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Demandeurs d’asile : un fiasco signé Trudeau

Le problème, ce n'est évidemment pas les Haïtiens qui traversent notre frontière, le problème, c'est l'impression que notre frontière n'est pas respectée.
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Si Ottawa décidait de suspendre l'Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis, les demandeurs d'asile haïtiens pourraient faire leur demande en bonne et due forme en passant par les postes frontaliers.
Christinne Muschi / Reuters
Si Ottawa décidait de suspendre l'Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis, les demandeurs d'asile haïtiens pourraient faire leur demande en bonne et due forme en passant par les postes frontaliers.

Lorsque les tremblements de terre des 12 et 20 janvier 2010 ont littéralement dévasté Haïti, les Québécois se sont tous sentis interpellés par cette affreuse tragédie.

Haïti et le Québec ont une relation particulière basée sur une proximité culturelle et un attachement profond entre nos deux peuples. Si Haïti a besoin du Québec, nous répondrons présents sans hésiter.

La communauté haïtienne québécoise est l'exemple même d'une intégration réussie. Il n'y a pas un secteur de l'activité humaine où des femmes et des hommes issus de la communauté haïtienne n'ont pas fait leur marque au Québec. La communauté haïtienne nous rend fiers.

Lors des tremblements de terre de 2010, la mobilisation chez nous a été grande. Rappelons que le téléthon Ensemble pour Haïti et les différents appels à la générosité ont permis de recueillir des millions de dollars en don pour la Croix-Rouge. Rappelons que le Québec a accueilli aussi une dizaine de milliers de ressortissants haïtiens. Jamais personne ne s'est opposé à la volonté de nos gouvernements de venir en aide à la population d'Haïti.

Depuis quelques mois, cependant, des milliers d'Haïtiens arrivant des États-Unis, menacés d'expulsion, traversent illégalement la frontière canado-américaine pour venir demander asile au Canada. Ils n'ont pas le choix. Comme l'explique le CCPR, « en vertu de l'Entente sur les tiers pays sûrs, une personne qui fait une demande d'asile à un poste frontalier canado-américain sera renvoyée aux États-Unis pour déposer sa demande là-bas, à moins qu'elle ne réponde à une des exceptions limitées de l'Entente ».

Cette situation qui traîne depuis trop longtemps menace la sécurité des demandeurs d'asile et crée un sentiment d'insécurité et de méfiance de la part de la population en général.

Puisqu'ils ne peuvent utiliser les voies légales pour entrer au Canada, les demandeurs d'asile traversent par des sentiers dans la forêt de l'État de New York jusqu'au Québec. Cette situation qui traîne depuis trop longtemps menace la sécurité des demandeurs d'asile et crée un sentiment d'insécurité et de méfiance de la part de la population en général.

Selon un sondage SOM d'août 2017, 51 % des Québécois estiment que les autorités devraient empêcher les demandeurs d'asile d'entrer au Québec directement à la frontière. Et près de 40 % croient qu'une arrivée importante de réfugiés rendra le Québec moins sécuritaire.

Les inquiétudes ne viennent pas de l'origine des demandeurs d'asile, ça n'a rien à voir. Elles viennent des moyens utilisés pour entrer chez nous.

La question des demandeurs d'asile a fait les manchettes durant presque tout l'été : les camps de l'armée canadienne installés en Montérégie, les installations de fortune au Stade olympique, les coûts liés à leur accueil, les manifestations pour et contre, tout y est passé.

Et puis une certaine élite bien-pensante a décidé que toute personne voyant des problèmes avec la question des réfugiés illégaux faisait preuve d'intolérance, et pire, attisait les braises de l'intolérance dans la population. Pour ces tenants de la pensée unique multiculturaliste, ceux qui dénoncent les moyens utilisés pour entrer au Québec rejettent nécessairement les demandeurs d'asile eux-mêmes. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.

Le problème, ce n'est évidemment pas les Haïtiens qui traversent notre frontière, le problème, c'est l'impression que notre frontière n'est pas respectée.

Mauvaise cible. Le problème, ce n'est évidemment pas les Haïtiens qui traversent notre frontière, le problème, c'est l'impression que notre frontière n'est pas respectée. Et ça, c'est dû à la négligence d'Ottawa.

Si Ottawa décidait de suspendre l'Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis, les demandeurs d'asile haïtiens pourraient faire leur demande en bonne et due forme en passant par les postes frontaliers. Si Ottawa expliquait mieux aux demandeurs d'asile basés aux États-Unis les modalités pour pouvoir entrer au Canada, si Ottawa augmentait les ressources aux postes-frontière, si Ottawa transférait au Québec les sommes nécessaires pour faire face à une entrée importante de demandeurs d'asile, si Ottawa cessait de faire preuve de négligence et de légèreté dans ce dossier et commençait à travailler dans le sens du monde, on n'aurait pas ce monumental fiasco de relations humaines que nous avons actuellement.

Le gouvernement de Justin Trudeau a été négligeant depuis le début dans ce dossier. Résultat : des milliers de demandeurs d'asile se feront refuser leur entrée ici, les relations entre la communauté haïtienne et les Québécois en seront affectées et les Québécois continueront à se diviser entre eux, se traitant d'intolérants, de racistes et de xénophobes comme on l'a vu tout l'été.

Ne vous méprenez pas. Le problème, dans ce dossier, ce n'est pas l'intolérance. C'est la désinvolture de Justin Trudeau et la négligence de son gouvernement.

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