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Le pétrole, la pire option pour Anticosti

L'enjeu sur Anticosti, c'est l'habitat. Quand il sera détruit, il n'y en aura pas un de rechange en magasin.
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Je réagis aujourd'hui à la lettre d'opinion d'un biologiste à la retraite, Robert Joyal, publiée dans La Presse. Il a enseigné à l'UQAM pendant 20 ans. Dans sa lettre, il évoque sa tentative admirable de redonner vie à l'île d'Anticosti dans les années 80.

Cet homme à la belle auréole de scientifique semble dire qu'il n'y a plus rien à faire que de saccager l'île. La dernière possibilité de survie pour les gens qui l'habitent est le pétrole. J'aimerais bien discuter avec lui afin de connaître la motivation de sa lettre d'opinion. Avait-il besoin d'un peu d'argent pour combler ses revenus de pension trop faibles? A-t-il réellement baissé les bras quant à sauver ce joyau naturel qu'est l'île d'Anticosti?

En deux clics (recherche rapide sur Google), j'ai découvert que ce biologiste «s'adonne à la spéculation» du domaine minier depuis plus de 40 ans. Voilà qui démolit passablement son aura verte! Son site web personnel [http://robertjoyal.ca/] titre en page d'accueil: «Les minières exploratrices - Occasions d'investissement pour spéculateurs avisés».

Mais l'homme présente sa lettre d'opinion avec son seul «chapeau» de biologiste et oublie sciemment les autres. Son opinion: on a tenté de valoriser ce territoire et ça n'a pas marché. Alors saccageons tout, c'est la dernière option de survie pour les 275 personnes qui habitent là (interprétation libre).

Pour être franc, cette lettre me semble tout droit sortie de la campagne de communication d'une pétrolière. Faire publier une opinion citoyenne provenant d'une personne dont la carrière a été en lien avec l'environnement... c'est bien digne de cette industrie.

Elle utilise une triste logique. Prenons la phrase d'accueil (Fait-elle partie de la lettre de monsieur Joyal? Le lecteur moyen pourrait croire que oui), en haut du texte de monsieur Joyal, pour exemple: «Au moins si vous êtes contre le pétrole, utilisez votre vélo pour vous déplacer.» À ça je réponds impulsivement: «Si vous êtes pour la fluoration de l'eau, cessez au moins de vous brosser les dents.» Tant qu'à débiter des inepties!

Donc il y a eu au moins une tentative de valorisation de l'Île qui n'a pas été «rentable». Je suis certain que le tout est bien documenté. Il est possible qu'aucune des solutions tentées à ce jour n'ait donné de résultat pour «rentabiliser» l'île d'Anticosti. Mais est-ce une raison suffisante pour décider de tout saccager? Après le passage des pétrolières... après leur constat d'échec à elles aussi... que restera-t-il aux Anticostiens?

Faire visiter les «dégâts-derricks» abandonnés, dans un quatre-quatre, avec des masques à gaz, des gants et des bottes résistantes aux huiles?

Un tour guidé des fuites de méthane peut-être? Il serait fantastique de montrer une petite famille en camping pour qui allumer le feu de camp ne consiste qu'à trouver une série de bulles dans la rivière... Autrefois une rivière à saumon.

Imaginez la publicité de la SÉPAQ pour l'été 2032: «Nul besoin d'emporter des bonbonnes de propane, le gaz est disponible sur le site. Il ne vous faut qu'un tuyau de 20 pieds et un entonnoir». [ICI, un emplacement pour une pub de Canadian Tire].

Il faut réfléchir aux impacts réels des projets, arrêter de dire qu'on n'y peut rien. Il faut être critique, se positionner. L'enjeu, c'est l'habitat. Quand il sera détruit, il n'y en aura pas un de rechange au magasin.

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L'île d'Anticosti vue par le photographe Marc Lafrance

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