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Pour le salut de Mohamed Fahmy, le gouvernement Harper doit cesser ses maladresses diplomatiques

Tous les Canadiens sont égaux, et ils méritent tous que leur gouvernement les soutienne s'ils sont injustement emprisonnés à l'étranger pour des motifs douteux. Malheureusement, ça ne semble pas avoir été le cas pour le journaliste d'Al-Jazeera.
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Si les Canadiens ont été soulagés de voir Mohamed Fahmy être libéré sous caution la semaine dernière, il est loin d'être certain que sa longue épreuve soit terminée. Officiellement, le journaliste d'Al-Jazeera doit subir un nouveau procès qui commencera le 23 février. À l'issue du premier, il a été déclaré coupable de multiples chefs d'accusation et condamné à sept années d'emprisonnement, sur la foi d'une preuve très douteuse et dans le cadre d'un processus arbitraire. À l'échelle du globe, ce procès a été largement perçu comme un déni de justice.

Le gouvernement du Canada a le devoir de faire tout ce qui est en son pouvoir pour venir en aide à ses citoyens qui se trouvent dans des situations aussi éprouvantes. Malheureusement, ça ne semble pas avoir été le cas pour M. Fahmy.

Les réponses évasives fournies par le gouvernement lorsqu'on lui demande si Stephen Harper s'est entretenu directement avec le président al Sissi au sujet de Mohamed Fahmy donnent à penser qu'il ne l'a pas fait. À titre de comparaison, le premier ministre de l'Australie, Tony Abbott, a parlé à trois reprises avec le président égyptien pour lui demander, avec succès, qu'on libère Peter Greste; il s'est notamment entretenu avec lui en personne en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Le fait de n'être pas intervenu aux plus hauts échelons n'est pas la seule erreur grave commise par ce gouvernement. L'ancien ministre des Affaires étrangères, John Baird, avait annoncé que la libération de M. Fahmy était « imminente » alors que c'était faux. Et pire encore, il a publiquement déclaré que le journaliste ne purgerait pas de peine dans une prison canadienne. Cette déclaration a placé les autorités égyptiennes dans une position embarrassante, car le pouvoir discrétionnaire du président al-Sissi d'ordonner la déportation d'un prisonnier étranger est fondé sur le fait que celui ci subisse un nouveau procès ou qu'il purge la peine prononcée par un tribunal égyptien dans son pays d'origine. Si M. Baird avait agi un peu plus de circonspection, il aurait fait en sorte que les autorités égyptiennes disposent d'une marge de manœuvre qui leur permette de sauver la face, en autorisant la déportation de Mohamed Fahmy tout en assurant le respect des lois égyptiennes.

De manière plus générale, il semble que le gouvernement du Canada n'ait pas exercé, dans le cas de M. Fahmy, une diligence comparable à celle dont les Australiens ont fait preuve à l'égard de Peter Greste. Cela révèle l'une des lacunes du gouvernement conservateur, à savoir sa tendance à faire peu de cas des avis de nos diplomates professionnels et du personnel consulaire, qui auraient conseillé à John Baird de se montrer plus prudent dans ses déclarations publiques.

Le président al Sissi semble chercher un moyen de résoudre une situation devenue embarrassante pour le gouvernement égyptien. En juillet, il a déclaré qu'il aurait préféré que les trois journalistes d'Al-Jazeera n'aient jamais été arrêtés. En novembre, il a fait adopter un décret spécial lui accordant le pouvoir d'ordonner le rapatriement de prisonniers étrangers (ici encore, à la condition que leur peine soit commuée ou qu'ils subissent un nouveau procès dans leur pays d'origine). Cela montre bien qu'il est à la recherche d'une solution. Parallèlement, il doit donner l'impression qu'il respecte l'indépendance de l'appareil judiciaire égyptien. Il s'agit à n'en pas douter d'une situation épineuse nécessitant un certain savoir faire diplomatique; cependant, une solution est possible si l'on parvient à piloter l'affaire comme il se doit.

Tous les Canadiens sont égaux, et ils méritent tous que leur gouvernement les soutienne s'ils sont injustement emprisonnés à l'étranger pour des motifs douteux. En novembre dernier, Stephen Harper s'est entretenu directement avec les autorités chinoises au sujet de Kevin et de Julia Garratt. Mohamed Fahmy - qui ne faisait qu'accomplir son travail de journaliste, un travail qui est essentiel pour toute société libre et démocratique - mérite le même soutien de la part de notre premier ministre et de ce gouvernement.

Pour le salut de M. Fahmy, le gouvernement conservateur doit absolument cesser de commettre des maladresses diplomatiques.

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