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RIDM: Jutra par Jutra

Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs,, magnifique film d'animation de Marie-Josée Saint-Pierre(), met en scène Claude Jutra interviewant nul autre que Claude Jutra. En résulte une œuvre révélatrice et bouleversante qui met en lumière les différents visages du brillant cinéaste trop tôt disparu.
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Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, Jutra, magnifique film d'animation de Marie-Josée Saint-Pierre (McLaren's Negatives), met en scène Claude Jutra interviewant nul autre que Claude Jutra. En résulte une œuvre révélatrice et bouleversante qui met en lumière les différents visages du brillant cinéaste trop tôt disparu.

L'idée de faire interagir Jutra avec lui-même est venue à la réalisatrice en cours de production : « Faire des films biographiques en ordre chronologique, racontait-elle peu avant de s'envoler pour la Croisette, ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse parce qu'il y a d'autres moyens de trouver cette façon-là, comme lire un livre, par exemple. Quand j'ai fait mes recherches, j'ai trouvé le Claude Jutra jeune reporter, le Claude Jutra en entrevue à différentes étapes de sa vie, le Claude Jutra acteur. Avec tous ces différents Claude Jutra, je me suis dit qu'il y avait tellement de facettes à sa personnalité, tant personnelle que professionnelle, que j'aimerais le décupler. »

Alors qu'elle faisait ses recherches, Marie-Josée Saint-Pierre s'est retrouvée face à ce qu'elle appelle un beau problème : il y avait trop d'archives. Elle a donc dû se livrer à un travail de moine afin de choisir tout ce qui serait pertinent et de façon à ce que Jutra puisse livrer toutes les questions et les réponses.

Ce que l'on remarque d'emblée au fil des séquences d'animation se succédant avec fluidité, c'est l'habile jumelage du tragique et du ludique : « Je ne voulais pas que ce soit trop lourd parce que ça représente quand même Claude Jutra; on ne peut pas présenter une telle figure mythique de façon négative. Ce qui m'intéressait, c'était de découvrir comment un cinéaste de 56 ans ayant connu autant de succès ait décidé de mettre fin à ses jours. Je voulais traiter cette thématique de façon respectueuse, qui ne soit pas sensationnaliste. Je vois la fin de son existence beaucoup plus comme une euthanasie qu'un suicide. »

À l'instar du très beau Claude Jutra, portrait sur film de Paule Baillargeon, Jutra explore la thématique de l'eau, laquelle apparaît très tôt dans l'oeuvre du réalisateur : « À tout prendre, son premier film, c'est un peu l'annonce de sa propre mort, ce qui est troublant, voire effrayant. Peu de gens savent que Jutra s'est jeté du pont; il avait disparu en novembre, mais on ne l'a retrouvé qu'en avril à Cap-Santé. Pendant plusieurs mois, personne ne savait où il était. C'est pour cela que dans le film, j'ai mis une affiche de « Claude Jutra : disparu » et que je montre Johanne Harel, sa partenaire dans À tout prendre, demandant où il est. De manière consciente ou inconsciente, les artistes se projettent dans leurs œuvres et a la limite, À tout prendre a été un film prémonitoire», conclut Marie-Josée Saint-Pierre.

20 novembre, 17h45, Cinéma du Parc 2 (suivi d'Off-White Tulips d'Aykan Safoglu et de Metaphor or Sadness Inside Out de Catarina Vasconcelos)

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