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«Being Philippe Gold»: Oh boy!

Je suis sortie pas mal découragée de la représentation de, une pièce de Philippe Boutin présentée au Théâtre Denise-Pelletier, remettant en question ma foi dans l'humanité, une foi déjà vacillante à cette époque trouble, il faut le dire.
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Je suis sortie pas mal découragée de la représentation de Being Philippe Gold , une pièce de Philippe Boutin présentée au Théâtre Denise-Pelletier, remettant en question ma foi dans l'humanité, une foi déjà vacillante à cette époque trouble, il faut le dire. Cette production du Théâtre Couronne Nord m'est apparue plus proche d'un délire d'élèves du secondaire à peine pubères que de ce que j'ai l'habitude de voir dans ce théâtre reconnu pour ses spectacles d'une grande qualité.

Le décor est composé d'un très grand carré de sable où est installé un monolithe blanc. Un gorille (pas un vrai, évidemment) est assis par terre et, pendant plus de vingt minutes, il va se livrer à diverses élucubrations : changer les chaînes d'un poste de télévision imaginaire, caresser un chat, allumer et éteindre un plafonnier, jouer du piano, démarrer une voiture, etc. J'ai pensé, à cause du monolithe, qu'il s'agissait d'une allusion à 2001, l'odyssée de l'espace, du rapport existant entre le primate et l'homme, de l'évolution quoi. Tout au long, on sollicite beaucoup les sens du spectateur avec des sons assourdissants et des images évoquant le Pop Art projetées sur le monolithe qui sert aussi d'écran. C'est un peu étourdissant pour tout dire et je continuais à chercher un sens à tout cela lorsque le gorille est disparu pour laisser la place à un avatar de Marcel Marceau, un mime habillé en marin breton, qui va...mimer et s'amuser avec un micro. Il y a aussi des interactions entre le mime breton et le gorille, deux aspects de la nature humaine, peut-être? (Vous aurez compris que je cherche toujours...)

Puis, au sommet du monolithe apparaît une marionnette représentant un philosophe de la Grèce antique qui va nous asséner quelques phrases qui se veulent, j'imagine, percutantes comme : «Je jouis dans ma douche pendant que des gens meurent de soif» ou encore «L'avortement est une chose dure à partager, surtout sur Instagram». Le tout agrémenté d'allusions scatologiques et de jokes cochonnes me poussant à me demander si je ne m'étais pas aventurée par erreur dans un show d'humoriste de bas étage.

Une mouche va prendre la relève; le costume doté d'un énorme pénis va donner le ton à ce qui suivra, des onomatopées et des propos d'une stupidité abyssale. Il y aura quelques autres scènes sans queue ni tête et le tout se termine par un stand-up de dix minutes où l'on entend quelques propos sensés, mais pas suffisamment pour relever le niveau de l'ensemble.

Si je n'ai pas ri ou souri une seule fois, il y avait des gens dans la salle qui ont trouvé cela très amusant, s'esclaffant à chaque blague pipi-caca-poil-pénis. Vous aurez compris que ce n'est vraiment pas ma tasse de thé, j'ai dû regarder ma montre au moins 23 fois pendant l'heure et demie que dure la représentation et l'ami qui m'accompagnait ce soir-là a aussi beaucoup souffert.

Les trois comédiens, Gabriel D'Almeida Freitas, Christophe Payeur et Simon Landry-Désy, ont collaboré au texte de Philippe Boutin. Si j'ai une chose à dire à ces jeunes gens, c'est de considérer le fait que la femme est un élément civilisateur et que leurs blagues douteuses, leurs jeux de mots grossiers, et leur trip de petit gars de 14 ans donnent un résultat extrêmement pénible. Je n'ai aucune idée de ce qu'on voulait dire dans ce Being Philippe Gold, le titre n'ayant aucun rapport avec quoi que ce soit; c'est épais, brouillon, incohérent, il n'y a aucune maîtrise ni fil conducteur dans ce fatras, dans ce texte où on essaie peut-être d'explorer de grandes idées mais où on échoue lamentablement. Il n'y a ni perspective, ni point de vue, aucune intériorité, tout est au premier degré et le texte échoue à capturer notre imagination. Tout cela est navrant et je suis sortie consternée en me disant qu'on m'avait fait perdre une heure et demie de mon temps. Il est difficile de créer, et ce n'est pas parce qu'on pense qu'on le fait, qu'on le fait pour de vrai.

Being Philippe Gold : Une production Couronne Nord, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 11 février 2016.

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