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«Une heure de tranquillité»: réputation surfaite

Il n'y a rien de génial là-dedans, les ficelles sont grosses, on voit tout venir et si ce n'était des deux comédiens principaux je pense que cette pièce ne mériterait qu'une note en bas de page dans la biographie de l'auteur.
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Dans un salon bourgeois d'Outremont ou quelque chose d'approchant, un homme d'âge mûr, Michel (Roger Larue, avec une perruque!) exulte devant sa trouvaille: un disque vinyle très rare, Me, Myself and I, (allo la subtilité) qu'il vient de dénicher chez un brocanteur dans le Vieux-Montréal.

C'est le point de départ de cette production du Temps des Fêtes du Théâtre Jean-Duceppe, Une heure de tranquilité, le titre faisant référence au moment de paix que cherche Michel afin de pouvoir écouter son disque chéri alors que, évidemment, tout va se liguer contre lui pour l'en empêcher.

Florian Zeller est, selon diverses sources, l'un des plus talentueux auteurs contemporains de sa génération. Un dramaturge très doué, exceptionnel, qui a remporté des tas de prix etc. Bref, la meilleure chose depuis le fil à couper le beurre. Ce qui me semble un peu exagéré après avoir vu Une heure de tranquillité qui est tout simplement du boulevard transposé au 21ème siècle.

Il n'y a rien de génial là-dedans, les ficelles sont grosses, on voit tout venir et si ce n'était des deux comédiens principaux je pense que cette pièce ne mériterait qu'une note en bas de page dans la biographie de l'auteur. Dont je n'ai rien lu d'autre, roman ou théâtre, et dont les photos laissent penser qu'il est plutôt joli garçon. Mais je digresse.

Donc pendant l'heure et demie que dure la représentation, Michel devra composer avec sa femme (Josée Deschênes) qui doit absolument lui faire de troublantes révélations, avec son fils (Laurent Duceppe), loser et accessoirement musicien heavy metal, avec un plombier (Antoine Vézina) italien ou portugais, c'est selon, qui ne connait rien à la plomberie, avec son voisin du dessous (Bobby Beshro), qui n'apprécie pas tellement de voir sa chambre à coucher inondée, avec sa maîtresse (Mireille Deyglun) qui veut révéler leur liaison et avec son meilleur ami (Stéphane Jacques) qui lui aussi lui cache des choses. Tout ce monde entre et sort, les conventions du théâtre de Boulevard sont toutes respectées, les clichés habituels sont tous présents mais l'ensemble est plutôt rythmé et les réparties sont vives et parfois très drôles. Ce qui fait qu'on passe plutôt un bon moment sans trop se casser la tête.

L'adaptation de Monique Duceppe est très bien faite. La transposition à Montréal s'est effectuée comme un charme, on jurerait que les dialogues ont été écrits ici, les niveaux de langue sont maîtrisés et le contexte ne détonne pas. Ce n'est certainement pas un chef-d'œuvre mais je dois dire qu'il se dégage de l'ensemble une certaine fraîcheur qui est plutôt plaisante.

Et Roger Larue et Josée Deschênes sont excellents dans leurs rôles respectifs. Ils tiennent la pièce à bout de bras et rachètent, dieu merci, le jeu très inégal du reste de la cohorte. Il n'y a que Stéphane Jacques qui tire son épingle du jeu dans les rôles secondaires. Laurent Duceppe, atone, débite son texte sans aucune émotion; Antoine Vézina est plus qu'invraisemblable en plombier et, la plupart du temps, on ne comprend pas un traître mot de ce qu'il dit avec un accent sorti on ne sait d'où; Bobby Beshro en fait des tonnes sans aucune conviction et on ne croit pas deux minutes au personnage de Mireille Deyglun. Là aussi aucune émotion, aucun senti, comme s'il s'agissait d'une pièce d'amateurs présentée dans un sous-sol d'église pour un public sans discernement.

Je suis sévère? Et bien, je crois qu'on devrait s'attendre à un autre calibre de jeu sur une scène professionnelle. La direction de comédiens a cruellement manqué, je pense, dans ce cas-ci. Mais, je le répète, le dynamisme des scènes impliquant les deux principaux protagonistes compense pour le reste et Roger Larue, un comédien qui est toujours bon et qui joue la plupart du temps des seconds rôles, nous montre ici l'ampleur de son talent avec ce Michel complètement détestable mais qui, parfois, est capable de se révéler un petit peu attachant.

Et puisque c'est le dernier texte de 2015, j'en profite pour souhaiter à tous un magnifique Temps des Fêtes, rempli d'amitié, d'amour et d'humour. On se retrouve en janvier 2016....

Une heure de tranquillité, au Théâtre Jean-Duceppe jusqu'au 6 février 2016.

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