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Oh Lord: un spectacle désopilant

On s'amuse vraiment beaucoup pendantproposé par le Projet Bocal à La Licorne. Spectacle métissé de musique country, les comédiens y chantent, se déguisent et évoquent plein de vieilles affaires avec un petit brin de nostalgie mais surtout beaucoup de dérision. Du néo-trad sans concession, disons.
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On s'amuse vraiment beaucoup pendant Oh Lord proposé par le Projet Bocal à La Licorne. Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande qui en sont les concepteurs ainsi que Yves Morin comme musicien et complice ont tous beaucoup de talent et d'humour et trouvent le moyen de jeter cette fois-ci un regard neuf sur notre passé. Spectacle métissé de musique country, dont l'inoubliable Jolene immortalisée par Dolly Parton, les comédiens y chantent (plutôt bien), se déguisent (avec d'affreuses perruques et des casques de poil, d'ailleurs c'est, autant que j'ai pu voir, de la vraie fourrure, de quoi faire frémir PETA, mais moi j'adore les peaux de renard et les étoles de vison) et évoquent plein de vieilles affaires avec un petit brin de nostalgie, mais surtout beaucoup de dérision. Du néo-trad sans concession, disons.

Les parodies de chansons country sont particulièrement savoureuses. On connait tous de ces textes qui décrivent, non sans un certain flair et une certaine poésie, un quotidien étouffant ou ennuyeux comme la pluie. Le Projet Bocal prend tout cela au pied de la lettre et nous offre entre autres une chanson extrêmement plate qui raconte que la blonde du gars a le rhume et qu'il refuse qu'elle l'approche parce qu'il a son tournoi de badminton en fin de semaine. Vous voyez le genre. On nous présente aussi Lonesome Cowboy (dont toutes les filles sont folles, apparemment) dont la spécialité est le Country/Slam et on a également droit à un moment désopilant où, fin 19e siècle ou dans ce coin-là, dans le Québec profond, le jeune Théophile vient veiller avec les deux sœurs, Adélaïde et Mathurine. Vous devinerez sans peine que Théophile a l'une des deux sœurs dans sa mire et qu'il la voit déjà mère de ses 14 enfants. Mais ce sont des gens de peu de mots. De sous-entendus mal compris en malaises non assumés on finit par convenir de se revoir à une danse, mais que d'efforts déployés de la part d'un jeune homme qui n'a aucune idée de comment faire la cour.

Projet Bocal, fan fini des Filles de Caleb, nous en fait un résumé plein de charme et d'éditorial. De même une Italienne pour une pièce de théâtre sur les Patriotes de 1837 tourne à la farce parce que les filles ne parlent que de mode et de souliers. Mais cette scène sera jouée un peu plus tard et finira avec la victoire inattendue des Patriotes et un remaniement de l'Histoire du Québec qui ne manque pas de nous étonner. Il y a plusieurs trouvailles dans ce spectacle et, vraiment, j'ai beaucoup ri. Mais je dois dire que, parfois, j'ai eu l'impression d'assister à des sketchs écrits par des élèves surdoués du secondaire. Par exemple cette mythologie inventée mettant en scène la reine Kenora qui a tout créé et qui est mise en garde par le vieux sage Antoine contre la femme-roche (impayable Sonia Cordeau) qui veut recouvrir la terre entière de roches, justement. C'est drôle, caricatural, inspiré des grands mythes et ça s'arrête là sans aller plus loin.

C'est le doux reproche que je ferais à ces charmants et talentueux chenapans : ça manque un peu de substance, leur truc. Il y a un éclair de réflexion à la toute fin où ces membres de la génération Y questionnent les spectateurs sur leurs habitudes de consommation, sur leur page Facebook, sur leur voiture et l'usage qu'ils en font. Mais, somme toute, on ne sait pas trop ce qu'ils veulent nous dire avec tout cet agréable et fort amusant délire et cette attitude d'enfants qui viennent de découvrir des gros mots. Remarquez, peut-être que c'est moi, aussi. Pour une fois que je ne me cassais pas la tête pendant un spectacle et que je rigolais, il faut que je leur en fasse le reproche? Il faut peut-être que j'apprenne à me détendre et cesser de me prendre pour Le penseur de Rodin.

Oh Lord: une production du Projet Bocal, présentée au théâtre La Licorne jusqu'au 28 novembre avec des supplémentaires les 2 et 3 décembre 2014.

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