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«Le Spectacle»: le futur est dans le Styrofoam

L'humour du Projet Bocal et de ses productions est très «Génération Y/Millenial». La personne qui m'accompagnait le soir de la première fait partie de cette cohorte et a beaucoup aimé. Ben, moi aussi.
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L'humour du Projet Bocal et de ses productions est très Génération Y/Millenial. La personne qui m'accompagnait le soir de la première fait partie de cette cohorte et a beaucoup aimé. Ben, moi aussi.

Sur la scène de la Licorne, Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande, habillés tout chic, avec paillettes et velours (mais aussi pantalons de jogging et running shoes) se payent la traite avec Le spectacle où ils ont voulu cette année traiter de la technologie. Le fil conducteur est ténu, ils y reviennent ponctuellement, mais ça n'a pas d'importance vraiment. On sent chez eux la volonté d'explorer, de débusquer les clichés, de voir jusqu'où ils peuvent se rendre en refusant de raconter une histoire, mais en soulignant tout de même un certain nombre de travers qui nous affectent tous. On rit et on s'amuse, on rit de soi-même et on s'amuse à nos propres dépens.

Dans un décor tout blanc, dépouillé, avec comme seul accessoire un cube, blanc aussi, les trois comédiens, figés dans des poses composant un tableau très esthétique, vont tout d'abord discourir sur ce qui se passe dans la tête du spectateur moyen assis devant une scène de théâtre. Il y a ceux qui n'écoutent pas, ceux qui pensent à autre chose, ceux qui se disent : à date je n'aime pas tellement ça. Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande adoptent le parti de la dérision, de l'autoréférentiel et de l'ironie mordante, nous entraînant dans leur univers post-moderne où le Styrofoam occupe une place primordiale. Le choix de ce matériau pour la composition du décor et pour le discours dont il est l'objet m'a semblé révélateur : il offre une excellente isolation thermique, il est léger et économique, mais il possède également les défauts de ses qualités. Le styrofoam n'est pas vraiment recyclable et est quasi indestructible. Est-ce que le Projet Bocal aspire à concurrencer le styrofoam, mais dans le domaine de la culture? À voir.

Le Spectacle est rempli de moments délicieux. Garou (le chanteur) remonte le temps et s'entretient avec Marie-Antoinette à Versailles. La Reine de France et sa suivante, Joséphine, s'entretiennent dans le plus pur français du 18e siècle. On parlera d'une certaine Maryse qui respecte tout, ou pas, et les commentaires dont elle est l'objet, gentils ou cruels, rappellent indéniablement ce que l'on peut retrouver sur les réseaux sociaux. Un étrange astronaute (Yves Morin) surgit sur la scène de temps en temps. Une demi-heure après le début du spectacle, on se rend compte qu'on a oublié un prologue qui devait éclairer tout ce que l'on voit et qui devait être dit (ou déclamé) par un Pierre Lebeau introuvable qui, en plus, n'a pas le téléphone. On effleure le concept du droit à la vie privée. On parodie Fort Boyard avec beaucoup de bonheur. On parle des micropuces et des chips. On cherche de la substance là où il n'y en a pas. On saute du coq à l'âne, on batifole avec les idées, on se moque des métaphores et le tout demeure cohérent. Je ne sais pas comment ils font.

Vers la fin, nos trois lascars présentent un projet de théâtre aux Dragons. C'est hilarant. Et il y a plein d'autres choses, mais je ne veux pas donner les punchs et les trouvailles de ce spectacle qui va dans toutes les directions, mais qui est tout sauf décousu. J'ajouterai que le côté technique et éclairage est au poil avec la musique de Stefie Shock et la conception vidéo de Jean-François Boisvenue.

Alors? Alors c'est totalement charmant. Je me suis beaucoup amusée. Ce Spectacle a renforcé l'idée que je m'étais faite l'an dernier après avoir vu Oh Lord du même Projet Bocal. Certaines répliques et scènes restent avec moi dans ma tête et je crois que ce trio bourré de talent et d'imagination tient là un filon très prometteur.

Le Spectacle : une production du Projet Bocal, à la Licorne jusqu'au 23 décembre 2016.

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