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Est-ce rationnel de refuser la laïcité de l'État?

Malgré que chacun soit évidemment libre de croire ce qu'il veut, les religions, il faut bien le dire, sont fondées sur des arnaques intellectuelles.
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Dans mon plus récent billet, je me suis appuyé sur ce que nous disent les religions elles-mêmes pour conclure qu'un État moderne se doit d'adopter une politique de laïcité absolue. Puisque la probabilité de véracité des religions est au mieux de 1/20 et au pire de 1/10000, refuser la laïcité absolue de l'État pourrait se comparer à accepter un travail en sachant qu'on aura au mieux une chance sur 20 d'être payé (au pire, cette probabilité est de 1/10000). Une chance sur vingt... Accepteriez-vous?

Nous allons maintenant examiner quelques enjeux précis liés à la laïcité de l'État. Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive. En appliquant la logique du paradoxe des divinités probabilistes, chacun peut examiner d'autres enjeux dans une perspective similaire à ce qui suit.

Enjeu #1 : le statut confessionnel de l'école

Une école confessionnelle choisit de ne pas résoudre le paradoxe des divinités probabilistes puisqu'elle est associée à une religion précise. Elle professera que des éléments d'enseignement religieux au statut improbable doivent être tenus pour vrais. Ce faisant, elle ne pourra le faire qu'au prix de mensonges ou diverses contorsions intellectuelles. Or, une école doit être vue comme un lieu privilégié pour l'acquisition de saines attitudes intellectuelles. Les arts, les lettres, la géographie et l'histoire, des habilités techniques, les mathématiques et les sciences, l'éducation physique, s'imposent d'emblée dans tout programme éducatif sérieux. Mais l'apprentissage et la pratique de la rationalité et de l'esprit critique ne sont-ils pas eux aussi des enjeux cruciaux? Dans ce cas, l'institution chargée de la chose ne devrait-elle pas prêcher par l'exemple?

Conclusion : L'enseignement des religions devrait porter sur leurs aspects historiques - sans complaisance - ou similaires. Ce n'est pas le cas actuellement. Cet enseignement devrait se conformer aux attentes d'un État laïc: l'école est là pour former des citoyens, pas des fidèles. Ceux pour qui la religion est importante pourront veiller à ce que son enseignement soit dispensé dans les lieux appropriés, au moment approprié: pas en classe.

Enjeu #2 : les accommodements religieux

On s'attend de l'État à ce qu'il ne s'occupe que des demandes qui ont un fondement sérieux, ce qui requiert que ces demandes soient basées sur des faits incontestables, véridiques. À défaut de quoi, une demande doit être rejetée.

Nous avons vu que sous sa forme non résolue le paradoxe des divinités probabilistes indique que la probabilité de véracité des religions est très petite et qu'elles ne peuvent être considérées comme incontestables. En vertu du principe de sérieux exigé par l'État, toute demande d'accommodement religieux devrait être rejetée.

Sous sa forme résolue, le paradoxe des divinités probabilistes indique que Dieu, s'il existe, est soit faible, indifférent ou hostile. L'attitude de ce dieu va à l'encontre des intérêts des citoyens. Or, c'est une obligation pour l'État que de servir les intérêts des citoyens. Il y a donc une contradiction fondamentale entre la mission de l'État et le fait d'accorder un accommodement religieux. Ici encore, toute demande d'accommodement religieux devrait être rejetée.

La question des codes vestimentaires pour les employés de l'État peut être examinée de façon similaire. Et la conclusion est analogue: lorsqu'au service de l'État, ce qui exige à tout le moins apparence de sérieux et de neutralité, j'estime qu'on se devrait d'évacuer l'expression de toute préférence/dépendance religieuse.

Ce ce serait une erreur d'adopter des accommodements dans le seul but de se conformer au multiculturalisme canadien.

À moins qu'on objecte que cette politique de rejet systématique irait à l'encontre de la politique du multiculturalisme canadien ? Mais nous avons vu dans le premier texte de cette série qu'il s'agit d'une politique fondée sur une théorie inadéquate. Alors ce serait une erreur d'adopter des accommodements dans le seul but de se conformer au multiculturalisme canadien.

Conclusion : dans tous les cas de figure, les demandes d'accommodement religieux devraient être rejetées.

Enjeu #3 : le statut fiscal des religions

Les religions choisissent de ne pas résoudre le paradoxe des divinités probabilistes (à l'exception du bahaïsme . Dans ce cas de figure, le paradoxe des divinités probabilistes indique que la véracité de leurs dogmes est pour le moins incertaine. Pourtant, le concept de révélation implique que les religions affirment la véracité de leurs dogmes avec force. Ce faisant, elles induisent les gens en erreur: elles font passer du (très peu) probable pour du certain. Certaines exploitent la crédulité des fidèles pour en tirer des avantages pécuniaires ou autres. D'autres imposent des codes de conduite abracadabrants menant à toutes sortes de dérapages. J'utilise le mot dérapage parce que la discussion se fait à un niveau général. À l'échelle de l'individu, le mot dérapage ne doit-il pas être remplacé par le mot tragédie?

À ce sujet, comment ne pas évoquer le drame des vies ruinées dans l'histoire des pensionnats autochtones? On a déjà parlé des pensionnats autochtones ailleurs? Parlons-en encore! Car plus jeune, je n'y ai vu que du feu. Je n'ai sans doute pas été le seul. En parler une fois de plus ne sera pas de trop. Comment ne pas faire de rapprochement entre la tragédie de ces pensionnats d'une part, et d'autre part, certains codes de conduite religieux répressifs menant à l'exacerbation d'un mélange de bêtise et de misère humaine à la recherche de victimes faciles à exploiter? Le tout au service d'une entreprise politique franchement colonialiste. Fin de la digression, mais veuillez la prendre en note, je vous prie.

On pourrait appeler ça la zone d'ombre, quelquefois très sombre, des religions. Pourtant, elles pratiquent aussi la charité, la compassion, éduquent... C'est leur zone de lumière. Ombre et lumière: je vous le redis, allez lire Les Jardins de lumière de Amin Maalouf.

En somme, d'un point de vue fiscal ces organismes méritent à la fois un congé fiscal pour bénéfices rendus à la société, et une pénalité fiscale pour pratique d'une sorte de charlatanisme. J'avoue que je ne sais exactement comment quantifier la résultante des deux effets.

Conclusion : les religions ne devraient pas se voir octroyer un statut d'organisme de bienfaisance tel qu'on l'entend communément.

Conclusion générale - Au terme de cette série de billets que j'ai commencée à la suite de la tragédie de la grande mosquée de Québec, je conclus que malgré qu'elles aient des côtés utiles, malgré qu'elles aient été associées de près au développement de nos civilisations, malgré que chacun soit évidemment libre de croire ce qu'il veut, les religions, il faut bien le dire, sont fondées sur des arnaques intellectuelles.

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Mai 2017

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