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La génération Y a des choses à vous prouver

La génération Y est souvent critiquée: jugée impatiente et flemmarde, ces enfants nés des années 80/90 sont surtout déçus et frustrés... ce, à juste titre! Voilà pourquoi...
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"Tu es unique", "Si tu travailles bien à l'école, tu auras un bon travail", "Peu importe ce que font les autres, l'important c'est que tu aies de bonnes notes" sont les phrases qui ont bercé notre enfance. Douce illusion. On y a cru, on a tout fait pour réussir et pourtant on est loin d'être spécial ou de pouvoir faire ce que l'on veut dans la vie.

La génération Y est souvent critiquée: jugée impatiente et paresseuse, ces enfants nés des années 80/90 sont surtout déçus et frustrés... ce, à juste titre! Voilà pourquoi...

Bercés par le monde de Disney, les contes de fées, les carnets de notes et la pression d'avoir le bac, on a grandi dans le but d'obtenir l'emploi permanent dans une super grande boite qui allait nous amener bonheur, reconnaissance professionnelle, argent et satisfaction personnelle. On nous a dit qu'il fallait bosser dur mais qu'on allait voir, à la fin, ça allait être payant. On a eu un parcours scolaire plutôt exemplaire, le bac mention bien, voire très-bien, des notes excellentes en fac ou en école, on a même rejoint une association en parallèle de nos études, puis on a obtenu une licence, un Master. On s'est aussi sociabilisé, on a pas mal voyagé et on s'est ouvert culturellement, on a vu qu'ailleurs c'était différent, parfois mieux, moins compliqué, on a compris qu'on était libres, on s'est émancipés, on a quitté le nid douillet familial pour "voler de nos propres ailes" mais une fois diplômés on n'a pas volé très loin...

Eh oui, dure réalité, l'emploi parfait c'est pas si facile à obtenir et surtout... on n'en veut pas! Pourquoi?

On a passé notre vie à étudier, pendant presque 20 ans. On a appris une multitude de choses pendant ces années là. D'abord la base: écrire, compter ; des tâches répétitives mais essentielles. Puis, on nous a appris à réfléchir et à se poser des questions: "Pourquoi mon stylo tombe par terre quand je le lâche? Comment ça se fait que je me brûle quand je pose ma main sur la cuisinière?". On nous a ensuite donné des réponses: Physiques, Mathématiques, Français, Histoire... nous on permis de répondre à ces interrogations. Puis, on nous a dit qu'il fallait qu'on se pose soi même des nouvelles questions et qu'on y réponde, ce qu'on a fait dans de nombreux projets de groupes, mémoires et autres thèses pendant nos études supérieures. On a aussi appris à écouter, à comprendre l'autre et ses différences, à accepter le fait qu'on n'ait pas la même opinion, à aimer, à aimer différemment, à découvrir et comprendre de nouvelles cultures, à se demander pourquoi il y avait tant de différences avec la nôtre, pourquoi on était si fermés, si malheureux, pourquoi on n'était pas si libres que ça finalement.

Passées les quelques premières expériences professionnelles, on s'est vite rendu compte que tout ça, tout ce pour quoi on s'était battu, toutes ces années d'études, toutes ces belles paroles n'étaient qu'un bien sombre mensonge et que la récompense tant attendue ne viendrait malheureusement pas. La réalité est dure et nous est arrivée en pleine figure telle une tempête en bord de mer: exit notre cocon protégé ; la vie c'est pas un Disney, les gens ne sont pas forcément bienveillants et surtout le fait d'avoir de bonnes notes, ça ne suffit pas.

Non, l'emploi permanent ne fait pas rêver tout simplement parce que les jobs actuels ne font pas rêver, bien au contraire. Passer 40 entretiens, devoir supplier pour obtenir un emploi qu'on n'est pas sûrs de vouloir, devoir dire qu'on est passionnés par des missions que l'on ne connaît pas et surtout que ce serait un HONNEUR de pouvoir travailler pour telle entreprise, la réalité du marché, c'est ça!

Pendant des années on a étudié pour ce jour, on est prêt, on était le/la meilleur(e) de notre classe, on a même fait un module de compta et pourquoi? S'asseoir à un bureau 40h par semaine, utiliser un dixième (je suis très large) des connaissances que l'on a acquises, faire un travail très rébarbatif dénué de toute créativité et réflexion, travailler avec des gens blasés et antipathiques, ne presque rien gagner ("ah bah c'est les salaires du marché") et n'avoir presque aucune perspective d'évolution. Voilà, Voilà...

On se demande alors qu'est ce qu'on "fout" là?

On sait pas. Alors on fait des tentatives pour palier à cette déception. Certains reprennent des études et refont une énième année de Master dans l'espoir, cette fois, de trouver un job dans un domaine un peu moins bouché. D'autres se contentent de leur situation pour le moment, parce qu'ils ont réussi à trouver un emploi un peu mieux payé que les autres et, qu'on se le dise, l'argent au final ça compte, oui mais ça ne suffit pas. Certains enchainent les CDD dans l'espoir de trouver quelque chose de mieux, mais le marché actuel fait que l'on retombe souvent sur les mêmes postes. Certains s'évadent, c'est peut-être mieux ailleurs, ou en tout cas, ça sera moins pire au soleil. D'autres rêvent de sauver le monde et tentent un engagement social. Et d'autres font une dépression.

Tôt ou tard, quelque chose nous rattrape, cette idée, celle que l'on est unique, celle que l'on mérite mieux, celle que l'on nous a inculquée et rabâchée pendant 20 ans... Cette idée que l'on sait réfléchir, que l'on sait se poser les bonnes questions elle est là mais le problème c'est cette société qui n'est pas faite pour nous. On ne rentre pas dans le moule. On veut changer les choses. On n'accepte pas de travailler 40h/semaine pour toucher une misère et s'ennuyer profondément, on n'accepte pas de travailler avec des gens méchants et incompétents, on n'accepte pas non plus le racisme et le sexisme de notre société actuelle, on n'accepte pas de vivre dans un monde corrompu, de n'avoir aucun pouvoir sur les conflits de guerre, sur les décisions géopolitiques, on n'accepte pas d'être simple spectateur d'un monde qui part en ruines, on n'accepte pas de laisser des millions de personnes dans des situations de pauvreté extrême, on n'accepte pas que certains pensent que c'est normal, que c'est "comme ça".

Oui, on veut changer les choses, changer le monde. Etre acteur de notre propre vie. Avoir un impact. Etre heureux. Se réaliser personnellement et professionnellement et oui, aussi gagner de l'argent.

On en est capables? Oui! On est les plus éduqués, toutes générations confondues et on a bien quelque chose de "spécial": notre motivation!

C'est réalisable?

Je ne sais pas... en tous cas le contexte actuel n'est pas favorable. On nous pousse à rentrer dans le moule mais il faut que tout le monde réalise que ça n'est pas faisable.

Alors il faut créer de nouveaux codes, s'adapter, innover, créer un nouveau modèle de société. Permettre à chacun de s'épanouir professionnellement en acceptant de bouleverser le monde de l'emploi et arrêter de segmenter le monde du travail, peut-être en permettant à certaines personnes d'accéder à plusieurs postes en parallèle, à des missions ponctuelles, à des emplois plus créatifs, stratégiques, bref utiliser correctement nos ressources et nos compétences. Il faut laisser à cette génération la possibilité, et surtout le temps, de s'épanouir personnellement à travers des activités, de pouvoir continuer à apprendre pour innover et à s'investir dans des projets plus sociaux.

Il est temps de commencer à trouver des solutions! Ensemble, nous pouvons changer les choses ou du moins, essayer...

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