa santé en main, fasse des choix éclairés et participe au débat de société quant à l'acharnement.

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