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Je suis un indépendantiste enragé et j'ai voté Trudeau

Nous voilà en août 2015 et le Bloc me redemande une extension de son contrat. Eh bien non, c'est désolé. Il y a plus urgent pour le Québec, qui est encore à l'intérieur du Canada. Nous devons renvoyer le dictateur Harper qui façonne le pays à son image qui plaît sur certains points, mais qui endommage beaucoup plus sur d'autres.
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Je suis un indépendantiste depuis toujours, il me semble. Pas un souverainiste, non. Un indépendantiste. Je veux un État souverain qui s'appelle le Québec et qui sera mon pays. Tout comme le Canada est un État souverain selon la convention de Montevideo et tout comme les Tuvalu sont aussi un État souverain.

J'ai intériorisé la crise d'Octobre en poupon. J'ai pleuré de bonheur à la victoire du Parti Québécois en 1976. J'ai pleuré avec René Lévesque dans le téléviseur à la défaite du camp du OUI en 1980. Je n'ai rien compris aux chicanes constitutionnelles de 1982 sauf qu'on s'éloignait de la Reine et ça me plaisait. Mon coeur francophone s'est rempli d'espoir avec l'accord du Lac-Meech en 1987 pour se remplir de haine en 1990 quand l'accord a échoué. J'ai voté NON sans hésitation à l'accord de Charlottetown en 1992. En décembre 1994, j'ai veillé devant l'hôpital St-Luc où Lucien Bouchard combattait la bactérie mangeuse de chair.

Puis, en 1995, au défilé de la Saint-Jean-Baptiste vers le Stade olympique, j'ai senti la naissance du pays comme jamais auparavant. C'est le plus beau souvenir de mon épopée indépendantiste que je retiens à date. Largement ignoré, ce rassemblement très politisé prédisait le 50% + 1 (mais de quel côté?) vers lequel nous nous dirigions en octobre 1995. Le soir du référendum, j'ai ressenti de la grande lassitude au résultat volé (c'est mon opinion) donnant le NON victorieux. J'ai sursauté en entendant le discours de Parizeau. Et j'ai refermé mon coffre indépendantiste pour les décennies à venir.

Les raisons de souhaiter que cette province devienne un pays ont toujours été les mêmes pour moi. Économique et culturelle. Je ne veux pas qu'Ottawa envoie son argent vers l'Ontario ou l'Ouest au détriment du Québec, juste à cause de la différence de langage et culture. Se séparer du Canada augmente les chances de survie du fait français en Amérique, car le Canada ne protège pas vraiment la culture francophone malgré une politique bilinguiste. J'ai vu le français perdre du terrain dans le ghetto McGill et j'ai connu un Ottawa vraiment bilingue, ce n'est plus le cas de nos jours.

Pendant tout ce temps, j'ai laissé la chance au Bloc québécois, comme on laisse un enfant jouer dans le parc sans surveillance, sachant qu'il est assez grand pour revenir de lui-même. J'ai même voté Bloc en 2011 pendant que tout le monde se peignait en orange zen. Essayant de comprendre ces Québécois qui se laissent porter par les vagues tel du varech, j'ai anticipé erronément une vague CAQ en 2012, quoique j'étais content que Marois détrône Charest. Je suis même devenu membre du Parti québécois, chose que je n'avais jamais tentée auparavant. Mal m'en prit, car j'y ai rencontré des fanatiques et des disciples de gourous qui ne pouvaient qu'annoncer la défaite cuisante de 2014 devant leur aveuglement.

Je laisse la chance à PKP, comme un joueur de roulette russe qui est rendu à son 5e essai. Et nous voilà en août 2015 et le Bloc me redemande une extension de son contrat. Eh bien non, c'est désolé. Il y a plus urgent pour le Québec, qui est encore à l'intérieur du Canada. Nous devons renvoyer le dictateur Harper qui façonne le pays à son image qui plaît sur certains points, mais qui endommage beaucoup plus sur d'autres. Alors que je pensais que le Canada s'approcherait des Pays-Bas en terme de valeurs, voilà que le Canada est plus Bible Belt que les États-Unis le sont. Il faut battre Harper, c'est une obsession.

Ah tiens donc, le NPD est en tête. Votons donc NPD le 19. Ah tiens donc, le PLC est en tête. Votons donc Trudeau le 19. C'est aussi simple que ça, ce calcul. Si le Parti vert avait pu battre Harper, j'aurais voté vert. Malheureusement, le Bloc ne pouvait me garantir la défaite des conservateurs et même pire, il pouvait même contribuer à leur réélection par inadvertance. Désolé Gilles, ton cheval avait une trop mauvaise cote. Il y a aussi une raison indirecte de voter pour la dynastie Trudeau. Le mouvement indépendantiste (ou souverainiste, peu importe) n'est jamais aussi fort que quand Ottawa nous méprise.

Nous ne sommes pas morts. Nous ne faisons que dormir profondément. Depuis 20 ans. Et quand il y aura menace, nous nous réveillerons.

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