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Verrons-nous PKP remercier le premier ministre du Québec de lui sauver temporairement sa vie politique?
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Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois, chef de l'opposition officielle, député de la circonscription de Saint-Jérôme doit se sacrifier pour la cause souverainiste et quitter la politique. Pour sauver ce qui reste de son ex-couple (ou son futur couple), pour épargner ses enfants des turbulences politiques à venir, pour ne pas obstruer le chemin vers l'indépendance, pour son bien-être psychologique et pour assurer sa description honorable dans les livres d'histoire.

En effet, ne serait-il pas mieux pour les générations à venir de lire que PKP a intelligemment laissé la place à d'autres pour mener ce projet de vie qui lui tient autant à coeur que de lire qu'il a échoué dans ses tentatives répétées à partir de 2018 d'obtenir le pouvoir et la possibilité d'indépendance (ou d'avoir raté le énième référendum sur la souveraineté)? Mais est-ce le projet d'indépendance qui lui tient à coeur ou le prestige que lui le réalise?

Les derniers jours semblent démontrer qu'il veut garder son poste et se rendre aux élections de 2018, mais peut-être croit-il vraiment qu'il peut transformer la province en pays dans les cinq prochaines années. Si je m'appuie sur l'aveuglement massif des membres du PQ, aveuglement qui a permis à Couillard (qui n'était pas le favori au départ) d'écraser Marois presque littéralement aux dernières élections, j'ai bien peur que PKP, ses lieutenants et tous ses fanatiques de la souveraineté s'en aillent tout droit dans le mur peint comme une fausse piste cyclable par le Parti libéral et l'empire Gesca.

PKP, piste cyclable et nids de poule

Rappelons les événements récents. Le magazine Enquête de Ici Radio-Canada prétend que Québecor Inc. (alors appelé Quebecor) se servait de paradis fiscaux durant la présidence de PKP. Tout bon entrepreneur qui aime les profits dirait, bof! Où est le problème?

Paul Martin, ex-premier ministre du Canada, aurait utilisé les paradis fiscaux pour sa Canadian Steamship Line (CSL) dont les bateaux vont et viennent sur le Saint-Laurent et personne ne s'en est trop formalisé. Oui, les paradis fiscaux c'est sale, c'est méchant, ça sent pas bon, pourtant tout entrepreneur sérieux les utilise quand il le peut à moins d'être un pieux Messie comme Mr. Simons.

Le profit mon cher, le profit. Le problème est que l'économie est globale et que si vous n'utilisez pas les paradis fiscaux, votre voisin va le faire. C'est comme les pacifistes qui disent, à bas les armes, pendant que votre pays voisin vous envahit avec ses chars d'assaut. Il faudrait que tous abandonnent les paradis fiscaux en même temps. Peut-être, une invasion extra-terrestre ou un astéroïde destructeur se dirigeant vers la Terre pourrait nous y forcer.

Pour revenir à PKP, la rancoeur populaire (et surtout celle de Gesca) n'est pas tant l'utilisation de ces outils financiers éthiquement discutables, mais plutôt qu'il aurait menti en disant qu'il n'a jamais créé de paradis fiscaux quand il était aux commandes de Quebecor. Cette affirmation qui ne date pas seulement d'il y a quelques jours (comme cet article de l'Actualité le révèle) est ce qui a mis la puce à l'oreille des journalistes et vous obtenez un reportage de l'émission Enquête. Mais je dois avouer qu'il aurait été étonnant que ce soit TVA qui révèle ceci.

Comme le paysage médiatique québécois est contrôlé soit par Gesca fédéraliste, soit par Québecor Inc. souverainiste, vous assistez à une partie d'échecs de nouvelles dont les grands perdants sont les lecteurs/auditeurs. (On ne peut que féliciter Huffington Post Québec de ne pas tomber dans cette chicane médiatique et rester neutre et diversifié).

Quoi qu'il en soit, PKP s'est mis à patiner à partir de ce moment et comme l'hiver est doux, ce n'est pas qu'il était dangereux de glisser sur la glace, mais plutôt de couler au travers. Je dois signaler le génie de la compagnie de gestion de crise de PKP. Alors que son couple s'était séparé en secret auparavant, après un mariage absolument people, qu'est-ce que ces virtuoses du sauvetage ont concocté pour sortir PKP de sa patinoire mortelle? Une plus grosse crise encore!

Et ça marche. Le peuple féru de peoplitude a tout simplement liché avidement la nouvelle de la séparation de Pierre Karl et Julie. Et les paradis fiscaux? Quels paradis fiscaux? Parce qu'il est scientifiquement prouvé que les malheurs des grands nous amusent.

Puis, dans un geste empathique (ou n'est-ce que le hasard des événements?), Couillard tire le tapis sous les journalistes de Gesca et les force à s'intéresser à son nouveau conseil des ministres. Verrons-nous PKP remercier le premier ministre du Québec de lui sauver temporairement sa vie politique? Après avoir annoncé qu'il avait besoin de temps après la nouvelle de sa séparation, moins de 48 heures plus tard le voilà commenter les choix de Couillard et mettre un couvercle (en béton ou en carton?) sur son possible retrait de la vie politique.

Jean-François Lisée avait donc raison. Cet être exceptionnellement intelligent, mais pas de façon émotionnelle avait alerté tout le monde que PKP n'était peut-être pas le sauveur de la souveraineté. Et s'il y a quelqu'un qui tient plus à la souveraineté qu'à son avenir politique, c'est bien Jean-François Lisée. En dénonçant le leader naturel du PQ, il s'est peinturé dans un coin rempli de livres savants, mais le bonnet d'âne ne sera jamais sur sa tête.

Les dérives des méandres des louvoiements du chemin vers la séparation du Québec

Contrairement à ce que Robert Lepage pense, la souveraineté n'est pas la réponse à une lutte des classes. Même si le manifeste du FLQ était parsemé de prêchi-prêcha communiste, c'était la mode à l'époque quand vous étiez de gauche d'être syndicaliste et communiste. Aujourd'hui si le FLQ rédigeait son manifeste, nous aurions droit à un ennuyant discours écologique et sur le réchauffement climatique (qui est un réel problème) mais qui n'a rien à voir avec l'intention de séparer le Québec de la fédération canadienne.

L'intérêt de se séparer du Canada est de pouvoir contrôler notre destinée. Nous étant ceux qui parlent français, et je préciserais ceux qui parlent québécois. Et oui, c'est triste à dire, mais je comprends tout à fait les anglophones du Québec à ne pas vouloir se séparer. Ils n'ont absolument aucun intérêt à le faire (bien au contraire) et si j'étais né anglophone je serais opposé aux séparatistes.

(Une petite parenthèse sur les mots séparatistes, indépendantistes, souverainistes. Dans mon temps, quand on parlait de souverainistes, on parlait de ceux qui veulent d'une souveraineté-association comme René Lévesque et Lucien Bouchard, un concept qui garde encore passablement de liens avec le Canada, contrairement à l'indépendance, comme le voulait Jacques Parizeau, qui est carrément la création d'un pays. Mais aujourd'hui, tous ces mots se sont mélangés et un souverainiste est quelqu'un qui veut que le Québec soit un pays entièrement séparé du Canada.)

Mais pourquoi se séparer? Ne sommes-nous pas bien dans le Canada? Peut-être, mais pour avoir connu jadis un Québec prospère, un récent tour du Canada anglais m'a montré comment l'économie là-bas fleurit et ici semble se flétrir. Est-ce à cause de la corruption rampante au Québec? Je ne le sais pas. Mais on peut supposer que quand une usine de pièces d'avions est à construire au Canada, il y a neuf autres provinces et trois territoires qui peuvent être choisis avant le Québec.

Le Canada n'est pas deux solitudes. C'est au moins six ou sept. Les habitants de la Colombie-Britannique se sentent plus proches de la Californie que de Toronto. Les Prairies ont un ressentiment envers le centre. L'Ontario et le Québec sont le centre depuis longtemps, mais de langages différents Les maritimes ont leurs intérêts propres à eux et Terre-Neuve n'est canadien que depuis 1949. Je n'oublie pas les territoires qui sont majoritairement amérindiens.

Toutes ces régions devraient au moins avoir le désir de devenir autonomes selon moi, mais elles ne le font pas, sauf une. Le Québec. Elles ont des cultures différentes, des défis différents et pourtant elles veulent toutes rester dans la fédération parce qu'elles ont une langue commune, qui est aussi la langue dominante en Amérique du Nord. Oubliez la conquête de 1759, oubliez les rebellions de 1837, les enjeux sont différents maintenant mais il demeure que la langue justifie le désir de séparer, pas pour sauver la langue, car elle se protège assez bien quand même (quoique ça serait encore mieux dans un pays francophone) mais pour accélérer la prospérité de notre peuple. Il n'y a pas juste Québecor Inc. qui désire une plus grande profitabilité. Le peuple québécois y a droit aussi.

Une séparation «naturelle»

Je ne me ferais pas d'amis séparatistes en disant que je suggère un référendum à 67% pour être valide. Cela donne deux fois plus de Québécois qui désirent la séparation que ceux qui n'en voudraient pas, ce qui me semble légitime. Car à 40% en essayant de convaincre le 10% plus un de «mous» pour créer un pays fondé sur une base de guerre civile, je ne crois pas que c'est une bonne idée. On a vu ce que ça a donné en 1995 et si le plus un avait été du côté du Oui, il aurait été surprenant qu'un Canada dirigé par Jean Chrétien nous ait laissé gentiment partir quand la moitié de la province demeure encore «canadienne» dans son âme. Et je ne crois pas que ceux qui sont indifférents au résultat soient si nombreux.

Très sérieusement, l'armée canadienne organisait ses exercices militaires à ce moment en supposant un ennemi qui aurait été la province du Québec. Un gouvernement fédéral qui perdrait une province par un seul vote alors que le Québec n'a aucune armée, aucun allié militaire (oubliez les États-Unis, ils sont du bord du Canada anglais) autre que l'opinion publique mondiale, serait très embêté ou très généreux de ne pas utiliser ses troupes.

Pour toutes ces raisons, forcer la souveraineté dans la gorge du peuple comme PKP le voulait par son institut de recherche sur l'indépendance me semble une tactique assez discutable. Le peuple francophone québécois se trouvera quand il se trouvera et si on est trop imbécile pour se trouver peut-être on ne mérite pas un pays. Et si à un moment donné on se sent vraiment génocidé, il sera toujours temps de faire une révolution comme la majorité des pays font quand ils veulent se créer. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas combattre la propagande du camp fédéraliste.

PKP, laisse-nous libre le chemin de la souveraineté

Depuis 1976 et un peu avant, la souveraineté est exclusivement associée au Parti québécois alors que ce ne devrait être qu'un véhicule. Beaucoup confondent souveraineté et Parti québécois au pouvoir. Maintenant que PKP est tombé à vélo sur la route de l'indépendance, il empêche le peloton derrière de continuer. Je ne parle pas nécessairement des autres partis qui se vantent d'être souverainistes et ceux aussi qui contemplent la vampirisation du Parti québécois.

Et si la souveraineté arrivait par l'éclatement du Canada? Peut-être ce serait mieux d'instiller des sentiments séparatistes dans les autres provinces plutôt qu'ici. Dans un Canada en morceaux, le Québec serait obligé de se séparer. Quel dommage. La confédération date de 1867 seulement, ça ne veut pas dire qu'elle va durer 1000 ans. L'histoire montre que les fédérations sont dures à maintenir. Dans le livre sur le référendum de 1995, Confessions post-référendaires, Chantal Hébert et Jean Lapierre révèlent que la Saskatchewan était près à se séparer à la victoire du Oui et s'annexer aux États-Unis.

Dans mon premier billet sur le Huffington Post Québec, je disais que je laissais la chance à PKP. Et bien comme tout bon chef d'entreprise qu'il sait être, il devrait se congédier lui-même puisqu'il n'a pas livré la marchandise, accumule les erreurs et est poursuivi par les déboires de sa vie personnelle. Les électeurs «mous» sont probablement ceux aussi qui votent pour des choses superficielles comme des beaux cheveux, un beau visage et une vie de famille parfaite. C'en est désolant, mais la vie amoureuse tumultueuse de PKP, l'homme d'affaires, ne fait pas le poids devant la vie privée monolithiquement stable d'un certain docteur.

Vous auriez dû écouter Lisée, membres sectaires du Parti québécois.

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