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«L'assassinat du président»

Nous sommes en 2022. Stéphane Gendron est premier ministre du Canada (oh boy!) et François Legault est premier ministre du Québec...
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C'est une Histoire imaginaire et subjective qui constitue le propos de L'assassinat du président, une surimpression d'un futur loufoque (mais pas tant que ça) et improbable (mais pas tant que ça non plus) sur un présent qui ne nous satisfait pas. Ou, en tout cas, qui ne satisfait pas Olivier Morin et Guillaume Tremblay, les deux auteurs de ce texte.

Nous sommes en 2022. Stéphane Gendron est premier ministre du Canada (oh boy!) et François Legault est premier ministre du Québec. Legault lance régulièrement des référendums sur l'indépendance de la province avec comme options : oui, non et peut-être. Le peut-être l'emporte toujours avec une majorité écrasante, il va sans dire. Le climat politique est au morose, la Corée du sud a acheté tout le nord québécois, et tout le monde semble en proie à une nostalgie indéfinissable, une nostalgie sans mémoire ni souvenirs.

Un concours de circonstances amène Gilles Duceppe, qui coule une retraite dorée en Suisse depuis 10 ans, à revenir au Québec et à tenter de faire quelque chose. Mais comme il marmonne, il décide de suivre des cours de diction avec Serge Postigo, ce qui l'amènera à côtoyer des acteurs de la scène culturelle québécoise, dont Biz, intimement convaincu que c'est avec l'art qu'on va réussir à faire l'indépendance. Et elle se fera, cette indépendance, mais Gilles Duceppe sera victime d'un attentat à la souffleuse et mourra mais non sans avoir réalisé son souhait le plus cher. Il laisse derrière lui une veuve éplorée et son fidèle chien, Cacahouète.

Il se passe bien d'autres choses dans ce feu roulant de blagues et de prises de position. Les comédiens, tous très efficaces, endossent les différents rôles et se révèlent tous d'excellents imitateurs. C'est aussi un spectacle qui dévoile toutes ses ficelles : les effets spéciaux, les bruits, les illusions, les conventions de la scène s'opèrent sous nos yeux, nous rendant d'autant plus complices du propos de ces jeunes gens qui, avec trois fois rien, recréent différents univers de façon résolument plausible. Et tout ça est très drôle. On rit de bon cœur à plusieurs reprises, on sourit aussi devant l'absurdité de cette savoureuse comédie politique qui nous rappelle, si nous avions tendance à l'oublier, que le poids de la bêtise dans l'Histoire est incommensurable et ne s'amenuise pas avec les années, bien au contraire.

Il y a cependant la fin qui m'a laissé quelque peu insatisfaite : après que la boucle soit bouclée pour Gilles Duceppe, les comédiens reviennent sur scène, déguisés en chiens et décident de dénoncer l'asservissement dont ils sont victimes de la part des humains depuis des millénaires. Leurs revendications seront tellement efficaces que Cacahouète deviendra co-président de la République du Québec. Mais je me suis demandée d'où ce passage sortait et s'il était bien utile et nécessaire. Est-ce qu'on a voulu établir un parallèle entre l'oppression d'un peuple par un autre, l'hégémonie qu'exerce une majorité sur une minorité, est-ce une métaphore de la domination et des abus qui s'ensuivent qui serait un phénomène inévitable lorsqu'on détient le pouvoir? Je ne sais pas, je m'interroge.

Ce spectacle est une reprise et a d'abord été présenté au Zoofest. On parle ici, sous le couvert d'un humour parfois décapant, d'un théâtre engagé, politique, dénonciateur du confort et de l'indifférence dans lesquels nous nous vautrons. Ça fait toujours du bien de voir quelque chose comme ça, de constater également que le théâtre qui traite de thèmes comme ceux-là se porte bien et remplit des salles. Sous le couvert du fantasme et d'une fausse légèreté, L'assassinat du président nous assène quelques vérités propres à alimenter notre réflexion. Et il en faut.

L'assassinat du président, une production du Théâtre du Futur, est présenté à la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'aujourd'hui jusqu'au 21 septembre 2013.

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