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Auteur en cinéma et enseignant: une combinaison gagnante

ENSEIGNER AU 21e SIÈCLE - Les supposés «mauvais élèves» sont en fait d'excellents futurs travailleurs qui n'ont simplement pas trouvé leur place dans le système éducatif.
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Avoir choisi l'enseignement pour moi est un vrai bonheur. C'est un métier d'innovation et de création perpétuelle.

Parallèlement à ma profession, j'ai un grand intérêt pour tout ce qui touche au cinéma. J'adore la réalisation de films, cette passion qui m'a permis de vaincre deux peurs qui m'ont suivi depuis mon enfance: la peur du ridicule et la peur de l'échec.

C'est ainsi que m'est venue l'idée de fusionner mon travail et ma passion... enseigner le cinéma par le biais du cours d'art dramatique! Depuis plus de 13 ans, j'ai piloté plusieurs projets avec des jeunes du primaire, parfois en partenariat avec des élèves du secondaire. Étant donné que je possède une formation en réalisation et plusieurs expériences en tournage de films jeunesse, j'ai rapidement pensé à créer du matériel pédagogique en lien avec cette discipline. La publication de mon guide pédagogique fut un grand accomplissement et je peux maintenant servir gratuitement une communauté d'enseignants par le biais du site www.initiationaucinema.com. Chaque année, le mois de juillet est consacré à ma remise en forme; le mois d'août, je le voue à la création de nouvelles activités toujours plus captivantes que les précédentes.

«J'ai réalisé que les compétences transversales de la réforme n'étaient pas une banale idée.»

Ainsi, à la rentrée scolaire, il me tarde de mettre en pratique mes créations avec mes nouveaux élèves. Ces derniers se prêtent au jeu avec un grand plaisir et une réelle complicité. Cette première expérimentation me permet une évaluation concrète de mon nouveau matériel scolaire. Mes élèves sont mes meilleurs critiques. Pour moi, chaque année scolaire est une renaissance et un terrain fertile pour de nouvelles expériences pédagogiques.

Je pense que ce désir de me renouveler est fort apprécié de mes élèves surtout, mais aussi de leurs parents.

J'ai la certitude que cela a un impact incontestable sur la motivation scolaire de l'ensemble de mes élèves, qui d'ailleurs n'hésitent pas à me le confirmer par leur intérêt sans cesse grandissant.

Pour devenir un enseignant stimulant, j'ai la conviction qu'il faut continuellement nourrir et développer toutes les passions qui nous habitent. Dès le début de ma carrière, j'ai pu observer dans les yeux de mes élèves l'émerveillement et un fort sentiment d'appartenance nés de la réalisation de projets cinématographiques. Ce bilan positif est devenu un véritable moteur qui me pousse à toujours aller plus loin. Le programme Initiation au cinéma me permet de donner le meilleur de moi-même en apportant un brin de «saine folie» à mon enseignement. J'aime me déguiser, jouer des personnages tout en intégrant des matières telles que le français, l'univers social et même les mathématiques. Ce programme m'aide à dynamiser mon enseignement, à partager ma passion mais surtout à créer le lien de confiance avec mes élèves qui deviennent mes partenaires privilégiés.

Après ces quelques années en enseignement, j'ai réalisé que les compétences transversales de la réforme n'étaient pas une banale idée. Apprendre, ce n'est pas simplement ouvrir un tiroir pour y placer des connaissances, mais c'est surtout intégrer des savoirs dans un contexte signifiant permettant à l'élève de développer sans cesse ses compétences. De par mon expérience, je peux affirmer que des jeunes considérés comme étant «de futurs décrocheurs», assuraient de façon sérieuse et totalement responsable les rôles de perchiste, d'acteur, de cadreur ou même d'ingénieur du son. Ces supposés «mauvais élèves» sont en fait d'excellents futurs travailleurs qui n'ont simplement pas trouvé leur place dans un système éducatif qui ne leur permet pas de vivre leurs réussites.

Quand je rencontre un jeune dix années plus tard et qu'il me dit: «Manuel, j'ai passé la plus belle année de mon parcours scolaire avec tes projets de film!», cela me confirme que j'avais raison de croire qu'il est tout à fait possible d'apprendre autrement à l'école: rire et s'amuser, tout en apprenant devient réalisable !

J'en déduis que les commissions scolaires ont, me semble-t-il, la responsabilité de reconnaître, de soutenir et d'encourager tous projets, initiés par des enseignants, qui apportent une réussite significative contre l'échec, la morosité et le décrochage. Malheureusement, je constate que celles-ci (les commissions scolaires) ont souvent tendance à vouloir normaliser les pratiques des enseignants, à les restreindre à un cadre pré- établi.

Il serait judicieux de considérer, d'abord et avant tout, l'intérêt de l'élève, reconnaître les compétences des enseignants qui possèdent une expertise dans un domaine connexe, et leur fournir les outils nécessaires et indispensables leur permettant de motiver un plus grand nombre de jeunes. Les directions et les commissions scolaires sont là pour servir de bougie d'allumage aux enseignants, et non d'éteignoir.

Il est regrettable de constater que ce principe n'est pas souvent appliqué dans notre système d'éducation.

Mon optimisme me pousse à croire qu'il n'est jamais trop tard pour apporter une réelle amélioration à cette réalité avant qu'elle ne se transforme en fatalité.

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