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Non, je ne suis pas Wonder Woman

L'ONU vient de choisir son égérie, celle qui représentera la nouvelle campagne de promotion féministe et je tombe des nues. Wonder Woman, alias Princesse Diana (non, ce n'est pas une blague) ou Diana Prince pour les mortels est l'heureuse élue.
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L'ONU vient de choisir son égérie, celle qui représentera la nouvelle campagne de promotion féministe et je tombe des nues. Wonder Woman, alias Princesse Diana (non, ce n'est pas une blague) ou Diana Prince pour les mortels est l'heureuse élue. Ainsi donc, après le petit piou-piou d'Angry Birds, c'est au tour de la super-héroïne de devenir Ambassadrice Honoraire de l'ONU...

Non, je ne suis pas Wonder Woman #Imnotwonderwoman

J'ai d'abord été plutôt contente. L'ONU lance une campagne pour valoriser la condition féminine, l'empowerment des femmes, c'est bien. Et puis, Wonder Woman est un symbole, une femme forte, super forte, plus forte que le plus fort des hommes, et ça, c'est pas donné à tout le monde. Wonder Woman est une méga championne, on est tous d'accord. Néanmoins, ceux qui me connaissent et me lisent doivent déjà sentir poindre la protestation au travers de ces quelques lignes flatteuses.

Wonder Woman n'existe pas. C'est un personnage de bande-dessinée, un fantasme, une héroïne de film, une légende, un souvenir d'enfance.

Lorsque j'étais petite, je rêvais, moi aussi, de son lasso téléguidé qui attrape les méchants messieurs. J'avoue avoir essayé de temps en temps de lancer ma corde à sauter, juste pour voir. Mais, malgré un gros effort de concentration mystique, cette satanée corde n'a jamais obéi à mes ordres. J'ai découvert très jeune que je n'avais pas les pouvoirs de Wonder Woman.

La super héroïne née de l'imaginaire ambivalent d'un psychologue américain (un homme), est en réalité une icône hypersexuelle qui passe sa vie en culotte aux couleurs du drapeau.

Wonder Woman est un corps avant tout

Cette femme a un corps improbable. Avoir choisi une pin-up pour nous représenter, c'est se moquer de tous les combats féministes pour la reconnaissance de la diversité corporelle. Évidemment, Wonder Woman avec un gros derrière aurait eu beaucoup moins de succès, surtout auprès des jeunes garçons. Et vous avez vu sa taille? Ma main à couper qu'elle porte un corset (non, je ne suis pas jalouse!). Pas très féministe, ça, le corset... On s'en est débarrassé dans les années, quoi, 1920?

La super héroïne née de l'imaginaire ambivalent d'un psychologue américain (un homme), est en réalité une icône hypersexuelle qui passe sa vie en culotte aux couleurs du drapeau, les seins dressés vers des types qui ne pensent qu'à l'attraper. Non, je ne suis pas Wonder Woman.

Le mythe de l'amazone

Vous souvenez-vous de l'histoire originale? Wonder Woman est en réalité la princesse Diana, originaire de Themyscira, une île peuplée d'amazones. Wonder Woman est une amazone. Elle est de ces femmes qui se coupaient un sein pour mieux tirer à l'arc et tuaient leur progéniture mâle parce qu'elles détestaient absolument les hommes, qu'elles utilisaient exclusivement comme géniteurs. Tiens, on dirait un cliché féministe, de ceux que brandissent les opposants à l'égalité des sexes. Le mythe de la femme haineuse et violente qui veut prendre le pouvoir. Ce n'est pas vraiment moi. Ce n'est pas vraiment vous. Non, je ne suis pas Wonder Woman.

Et puis, juste pour finir, vous savez pourquoi elle a quitté son île, l'amazone en culotte? Eh bien c'est pour suivre un homme. Elle a tout plaqué pour un type, Steve Trevor, officier de l'Air Force (Ah le prestige de l'uniforme!). Arrivée aux États-Unis, elle devient tout d'abord infirmière de l'armée puis assistante personnelle de son cher Steve... J'imagine que si la BD avait été écrite par une femme, le destin de Wonder Woman aurait été quelque peu différent. Une féministe l'aurait promue au rang de pilote, elle aussi, ou même commandant, pourquoi pas, avec ses super compétences, elle le méritait bien. Mais, voilà, le scénariste était un homme et l'héroïne légendaire est une poupée magique, un fantasme sexuel pour adolescents curieux, une femme improbable qui ne nous représente pas. Non, je ne suis pas Wonder Woman.

L'ONU, représenté par son Secrétaire général, a certainement commis une erreur en choisissant une héroïne de bande-dessinée comme ambassadrice de sa campagne féministe. Tant de femmes réelles ont pourtant marqué l'histoire et auraient mérité cet honneur. Dommage. Dommage également d'avoir manqué l'occasion de nommer pour la première fois de son histoire une Secrétaire générale à sa tête. Pourquoi ne suis-je pas étonnée?

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