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L'improvisation se fait ressentir au sein de votre gouvernement.
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Monsieur Couillard,

Je vais être bien honnête avec vous d'entrée de jeu : je n'ai pas voté pour votre équipe lors des plus récentes élections provinciales. Votre programme m'inspirait peu et j'avais de la difficulté à m'y retrouver en tant que membre de la génération Y.

Malgré tout, dès votre arrivée au pouvoir, j'ai été le premier à dire qu'il fallait laisser la chance au coureur. Vous aviez raison lorsque vous disiez que le Québec ne pouvait plus se permettre d'endetter les futures générations et vos objectifs étaient nobles: le rétablissement de l'équilibre budgétaire, la révision de plusieurs programmes gouvernementaux [auxquels vos prédécesseurs n'ont jamais osé s'attaquer] et la restructuration des régimes de retraite municipaux un peu trop généreux.

Mais plus les mois passent, plus je m'inquiète de votre approche. L'improvisation se fait ressentir au sein de votre gouvernement. Le secteur de l'éducation, avec Yves Bolduc en tête, en est le parfait exemple. Quand je vous observe redessiner les commissions scolaires ou évaluer la possibilité d'augmenter le ratio maître-élève, je m'inquiète. Vous n'êtes même pas en mesure de chiffrer les économies potentielles que pourraient engendrer de telles mesures. Et que dire des professeurs et des élèves qui seront les premiers affectés sur le terrain? Difficile de croire qu'une telle réorganisation n'aura aucune conséquence sur la qualité de l'enseignement (qui connaît déjà plusieurs lacunes).

De plus, lorsque vous dites que nous devons nous serrer la ceinture au nom de l'équilibre budgétaire, n'oubliez pas que nous le faisons déjà depuis plusieurs années. Mes amis professeurs font des dizaines d'heures de bénévolat chaque semaine pour préparer leurs cours et corriger leurs examens. Mes voisines éducatrices en CPE paient de leur propre poche des jeux pour les enfants de leur groupe, faute de moyens dans leur établissement. Les organismes communautaires de mon entourage font des pieds et des mains pour survivre année après année avec leurs ressources de plus en plus limitées.

On veut bien continuer « à faire notre part », mais on aimerait bien savoir où cela nous mènera, au-delà de faire balancer des chiffres dans un fichier Excel. Oui, rétablir l'équilibre budgétaire doit passer par d'importantes coupures (ou par « l'optimisation de nos ressources » pour utiliser le vocabulaire de vos fonctionnaires), mais également par la mise en place de projets structurants qui généreront davantage de revenus pour l'État. Des projets de société qui nous feraient rayonner à l'international, qui nous rendraient fiers d'être Québécois après toutes ces années de cynisme politique. En d'autres mots, y'a-t-il un peu de lumière au bout du tunnel de l'austérité, Monsieur Couillard?

Depuis déjà trop longtemps, plusieurs membres de ma génération et moi-même avons la vague impression que le Québec s'en va nulle part. Certes, il y a un capitaine à bord du navire, mais il semble se contenter de naviguer sans connaître sa destination finale. Cette situation pousse d'ailleurs de plus en plus de jeunes de mon entourage à quitter la province, n'ayant plus confiance envers le Québec pour leur garantir un avenir prospère et stimulant. Il s'agit là d'un exode des cerveaux et d'une main-d'œuvre qualifiée qui nous fera mal à plus ou moins long terme si on ne stoppe pas l'hémorragie.

Le Québec a pourtant tout pour se réinventer, Monsieur le premier ministre : des gens créatifs, des citoyens engagés et une communauté d'affaires de plus en plus mobilisée. Il manque cependant le plus important: une vision d'avenir pour nous unir.

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