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En faveur d'une hausse des frais de scolarité

Je ne sais pas ce qui me prend ce matin. Mais, je me lance tout de même. Et, je le dis haut et fort : «Je suis en faveur de l'augmentation des frais de scolarités». Oui, oui, vous avez bien lu. Je suis en faveur de l'augmentation des frais de scolarité. Mais, avant de recevoir les insultes, je désire m'expliquer.
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Je ne sais pas ce qui me prend ce matin. Mais, je me lance tout de même. Et, je le dis haut et fort : «Je suis en faveur de l'augmentation des frais de scolarités». Oui, oui, vous avez bien lu. Je suis en faveur de l'augmentation des frais de scolarité. Mais, avant de recevoir les insultes, je désire m'expliquer.

Pourquoi je suis en faveur d'une telle hausse? Dans un premier temps, parce que je crois que l'augmentation est raisonnable. Dans un second temps, parce que je crois qu'il faut penser aux générations actuelles et futures. Et finalement, parce que je pense qu'il est important de considérer les capacités de payer de l'État québécois.

Une augmentation raisonnable

À l'heure actuelle, les pressions sur le budget de l'État sont considérables. La population vieillit, la proportion de travailleurs diminue et les dépenses montent en flèche. Dans un tel contexte, où les ressources sont limitées, il est important de faire des choix. Des choix de société. Présentement, le Québec est la province canadienne où les frais de scolarités sont les moins élevés. En 2009, les dépenses moyennes par ménage pour les études postsecondaires étaient de 2013 $ au Québec et de 6346 $ en Colombie-Britannique. La moyenne nationale était pour sa part de 4674 $. L'écart entre le Québec et les autres provinces est énorme. Et là, on ne compare même pas avec d'autres pays tels que les États-Unis, où les frais sont beaucoup plus élevés et l'accessibilité extrêmement difficile. Un montant de 325 $ par année pendant 5 ans ne permettra même pas au Québec d'atteindre la moyenne nationale de 2009. Ce qui est donc très raisonnable.

Penser aux générations actuelles et futures

Pour bien vivre en société, il faut savoir partager et ce, autant entre les générations actuelles qu'avec les générations futures. Il faut penser aux besoins de ceux qui ne sont pas encore nés, aux besoins de nos aînés, tout comme à ceux des plus jeunes. En matière d'éducation, il y a des besoins beaucoup plus criants. Par exemple, quand allons-nous enfin nous attaquer à la problématique du manque de ressource chronique en évaluation et adaptation scolaire dans nos écoles primaires et secondaires? Dans certaines régions du Québec, les services d'orthophonie, d'orthopédagogie, etc. sont extrêmement difficiles à obtenir et dans bien des cas, la liste d'attente est de plus de 18 mois. Ce qui est très long dans la vie d'un enfant. Au cours de cette période, ces enfants, qui sont très nombreux, accumuleront un retard scolaire important et les répercussions pourront être considérables (démotivation, baisse d'estime de soi, décrochage scolaire, etc.). Ne serait-il pas mieux d'investir dans ces enfants afin de leur donner la chance d'obtenir un jour leur diplôme d'études secondaires, au lieu de nous accorder encore une faveur - il faut se rappeler que les frais de scolarité sont gelés depuis très longtemps -, à nous, étudiants universitaires « gâtés »?

Un droit? Non, un privilège

Accéder aux études supérieures n'est pas un droit, mais un privilège et nous sommes chanceux. Au Québec, les coûts sont extrêmement faibles. Bien entendu, l'accès à une éducation de base est un droit. Or, décider ou non de poursuivre des études universitaires est un choix. Une décision que l'on prend et l'on doit y contribuer. Ce n'est pas à la société d'assumer les frais reliés à nos décisions. Dans un contexte, où les ressources sont restreintes, il faut faire sa part et penser aux autres.

La plupart des étudiants universitaires ont à cœur le développement durable. Or, au-delà du volet « environnemental », le développement durable possède aussi un volet « social ». Et, l'éducation et la santé en font partie. Le développement durable de la société québécoise, de la société dans laquelle j'évolue, me tient à cœur et je souhaite laisser aux générations futures l'accès à l'ensemble des services extraordinaires dont j'ai bénéficié et dont je bénéficie présentement et je suis prête à contribuer pour permettre à ces générations d'avoir accès à ces services, mais aussi afin de permettre aux citoyens actuels qui ont des besoins beaucoup plus criants que les miens, de pouvoir bénéficier de soins ou de services qui leur permettront d'assurer leur avenir ou leur qualité de vie. Je ne vois pas pourquoi l'État devrait prendre à ces derniers afin de financer mes études. Car, en effet, il faut bien qu'il prenne cet argent quelque part. L'argent ne pousse malheureusement pas dans les arbres.

Pour une saine gestion des fonds publics

Ainsi, je suis prête à faire ma « juste » part. Or, cette part ne doit pas avoir été déterminée de manière « arbitraire ». Donc, je suis en faveur d'une augmentation des frais de scolarité et ce, si et seulement si, une gestion extrêmement rigoureuse des ressources est effectuée et que l'on ait démontré avec précision le manque à gagner en terme de financement. Des désastres tels que l'ilot voyageur ne doivent plus se reproduire. Une meilleure gestion des fonds publics est indispensable, et ce, pas uniquement en éducation, mais dans tous les secteurs. Mettre en place un péage sur les autoroutes? Je suis totalement en accord. Cependant, à condition que les coûts de constructions des routes ne soient pas artificiellement gonflés. Je suis prête à contribuer lors de mes visites médicales. Or, je m'attends à une gestion plus efficiente de nos services de santé, etc.

On est capable de faire une meilleure gestion de nos fonds publics. Or, il faut en avoir le courage. Ainsi, avant d'aller chercher de l'argent dans les poches des étudiants ou des contribuables, il faudrait, dans un premier temps, chercher à optimiser l'utilisation des ressources actuelles. Dans un second temps, établir le manque à gagner et finalement, répartir la facture entre l'ensemble des parties prenantes, et ce, en prenant compte des capacités de payer de chacun. Je m'attends à ce qu'il y ait une facture au final, peut-être même que cette facture sera plus élevée que celle présentement proposée. Or, ce n'est pas cela le problème, je souhaite uniquement qu'on m'assure que c'est véritablement le manque à gagner et surtout, qu'une saine gestion de ressources sera effectuée.

Pour qui voter aux prochaines élections?

J'en profite aussi pour lancer un autre message. Le parti politique qui saura obtenir mon vote aux prochaines élections, ne sera pas celui qui me fera de belles promesses pour lesquelles il n'a pas les moyens ou qui proposera de tout détruire pour mieux reconstruire ou encore, qui prétendra en faveur d'une hausse des frais de scolarité sans justifier ses chiffres. Je désire des options réalistes et sensées qui permettront à l'ensemble de la société québécoise d'avancer vers un objectif commun : vers une meilleure société où les ressources sont utilisées de manière optimale.

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