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Karlovy Vary: des films canadiens dépaysants

Entre le 4 et le 12 juillet, le 49e Festival international du film de Karlovy Vary aura fait découvrir sept films canadiens au jeune public qui envahit avec enthousiasme les salles de cinéma à travers la charmante station thermale tchèque.
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Entre le 4 et le 12 juillet, le 49e Festival international du film de Karlovy Vary aura fait découvrir au jeune public qui envahit avec enthousiasme les salles de cinéma à travers la charmante station thermale tchèque sept films canadiens : Tom à la ferme et Mommy de Xavier Dolan, Que ta joie demeure de Denis Côté, Pierrot Lunaire de Bruce LaBruce, Earth's Golden Playground d'Andreas Horvath (documentaire coproduit avec l'Autriche), Violent d'Andrew Huculiak, batteur du groupe We Are the City, et Je suis à toi de David Lambert (coproduction belgo-canadienne).

Dimanche après-midi, au cours d'un dîner offert par Carolle Brabant, directrice générale de Téléfilm Canada, se trouvaient parmi les invités d'honneur Lambert et Huculiak. Deux ans après y avoir présenté Hors les murs, David Lambert était impressionné par l'accueil chaleureux que les spectateurs ont réservé à son deuxième long métrage à Karlovy Vary.

Drame à la fois tendre et cru, Je suis à toi met en scène un triangle amoureux homosexuel où évolue un jeune prostitué argentin (l'énergique Nahuel Perez Biscayart) hébergé par un boulanger excentrique (Jean-Michel Balthazar, d'une sensibilité remarquable) qui s'éprendra de l'employée de ce dernier, une jolie veuve (Monia Chokri, incandescente).

Afin de traiter avec justesse de la prostitution, le cinéaste belge a fait des recherches auprès des prostitués, de leurs clients et d'acteurs pornos. Le point de départ du film est d'ailleurs sa rencontre avec un prostitué argentin incapable de retourner dans son pays après avoir été abandonné par ses clients.

« Dans les films que je voyais sur des personnages de prostitués, féminins ou masculins, il y avait la dramaturgie classique de la prostitution qui est toujours la même. On tombe dans la prostitution pour x raisons et il y a un passage violent où l'on découvre que le client est un pervers, puis arrive une rédemption. On criminalise beaucoup cette relation-là, or, je voulais totalement éviter cela. Je voulais des personnages qui se battent contre leur propre misère, qu'elle soit affective, sexuelle ou psychologique. »

Alors que Balthazar pétrit vigoureusement la pâte, il n'est pas difficile de voir dans ses gestes une sensualité à l'état brut. Confiant que l'amour de sa vie travaillait dans une boulangerie, Lambert a souhaité revisiter cet univers qu'il avait transposé dans son court métrage Vivre encore un peu, qu'il a eu le plaisir de présenter au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue en 2009.

« C'est un univers que je connais bien et que je voulais reproduire pour le long métrage parce que je trouvais qu'il y avait des analogies et des parallélismes infimes avec la prostitution, considérée comme le plus vieux métier du monde. La boulangerie a quelque chose de très beau parce qu'un boulanger peut faire du pain partout; il n'a besoin que d'eau et de farine. Selon moi, le pain et le sexe sont des choses primordiales.»

Beauté norvégienne

Grâce à sa blondeur éclatante, à son sourire mutin et à son regard lumineux, Dagny Backer Johnsen porte avec fraîcheur le premier long métrage du musicien vancouvérois Andrew Huculiak. D'un rythme contemplatif, de facture expérimentale, d'essence onirique, Violent s'attarde au destin d'une jeune femme qui se souvient des cinq personnes l'ayant le plus aimée, parmi lesquelles Bengt, ami de la famille, incarné par le déchirant Tor Halvor Halvorsen.

Ayant assumé la réalisation du film, le jeune homme de 24 ans se sent mal à l'aise à l'idée d'être considéré comme le seul réalisateur de Violent qu'il a écrit avec Cayne McKenzie, Josh Huculiak et Joseph Schweers.

« C'était à la fois fantastique et inefficace! Pendant six mois, nous nous rencontrions douze heures par jour et parlions des moindres détails du récit. Nous avons écrit cette histoire de façon équitable; chacun avait son rôle spécifique. On retrouve beaucoup d'éléments autobiographiques dans Violent. En fait, mon cerveau semblait directement connecté avec celui des trois autres. »

Bien que Violent, qui devait d'abord servir d'accompagnement au dernier album de We Are the City (qui signe d'ailleurs la trame sonore planante du film), aurait pu se dérouler à Vancouver, Huculiak et sa bande ont jeté leur dévolu sur les majestueux paysages de la Norvège.

« Les paysages de la Norvège évoquent ceux du Canada; il y a d'ailleurs un lieu où nous avons tourné une scène qui s'appelle la forêt canadienne. Nous voulions tourner loin de chez nous; nous trouvions que l'énergie se dégageant en Norvège serait parfaite pour notre projet. Ce n'est pas trop exotique, bien qu'aucun de nous ne parle la langue. Pour le spectateur canadien, c'est presque se rendre dans un monde différent qui lui est familier. »

Grand admirateur de Paul Thomas Anderson, Huculiak ne cache pas qu'il aimerait bien retourner derrière la caméra : « Sans le band, mais avec la même boîte de production, car avec Media Darling, on a la chance de pouvoir s'investir totalement dans chaque projet, d'expérimenter, de mettre à profit sa créativité. Je poursuivrais dans la veine expérimentale, mais d'une manière différente, dans le même esprit, mais pas dans la même imagerie. »

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