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Du Forum des idées pour le Québec vers le Edcamp Montréal

Avec 400 autres participants, nous avons passé quelques heures entassés dans un auditorium. En fait, nous n'étions pas de vrais, car nous n'avons participé que par notre présence.
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Le troisième Forum des idées pour le Québec : un système d'éducation pour le 21e siècle n'était même pas commencé que les critiques fusaient. L'évènement coutait 150$ et le paiement était libellé à l'ordre du Parti libéral du Québec. De plus, il était tenu dans un cégep anglophone; rien pour apaiser les actuelles susceptibilités québécoises en éducation!

Étant donné que le Forum se promettait d'être un évènement non partisan, il était évident que je devais y être au nom de la redéfinition de l'éducation contemporaine au Québec.

Un système d'éducation pour le 21e siècle ?

Malheureusement, j'ai été un peu déçu. Avec 400 autres participants, nous avons passé quelques heures entassés dans un auditorium. En fait, nous n'étions pas de vrais participants, car nous n'avons participé que par notre présence. Les échanges étaient limités à la présence de deux micros situés de chaque côté de la salle où les individus pouvaient poser des questions aux différents panels d'experts. À en juger par le nombre d'individus qui s'y présentaient, il y avait un réel besoin de discussion, de débats et d'échanges autour d'une table ! En plus, bien évidemment pour des raisons organisationnelles, le temps au micro était limité.

Tristement, aucun échange entre les participants autour de tables. Bien que les experts étaient disponibles pour un brin de jasette par la suite, j'aurais aimé discuter avec ces gens qui ont sacrifié leur fin de semaine par passion pour contribuer, par leurs idées, à l'éducation d'aujourd'hui. La diversité de la provenance des congressistes aurait certainement pu être exploitée ! Comme me le faisait remarquer un collègue, il y avait du calibre dans la salle comme sur la scène. Une formule conférence-panel était excellente, mais il aurait été bien de pouvoir retraiter dans un local pour approfondir les discussions avec ces congressistes provenant de diverses sphères professionnelles. En effet, il n'y avait pas que des politiciens ou des hauts placés de l'éducation; il y avait des retraités, des agents immobiliers, des enseignants et de simples citoyens préoccupés par le futur de l'éducation.

Donc, aucune place pour discuter d'une façon ou d'une autre, à l'extérieur des pauses ou cocktails ou d'un backchannel Twitter.

Un forum, par définition, n'est-il pas un lieu d'échanges et de débats ? Malheureusement, ce forum était un lieu de réflexion en silos avec de trop rares échanges limités à quelques dialogues. Où était la structure réticulaire souhaitée ? L'éducation au 21e siècle se définit par la collaboration et l'engagement de tous et la qualité des congressistes jumelée à celle des conférenciers et panellistes aurait pu mener à d'extraordinaires résultats dépassant largement l'enceinte du Collège Champlain pour aller inspirer le reste de la communauté éducative au Québec.

L'éducation au 21e siècle est humanisée, branchée en réseau et démocratisée. Malheureusement, l'organisation du Forum des idées pour le Québec avait négligé cette réalité.

Des thématiques pertinentes

Malgré mes déceptions, ce ne fut aucunement un échec. Les thématiques étaient pertinentes et les conférenciers étaient d'excellente qualité. De belles têtes provenant d'Europe et d'Afrique se sont jointes à celles du Québec. Bref, le Forum a certainement été le haut lieu de l'éducation francophone le temps d'une fin de semaine. Pour ma part, j'ai été particulièrement impressionné par la le réputé Michael Fullan que j'avais lu, mais jamais vu. C'est toujours agréable d'entendre un chercheur et expert en éducation être aussi nuancé alors que la tendance est souvent, dans ce domaine, dans la polarisation.

Enfin, j'ai été ému de rencontrer Paul Gérin-Lajoie qui, malgré ses 95 ans bien sonnés, aura su séduire et émouvoir l'audience. L'un des fondateurs du Ministère de l'Éducation n'a rien perdu de son esprit vif et passionné. Avez-vous une idée de tout ce qu'il peut bien avoir dans ce cerveau comme souvenirs ? C'est le petit-fils de Marie Lacoste-Gérin-Lajoie l'illustre féministe, il a été un artisan de la Révolution tranquille, du Rapport Parent et de tout ce qui a défini l'éducation québécoise telle qu'on la connait aujourd'hui. Homme passionné, sa seule présence fait autorité et il est évident qu'il s'agit d'un très rare spécimen québécois qui fait toujours l'unanimité en éducation !

Un dernier point fort : dans les pauses, tous les congressistes sont accessibles. Cela inclut les ministres et le premier ministre. On peut toujours critiquer les idéologies et les décisions de ces individus, mais il faut respecter le fait qu'ils savent se rendre accessibles, et ce, au moment où bien des gens se tapiraient leur tour d'ivoire !

Je me propose une simple idée. Pourquoi ne pas confier l'organisation d'un tel forum à l'Institut du nouveau-monde (INM) ? Il s'agit d'un organisme apolitique valorisant l'engagement citoyen. L'INM sait faire avec les idées pour renouveler le Québec.

Je passe à l'ouest

Après la première conférence de la journée de samedi dernier, je réalise que ce format demeurera le même pendant toute la fin de semaine. Au même moment, une cinquantaine d'enseignants sont ensemble dans un Edcamp à l'école Selwyn House dans Westmount. Je remarque qu'en Amérique du Nord, neuf autres Edcamp sont en cours. Je vais les rejoindre de façon complètement inopinée.

Le principe d'un Edcamp, contrairement au Forum ou à un congrès donné est que tout le monde se présente sans qu'aucune communication ne soit organisée. Ce sont des discussions dont la teneur est déterminée le matin même à travers les suggestions des participants qui se répartissent ensuite dans différents locaux pour échanger à propos de la thématique choisie. C'est la formule anti-conférence.

Il s'agit d'une formule complètement participative où le partage des idées est mis de l'avant. Les participants, principalement des enseignants, réseautent, échangent des idées et partagent leur expérience, le tout dans un cadre informel.

Nous étions donc aux antipodes du format du Forum où la relation avec ceux qui expriment leurs idées était unilatérale. La bilatéralité d'un Edcamp permet à tous d'échanger directement, en temps réel.

Pour conclure, je crois humblement que ce qui est nécessaire à l'heure actuelle est un évènement mettant en valeur la participation des individus. L'heure des réformes approche pour le Programme de formation, car la dernière réforme du curriculum date de 2001 et, habituellement, dans les pays de l'OCDE, ces réformes se succèdent tous les 15-20 ans ! Et ne faut-il pas éviter les erreurs ayant suivi les États généraux sur l'éducation ? Plusieurs ne se sont pas sentis écoutés ou ont été exclus des discussions, ce qui fait que, irrémédiablement, ils n'ont tout simplement pas embrassé ladite réforme. Pire, ils se permettent même de la critiquer. Il faut donc éviter ce que Michael Fullan appelle l'imposition Top down en reconnaissant que le Bottom up ne soit pas mieux. Mais si on place des enseignants et des décideurs ensemble, dans la même pièce, nous pourrions arriver à des résultats intéressants !

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Mai 2017

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