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J'ai 46 ans et je suis YouTubeuse à temps plein

Me voilà donc «influenceur»? Buzzword de l’année 2018. Vous dire comme j’haïs ce titre.
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Manon Lapierre

Je ne sais pas pour vous, mais la dernière année fut complexe. Année de transition, de transformation, de nouveaux départs, de réinvention. Pas juste pour moi, mais partout autour. Des changements de carrière soudains, des divorces, des déménagements. Le monde change. Y'a pas juste les icebergs qui fondent, y'a les plans aussi. On a le choix d'embarquer sur le train ou de le laisser passer. Je me dis que si ta vie te crie que ça ne va pas, c'est peut-être le bon moment pour l'écouter.

Toujours est-il qu'après plus de seize ans d'une très belle carrière, aux conditions presque impossibles à répliquer, dans une compagnie figurant sur le Fortune 100 des plus grandes compagnies au monde, j'ai choisi de quitter. Je savais au fond de moi qu'accepter le statu quo alors que mes valeurs et celles de l'entreprise divergeaient de plus en plus eut été un échec. Mon âme réclamait un changement. Comme je fournissais le revenu principal de notre famille, c'est quand même avec une grosse boule à l'estomac que j'ai signé les papiers de départ. C'était il y a bientôt 8 mois.

Peu de temps après, l'homme de ma vie, père de mes enfants a décidé, lui aussi, de quitter son emploi, qu'il occupait tout près de la maison, à raison de quatre jours par semaine. L'homme chez nous est celui qui assurait une certaine stabilité auprès des enfants. Couple moderne aux rôles inversés nous étions depuis toujours. En revenant du bureau, un soir comme tant d'autres, il m'a dit: «- moi aussi j'aimerais travailler à temps plein sur nos rêves». Quoi répondre? Malgré mon angoisse monétaire déjà bien installée, je ne me voyais pas lui refuser ce que moi je me permettais.

Et travailler avec le père de tes enfants, ton conjoint d'une vie, c'est autre chose aussi. Mais ça, ce sera le sujet d'une autre chronique.

Le vrai départ, pour nous deux, c'était au beau milieu de de l'été 2017, le 14 juillet, jour de la Révolution française, jour officiel de notre révolution à nous. Liberté, égalité... anxiété!

Maintenant que notre nouvelle routine est bien installée, je me sens toute drôle, presque tricheuse.

Ça fait quoi, cette soudaine liberté? Maintenant que notre nouvelle routine est bien installée, je me sens toute drôle, presque tricheuse. Moi qui suis experte en développement de messages corporatifs et en stratégie de contenu, je peine encore à expliquer notre geste de façon convaincante. Il n'y a rien de rationnel à expliquer sauf que j'ai le sentiment très clair que nous sommes sur la bonne voie. L'intuition avant la raison.

Il reste que c'est beau la liberté, mais on devient alors 100% responsable de ce qu'on en fait. Nous avions un coussin financier pour nous supporter pour plus d'une année complète. Il reste moins de six mois avant que je commence à paniquer. Gulp! Mais l'univers ne cesse de nous envoyer de bons signes. Comme pour nous dire de cesser de nous inquiéter. Je commence à penser que je devais libérer de l'espace sur mon disque dur pour saisir la vraie mesure de notre potentiel.

C'est que, voyez-vous, nous ne recommençons pas à zéro. Ma folie ne date pas d'hier! Nous avons lancé ensemble, il y a trois ans, une chaîne YouTube culinaire et un blogue affilié: La Petite Bette. Ceux-ci ne nous apportaient que des revenus minimaux, mais un maximum de gratification, de passion et de plaisir. Moi-même professionnelle en communication, j'y voyais un très beau potentiel qui, avec travail acharné, détermination et vision a su croître exponentiellement depuis le lancement. Chaque jour ou presque j'avais une nouvelle idée que j'avais envie de partager, d'exploiter, mais le temps manquait. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur notre bébé, La petite bette.

Chaque jour ou presque j'avais une nouvelle idée que j'avais envie de partager, d'exploiter, mais le temps manquait.

Me voilà donc «influenceur»? Buzzword de l'année 2018. Vous dire comme j'haïs ce titre. S'autoproclamer personne influente manque nettement d'humilité et l'humilité qui est justement un peu ma marque de commerce sur La petite bette.

Toujours est-il que ça semble une folie pour plusieurs qui ont le respect de ne pas dire tout haut ce qu'ils pensent tout bas: YouTubeuse, ce n'est pas une job, c'est un divertissement. Surtout si tu ne fais définitivement pas partie des milléniaux, génération du possible (ça aussi c'est le sujet d'une autre chronique). Ce type de saut en bungee est facile à faire quand on est célibataire et qu'on peut juste sous-louer son appartement et décamper au gré du vent. Pas si simple quand on a une hypothèque et des jumeaux de 11 ans, dont un qui a des besoins spéciaux. Ça commence à ressembler à de la naïveté. Mais trop tard pour retourner en arrière, la locomotive est lancée!

J'ai donc décidé d'utiliser cette nouvelle liberté pour dire OUI. Oui à des collaborations, à des expériences, à des projets aussi farfelus soient-ils. Mon seul critère? Si ça me tente, si dans ma tête j'ai le goût de dire OH YES! alors je le dis. J'ai aussi le goût de partager cette expérience avec d'autres. Parce que pour avoir lu nombre livres de motivation, ceux qui prennent en compte la vraie vie, les factures, le couple, les enfants, les besoins spéciaux, les soins de santé sont difficiles à trouver. Peut-être servirons-nous à démontrer ce qu'il ne fallait pas faire? Mais nous aurons essayé, à tout le moins, et d'autres pourront apprendre de nos erreurs ou de notre audace.

Suivez-moi donc sur nos chroniques Huffington Post et sur La petite bette! En plus de nous encourager, en plus de contenu cuisine, voyage, famille et mieux-être vous pourrez être aux premières loges de notre crise de quarantaine. On a juste une vie à vivre après tout. Aussi bien la vivre ensemble et la rendre intéressante.

Manger ensemble, faire partie d'une communauté serait un des facteurs les plus importants pour assurer une longue et belle vie. Je vous offre une place à ma table. En toute humilité, car je n'ai aucune idée si la recette prendra.

Avril 2018

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