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Last night I dreamt that somebody loved me: tout ce que l'on sait déjà

Bien que j'ai pris du plaisir à entendre Eric Bernier me dire tout cela, je n'ai pu m'empêcher de trouver cette contemplation de soi-même et cet étalage de redites par moment bien stériles.
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Le Pigeon

La pièce d'Angela Konrad présentée à l'Usine C, Last night I dreamt that somebody loved me débute avec une chanson de Shirley Bassey qui nous donne le goût de nous précipiter pour acheter tous ses disques. Je crois qu'avec Peggy Lee, c'est une des plus belles voix parmi les chanteuses américaines, une voix qui véhicule l'émotion, l'absence, le désir et l'attente qui n'est jamais comblée. Ce qui est tout à fait de circonstance, puisqu'Eric Bernier va nous parler pendant une heure trente de son désordre amoureux.

Le propos est philosophique, contestant la notion de bonheur, soulignant que l'on peut être satisfait de son existence sans pour autant être heureux et que le bonheur n'est pas l'absence de malheur, abordant de biais la notion de romantisme dont nous nourrissent la littérature, la musique, le cinéma et oui, le théâtre. Et que ce désir d'absolu stimulé par tous ces éléments extérieurs à nous et mis en place par des gens qui, espérons-le, ont vécu les mêmes affres demeure la plupart du temps inassouvi. Nous sommes des êtres imparfaits à la recherche de la perfection, tout cela est donc voué à l'échec.

Le texte est par moments lyrique avec des envolées existentielles sur la solitude, sur les illusions que peut procurer l'amitié, sur les nombreuses déceptions qui parsèment une vie.

La scène de l'Usine C est nue, un rectangle illuminé délimite un espace où Eric Bernier, qui nous parle de tout cela, va évoluer la plupart du temps. Quatre danseurs, trois jeunes hommes et une jeune fille viennent sporadiquement, métaphorisant dans le mouvement les propos entendus. Le tout est esthétiquement léché, un plaisir pour les yeux et pour les oreilles avec les chansons de Shirley Bassey et de The Smiths. Le comédien va tout d'abord se moquer de lui-même et de cette quête futile pour, peu à peu, sombrer dans une certaine complaisance narcissique remplie de pleurs et de grincements de dents, se plaignant longuement de ne pas avoir trouvé son complément, sa moitié, l'être sans qui tout est dépeuplé. Le texte est par moments lyrique avec des envolées existentielles sur la solitude, sur les illusions que peut procurer l'amitié, sur les nombreuses déceptions qui parsèment une vie.

Et bien que j'ai pris du plaisir à entendre Eric Bernier me dire tout cela, je n'ai pu m'empêcher de trouver cette contemplation de soi-même et cet étalage de redites par moment bien stériles. On effleure le phénomène des médias sociaux ainsi que les diktats liés au fait que nous évoluons dans une société où le paraître est plus important que l'être. Mais rien n'est poussé très loin et souvent j'ai eu l'impression qu'on me déballait une série de lieux communs qui ne sont que trop familiers.

Je crois que c'est ce qui manque à ce qui a précédé: de l'autodérision, une posture qui ne se prend pas trop au sérieux en nous rappelant des choses que nous savons déjà et que nous avons lues et entendues mille fois.

La fin du spectacle est absolument drôle et charmante, mais également pleine d'ironie. Je crois que c'est ce qui manque à ce qui a précédé: de l'autodérision, une posture qui ne se prend pas trop au sérieux en nous rappelant des choses que nous savons déjà et que nous avons lues et entendues mille fois. C'est à voir pour la performance d'Eric Bernier, mais il manque à ce spectacle une certaine légèreté qui nous aurait procuré une distance face à ce désenchantement amoureux palpable qui a vraiment trop été rabâché.

Last night I dreamt that somebody loved me: à l'Usine C jusqu'au 21 octobre 2017.

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