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Les questions biologiques sur la sellette!

L'année 2016 s'est achevée avec plusieurs tristes nouvelles sur le plan environnemental et biologique, mais a aussi été riche en rebondissements pour améliorer la sécurité de l'homme, de la faune et de la flore.
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Dans un récent billet, les faits saillants de 2016 en matière de climat, d'énergie et de science ont été revus. Complétons ici ce portrait environnemental en abordant les enjeux liés à la biologie comme la biodiversité, les OGM, les pesticides et autres produits toxiques de consommation courante. Ce complément permettra une perspective plus compréhensive des avancées environnementales de l'année dernière et des opportunités à saisir en 2017.

Les modifications au code génétique sont un sujet qui entraîne des réflexions éthiques depuis 1975. Les premiers organismes génétiquement modifiés (OGM) étaient des bactéries inventées pour nettoyer les déversements de pétrole ou encore pour produire de l'insuline nécessaire aux soins des personnes diabétiques. Ce n'est que dans les années 90 que les premiers aliments génétiquement modifiés apparaissent dans nos supermarchés, avec la tomate Flavr Savr. Aujourd'hui, les grandes cultures OGM dominent notre paysage agricole. En 2016, nous avons encore franchi une nouvelle étape avec l'approbation du premier animal génétiquement modifié pour consommation humaine au Canada, le saumon Aquadvantage.

Un gène de saumon Chinook a été introduit dans le code génétique du saumon atlantique permettant une plus grande résistance à l'eau froide et une croissance plus rapide. Bien que ces poissons soient stériles, et que les poissons soient élevés dans des enclos fermés, certains s'inquiètent d'une éventuelle échappée de ce poisson en milieu sauvage. L'Agence canadienne d'inspection des aliments concluait en 2016 que ce poisson ne représentait aucun risque pour la santé humaine et environnementale, écartant du même coup l'étiquetage obligatoire de cet OGM.

Mais plusieurs consommateurs veulent être informés de la nature exacte de leurs aliments et exigent l'étiquetage obligatoire. Pour y répondre, Québec songe à adopter une loi sur l'étiquetage obligatoire des OGM. En 2016, le Vermont devenait le premier État américain à adopter une telle loi, et plusieurs géants de l'alimentation dont Campbell, Whole Foods, Kellogg's et General Mills s'engageaient à diffuser la présence d'OGM dans l'ensemble de leurs produits vendus aux États-Unis.

Outre les modifications génétiques intentionnelles, il y a aussi beaucoup d'exemples de souci pour la diversité génétique des populations sauvages. En 2016, plusieurs espèces ont été ajoutées à la liste des espèces en voie de disparition du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Outre les caribous, il y a aussi l'emblématique papillon monarque, dont le statut est préoccupant. Bien que son stade le plus vulnérable soit les populations en hivernage au Mexique et en Californie à cause de la perte d'habitat, on s'inquiète aussi pour les générations qui remontent le continent vers le nord en période estivale. La menace qui pèse sur ces populations est d'une autre nature. En effet, la chenille se nourrit exclusivement d'asclépiade tandis que l'adulte cherche les sources de nectar dans les fleurs sauvages. L'utilisation généralisée et croissante des herbicides en Amérique du Nord, dont ceux à base de glyphosate, représente une menace importante à leur survie.

Que fait-on chez nous pour y remédier? L'Insectarium de Montréal avait depuis près de 20 ans un programme destiné à la sensibilisation et à l'étude de la dispersion des populations qui impliquait l'élevage et le relâchement de monarques étiquetés. Pour minimiser les risques liés à une réduction de la diversité génétique des monarques, l'Insectarium a décidé d'abandonner en 2016 ce programme à cause de nouvelles évidences scientifiques. Pour pallier à la baisse des populations d'asclépiades, la Fondation David Suzuki a étendu au Québec en 2016 son programme misant sur la participation du public qui a permis la plantation de plus de 15 000 semences et plantes dans les dernières années en Ontario. Enfin, en zone agricole, la culture du soyer d'Amérique (autre nom de l'asclépiade), qui pourrait aider aux populations de monarques, a connu une nouvelle avancée en 2016. En effet, c'était la première année que l'on commercialisait des vêtements isolés avec cette fibre extraordinaire au Québec.

Sur les aspects positifs, 2016 a aussi été l'année qui a marqué une protection définitive de l'habitat essentiel du béluga dans le Saint-Laurent en fonction de la Loi sur les espèces en péril. Travaillons maintenant avec acharnement pour constituer des aires marines protégées dans l'Estuaire dans l'année à venir.

Revenons sur le sujet des pesticides. L'année 2016 a été chaude pour le glyphosate, mentionné ci-dessus. L'utilisation de cet herbicide est en croissance constante au Québec et il est omniprésent dans les eaux de surface des zones en grande culture à des seuils pouvant être toxiques pour la faune et la flore. En 2016, on l'a retrouvé dans plusieurs produits alimentaires communs, comme les céréales Cheerios, les croustilles Doritos, les biscuits Oreo ou les craquelins Ritz! Après une véritable saga, l'Europe a presque empêché sa réhomologation en 2016, en lui accordant un sursis à court terme jusqu'à ce qu'un nouvel avis de l'Agence européenne des produits chimiques soit émis, puisque le glyphosate est un cancérigène probable selon le Centre international de recherche sur le cancer. Le Canada devrait justement livrer sa décision finale au sujet de ce pesticide en 2017.

Et le glyphosate n'est pas le seul pesticide préoccupant pour lequel on attend une décision en 2017. Une décision finale au sujet de l'atrazine, un autre herbicide retiré en Europe depuis plusieurs années, est aussi attendue en 2017. Enfin, Santé Canada planifie le retrait d'un insecticide de la famille néonicotinoïdes à cause du risque qu'il représente pour les insectes aquatiques à la base de la chaîne alimentaire des poissons et des oiseaux. En 2017, cette famille potentiellement associée au déclin des populations d'abeilles sera réévaluée par Santé Canada et un nouveau rapport de l'International Task Force on Systemic Pesticidesdevrait paraître.

Il faut dire que l'Agence de réglementation sur la lutte antiparasitaire s'était fait chauffer les oreilles pour des homologations conditionnelles à long terme de néonicotinoïdes par la Commissaire à l'environnement du Canadaau début 2016. Et au Québec aussi, le Vérificateur général a constaté des lacunes dans la gestion provinciale des pesticides, forçant une réponse adaptée des lois et règlements associés au Ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la lutte aux Changements climatiques qui devrait se poursuivre en 2017. Déjà, au niveau municipal, la Ville de Montréal a décidé d'utiliser le principe de précaution en bannissant l'usage des néonicotinoïdes sur son territoire l'année dernière.

Dernier sujet sur la table à dessin environnementale et biologique, posons maintenant notre regard sur les substances toxiques présentes dans nos produits de consommation courante. En 2016, le Canada a enfin reconnu comme toxiques les microbilles de plastique présentes dans les produits de soin personnel. Ces microbilles ne sont pas toutes enlevées des eaux usées aux stations d'épuration et se retrouvent dans l'environnement. Comme plusieurs substances toxiques peuvent s'y coller et qu'elles sont mangées par les poissons, on imagine le risque que cela représente. Souhaitons que les microbilles soient bannies à grande échelle et par tous les gouvernements du monde, mais pour l'instant, saluons les initiatives de plusieurs fabricants qui les ont volontairement exclues de leurs produits.

Par ailleurs en 2016, 19 produits chimiques ont été interdits dans les produits de soins personnels comme les savons antibactériens et les shampooings aux États-Unis. Le triclosan, la substance active la plus populaire, y était inclus. Santé Canada complétera bientôt son analyse du triclosan présent dans 1600 cosmétiques et produits de soin personnels, dont le dentifrice. On sait que le triclosan s'accumule dans l'environnement, qu'il pourrait favoriser la sélection de bactéries résistantes aux antibiotiques et potentiellement dérégler le fonctionnement des hormones chez les hommes (perturbateur endocrinien). Souhaitons donc que le Canada fasse usage du principe de précaution pour cette substance en 2017.

En conclusion, l'année 2016 s'est achevée avec plusieurs tristes nouvelles sur le plan environnemental et biologique, mais a aussi été riche en rebondissements pour améliorer la sécurité de l'homme, de la faune et de la flore. Espérons que les chantiers actifs en 2017 nous rapprocheront encore davantage d'un monde écologiquement plus riche et moins toxique pour tous!

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