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Course à la chefferie du PQ: la lutte Cloutier-Drainville

Force est de constater qu'il y a maintenant une lutte féroce entre Bernard Drainville et Alexandre Cloutier pour le second rang dans cette course.
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Selon plusieurs analyses, la course à la direction du Parti québécois qui se déroule actuellement réserve bien peu de surprise. Le meneur, Pierre Karl Péladeau, jouit d'une telle avance sur ses adversaires qu'il est bien improbable qu'il perde la course. L'analyse du financement des candidats tend également à confirmer cette thèse, puisque même en additionnant ensemble tous les dons recueillis par les adversaires de M. Péladeau, ce dernier bénéficie encore d'une avance de 28 455 $. Le graphique ci-dessous montre d'ailleurs très bien l'ampleur de l'avance de PKP.

Néanmoins, une course des plus intéressante se déroule actuellement sous nos yeux. Il s'agit de la course au second rang; autrement dit, la course au #2. Évidemment, au début de la course, c'est à Bernard Drainville que l'on créditait la seconde place, ce dernier jouissant d'une notoriété beaucoup plus grande que les autres (à l'exception de PKP) en raison, principalement, des dossiers qu'il a portés au sein de l'ancien gouvernement Marois, notamment la Charte.

Toutefois, à près d'un mois du premier tour de vote, force est de constater qu'il y a maintenant une lutte féroce entre Bernard Drainville et Alexandre Cloutier pour le second rang dans cette course. Cette lutte est même parfaitement visible au niveau du financement où Bernard et Alexandre s'échangent la seconde place. Le graphique ci-dessous le démontre à merveille.

Pour le moment, Alexandre Cloutier occupe le second rang en terme de financement en ayant recueilli 49 522 $, tandis que Bernard Drainville a reçu 47 511 $. On voit que l'écart est mince entre les deux. Toutefois, Alexandre Cloutier peut revendiquer le soutien d'un plus grand nombre de donateurs, avec 375 donateurs uniques, tandis que Bernard Drainville arrive quatrième à ce niveau, derrière Martine Ouellet, avec seulement 298 donateurs uniques.

Au niveau des circonscriptions, le financement d'Alexandre Cloutier provient de 83 circonscriptions, mais principalement dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de Montréal. En fait, 57 % du financement d'Alexandre provient du Saguenay-Lac-Saint-Jean et 21,2 % des dons proviennent de Montréal (Est et Ouest ensemble). Les circonscriptions les plus généreuses dans chacune de ces régions sont (données en pourcentage du total du candidat dans la région) :

Pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean (sur 28 207 $) :

  • Lac-Saint-Jean (80,1 %)
  • Dubuc (10,3 %)

Pour Montréal (sur 10 516 $) :

  • Gouin (10 %)
  • Saint-Henri-Saint-Anne (9 %)
  • Mercier (8,9 %)
  • Outremont (8,7 %)

Du côté de Bernard Drainville, son financement provient de 76 circonscriptions. Néanmoins, il est beaucoup moins concentré que celui d'Alexandre Cloutier qui, comme on vient de le voir, recueille près de 80 % de son financement dans deux régions. Pour Bernard, la Montérégie est sans aucun doute la région la plus généreuse, puisque 42,6 % de son financement y est originaire. Les autres régions les plus favorables à Bernard Drainville sont Lanaudière (16,3 % du total reçu par Drainville) et Montréal (15,1 % du total de Bernard). Il faut toutefois noter qu'Alexandre Cloutier recueille plus de financement à Montréal (10 516 $) que Bernard Drainville (7 170 $), mais nous analyserons plus en détail le financement provenant de Montréal dans un autre billet. Au niveau des circonscriptions, les plus généreuses sont (données en pourcentage du total du candidat dans la région) :

Pour la Montérégie (sur 20 220 $) :

  • Marie-Victorin (39,1 %)
  • Taillon (12,9 %)
  • Laporte (7,4 %)

Pour Lanaudière (sur 7 745 $) :

  • Terrebonne (41,3 %)
  • Berthier (40,2 %)

Pour Montréal (sur 7 170 $) :

  • Hochelaga-Maisonneuve (16,9 %)
  • Sainte-Marie-Saint-Jacques (15,6 %)
  • Saint-Henri-Saint-Anne (11,5 %)

On voit donc que les deux candidats mènent une chaude lutte pour la seconde place dans cette course, du moins en ce qui concerne le financement. Pour le moment, Alexandre Cloutier mène cette lutte, mais rien ne dit que c'est lui qui terminera deuxième au premier tour. Après tout, Bernard Drainville bénéficie de plus d'appuis au sein du parti (à l'aile parlementaire notamment). De plus, comme je le mentionnais ici, Bernard Drainville s'adresse à un auditoire très péquiste à la base, donc probablement plus enclin à prendre une carte de membre, ou alors déjà membre.

Toutefois, le discours d'Alexandre vise surtout à rejoindre les plus jeunes. Or, on sait que ceux-ci ne sont généralement pas portés à financer un candidat ou un parti politique. Je dirai cependant que c'est probablement Alexandre Cloutier qui gère actuellement la plus belle croissance. Non seulement manquait-il de notoriété au début de la course, comme je le mentionnais ici, ce qui ne semble plus être le cas, mais en plus il multiplie les appuis à l'extérieur des cercles péquistes, comme en fait foi l'appui récent de Louis-Jean Cormier.

L'analyse de la course à la chefferie par les données du financement a des limites et nous en avons une ici. Il est très difficile de prévoir le résultat de cette lutte entre Bernard Drainville et Alexandre Cloutier. Tout d'abord, les deux protagonistes ont fait d'excellentes performances à chacun des débats, jusqu'à maintenant. De plus, leurs positions sont diamétralement opposées sur plusieurs enjeux, comme l'identité et le pétrole. Par ailleurs, même si les deux ne sont pas dans le camp des plus pressés sur la question de l'indépendance, leur méthode diffère complètement.

Au final, il reste à savoir lequel se positionnera vraiment comme l'alternative à PKP, c'est-à-dire comme le candidat vers qui les membres du PQ qui ne veulent rien savoir de PKP se tourneront. Là-dessus, ni Bernard ni Alexandre ne se distinguent fondamentalement. En fait, c'est plutôt Martine Ouellet qui occupe ce rôle jusqu'à présent. Le mois qui reste pourrait donc nous réserver quelques surprises à ce niveau-là.

P.S. Données en date du 29 mars 2015.

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