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Toccate et fugue: méchant party!

J'ai vu il y a plusieurs années le très intéressantd'Étienne Lepage et j'attendais beaucoup de, la dernière pièce de la saison présentée sur la scène du Théâtre d'Aujourd'hui et qui rassemble une brochette de comédiens doués.
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J'ai vu il y a plusieurs années le très intéressant L'enclos de l'éléphant d'Étienne Lepage et j'attendais beaucoup de Toccate et fugue, la dernière pièce de la saison présentée sur la scène du Théâtre d'Aujourd'hui et qui rassemble une brochette de comédiens doués.

Caro (Karine Gonthier-Hyndman), étudiante qui écrit une thèse sur un obscur sujet concernant l'Amérique du Sud, a oublié que c'était son anniversaire et sa surprise est totale lorsque Daniel (Maxime Denommée), DJ de son état, débarque chez elle avec tout son matériel afin de célébrer cet anniversaire. Guillaume (Mikaël Gouin), l'ex de Caro qui n'a visiblement toujours pas décroché est là aussi, bientôt rejoint par Élise (Sophie Cadieux) qui se cherche désespérément et maladroitement un chum. Félix (Francis Ducharme), en short cargo et hideuse chemise, arrive plus tard et tout ce beau monde va faire la démonstration de leur égocentrisme, de leur égoïsme, du vide de leur existence lors d'échanges d'un intérêt très, très relatif. Ils vont discuter (façon de parler) entre autres de cet oisillon tombé du nid et blessé qui s'est retrouvé dans l'appartement de Caro et dont ils ne savent quoi faire.

Pour un bon moment, il ne se passe pas grand-chose. Daniel peine à faire fonctionner son équipement de DJ, on danse un petit peu en poussant quelques cris, Caro peine à cacher sa dépression, Élise est fatigante avec son insécurité, Guillaume exaspère tout le monde avec les bouchées de poisson qu'il a préparées, bref ce party ne décolle pas. Mais soudain, parce qu'il faut bien une montée dramatique n'est-ce pas, des types cognent à la porte de Caro et exigent une grosse somme d'argent en échange d'une fille qu'ils vont larguer au milieu de ce non-événement.

La fille (Larissa Corriveau), juchée sur des souliers plate-forme vertigineux, évoque une extra-terrestre directement sortie d'un épisode de Star Trek. Sculpture vivante, elle ne parle pas, elle est juste là, on ne sait pas pourquoi ou comment, on ignore qui a appelé ces types qui l'ont amenée et dans quel but. Je pense bien qu'elle représente le catalyseur de la bassesse de la nature humaine et tout ça va mal se terminer. Mais c'est amené sans conviction avec une fin extravagante et plaquée qui ne convainc absolument pas.

Il y a quelques invraisemblances qui m'ont dérangée dans cette histoire; Caro, étudiante au doctorat qui habite un immense appartement (et comment peut-elle se payer ça?) ou encore des amis qui arrivent pour célébrer un anniversaire et qui n'apportent rien à boire... ou, dans le même ordre d'idée, Caro qui va finalement acheter de la bière et qui revient avec un six-pack pour six personnes... on n'a plus les partys qu'on avait, laissez-moi vous dire. Et ces supposés amis dont les propos sont d'une banalité déconcertante, vides de tout trucage et dont il est difficile d'approfondir la psychologie inexistante.

Desservis par des dialogues pauvres et répétitifs, les comédiens peinent à nous persuader de quoi que ce soit; ils sont tous, à divers degrés, caricaturaux et ne suscitent aucun courant de sympathie chez le spectateur.

Desservis par des dialogues pauvres et répétitifs, les comédiens peinent à nous persuader de quoi que ce soit; ils sont tous, à divers degrés, caricaturaux et ne suscitent aucun courant de sympathie chez le spectateur. Et, ce qui n'arrange rien, la mise en scène de Florent Siaud les fait évoluer dans l'immense espace de cet appartement qu'ils peinent à occuper et où ils semblent perdus. Je veux bien qu'Étienne Lepage ait voulu, comme il l'écrit dans le programme, nous transmettre une impression, l'intuition qu'on est aveugle, qu'on ne voit pas ce qui se passe globalement, qu'on est maladroit, et qu'on ne contrôle pas l'évolution de nos destinées. Certes. Mais encore? J'ai lu ce passage après avoir vu la pièce. Ah! Bon, ai-je pensé. Vraiment?

Tous ces sparages et toute cette agitation m'ont semblé bien inutiles. Peut-être qu'on voulait parler ici de la marge d'ombre qui cerne chaque instant de la vie humaine. Soit. Mais l'écriture de Toccate et fugue évacue tout sentiment et toute profondeur, toute velléité d'aller plus loin dans l'exploration de cette génération des milléniaux. J'en connais un bon nombre et, croyez-moi, ils sont plus intéressants que ça.

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Mai 2017

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