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«Foirée montréalaise»: pas tout à fait au point

C'est Alain Lamontagne qui ouvre le spectaclequi prend la relève desqui ont enchanté tant de nos périodes pré-Noël au cours des années.
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Ça faisait du bien de revoir Alain Lamontagne et son harmonica. Il y a une éternité que je n'avais pas été en mesure d'apprécier ses talents de musicien et de conteur. Il est à nul autre pareil, ce précurseur de tous nos Fred Pellerin, qui raconte ce nous multiforme et parfois flou que nous semblons avoir tant de difficulté à cerner.

C'est lui qui ouvre le spectacle Foirée montréalaise, présenté à a Licorne, qui prend la relève des Contes urbains qui ont enchanté tant de nos périodes pré-Noël au cours des années. Est-ce que c'est réussi? Parfois. Est-ce que c'est au point? Pas encore tout à fait.

La formule est très semblable, la principale différence résidant dans la présence d'un animateur, Pascal Contamine, qui nous met en contexte et introduit chaque numéro et le concept qui a changé. Chaque année, les contes seront rattachés, par un fil plus ou moins ténu, à un arrondissement de la Ville de Montréal. Pour cette première mouture: Ville Saint-Laurent, où j'ai passé une partie de ma jeunesse, à une époque où la population était homogène et canadienne-française. Tout ça a bien changé.

Donc, des contes, des histoires, introduits par les musiciens du 3 Rois Mage's Ochestra qui sont excellents. Les contes? Not so much. Franck Sylvestre relate son immigration de la banlieue de Paris à Ville Saint-Laurent en slammant dans un texte dont la structure n'est pas tout à fait maîtrisée.

Dova Lewis qui avait, étudiante, une chambre qui donnait sur le département de musique du cegep, est bien meilleure chanteuse et musicienne que conteuse. Son texte, l'histoire de sa grand-mère adorée, comporte quelques jolis éclairs et des moments touchants mais est raconté de façon maladroite dans une livraison qui manque de rythme et avec une diction qui présente des lacunes.

On passe ensuite à une entrevue vidéo avec Gilles Pelletier qui nous parle des Compagnons de Saint-Laurent, cette troupe de théâtre qui a contribué à l'essor du théâtre québécois dans les années 40 et 50 au siècle dernier. C'est très éclairant et j'ai particulièrement aimé ce rappel de notre histoire dramaturgique, trop souvent oublié.

C'est suivi par la performance de Mounia Zahzam qui dit un texte de Nathalie Doummar, texte qui se veut probablement une exploration de la réalité que vivent les enfants d'immigrants qui se retrouvent dans une école et une société dont ils ne connaissent rien mais qui, hélas, s'attarde encore là trop à l'anecdote et finit en queue de poisson.

Joachim Tanguay clôt le spectacle avec l'histoire de Pike River, un texte de Simon Boudreault, qui est le moment fort de la soirée tant dans la livraison du comédien que par la qualité de l'écriture. L'histoire devenue mythique de cet étudiant en théâtre originaire d'un bled perdu et qui est confronté au multiculturalisme est tout simplement adorable. Simon Boudreault pourrait faire toute une pièce de théâtre avec ça.

Le problème avec ce concept, c'est que la plupart des histoires pourraient se passer n'importe où. Pike River aurait pu se retrouver dans n'importe quel cegep qui donne une concentration théâtre; le département de musique de l'établissement n'occupe qu'un espace mineur; des enfants d'immigrants qui arrivent à l'école, il y en a dans quasi tous les quartiers de Montréal. Le seul élément vraiment original et propre au lieu est l'entrevue vidéo avec Gilles Pelletier où il nous parle des Compagnons de Saint-Laurent et du Père Émile Legault.

C'était bien sûr agréable pour moi d'entendre parler du Parc Baudet, de Côte-Vertu, de voir des photos de la belle église du vieux Saint-Laurent et du Collège Basile-Moreau qui abrite maintenant le cegep. J'ai aimé me rappeler cette partie de mon enfance et de mon adolescence alors que tout était possible et que le monde ne demandait qu'à être découvert. Mais je n'ai pas eu l'impression que quelqu'un qui ne connait pas Ville Saint-Laurent a pu capter son essence, ses particularités, ses humeurs.

Il manquait à la plupart des textes une couleur, une appartenance au lieu, un éventail d'images, de sensations et d'émotions qui n'auraient appartenu qu'à cet endroit. Et qui feraient qu'on n'aurait pas pu vivre ailleurs ce qu'on y a vécu.

Foirée montréalaise, une production du Théâtre Urbi et Orbi et de La Manufacture, jusqu'au 19 décembre 2015.

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