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Trois milliards d'économies grâce à une assurance médicament 100 % publique

Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement Couillard, l'État a les moyens de maintenir, voire d'améliorer, le financement de nos services publics. Qu'attend-il pour agir ?
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L'achat de médicaments est la plus grosse dépense de l'État québécois en santé, après la rémunération des médecins. En 2012 seulement, ces dépenses se chiffraient à 7,5 milliards de dollars. Ces coûts sont d'ailleurs en constante augmentation. En fait, nous avons payé 30 % de plus que la moyenne des autres pays développés pour nos pharmacopées.

Cette situation est en grande partie causée par un régime d'assurance médicaments mixte (privé-public) qui ne permet pas de contrôler adéquatement les coûts. Le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec faisait d'ailleurs état de ce problème dans son rapport en 2015 [1]. Dans ses recommandations, il écrivait que le régime nous coûtait beaucoup trop cher et demandait à être révisé.

D'autres facteurs influencent les achats de médicaments. Par exemple, les compressions dans le domaine de la santé mentale font en sorte que les médecins prescrivent de plus en plus de médicaments, faute de ressources pour leurs patients.

Une assurance 100 % publique, rentable pour tout le monde

La Coalition solidarité santé, qui a lancé la campagne Le remède aux coupures, ça existe[2], prône la mise en place d'une assurance médicaments 100 % publique afin d'assurer une couverture équitable à l'ensemble de la population (12 % de la population ne peut pas payer ses ordonnances, faute de moyens !) et de mieux contrôler les coûts de nos médicaments.

On pourrait économiser beaucoup sur le prix des médicaments en négociant nos achats de manière regroupée (828 millions de dollars, en 2014, grâce à l'adoption d'un régime entièrement public selon le chercheur et professeur Marc-André Gagnon [3]). En plus, cela représenterait des économies importantes pour les travailleuses et travailleurs, et les employeurs. Le chercheur précise qu'avec une révision de la politique du médicament, ces économies pourraient être encore plus importantes.

Les primes annuelles pour les régimes d'assurance privés coûtent entre 650 $ et 1 500 $ par personne, et 80 % sont consacrés aux achats de médicaments. Un régime 100 % public représenterait donc des économies substantielles tant pour les employeurs qui cotisent au régime d'assurance de leurs employés que pour les travailleuses et travailleurs qui économiseront sur la prime et sur le prix des médicaments.

Tout le monde le fait, pourquoi pas nous ?

Mis à part les États-Unis, l'ensemble des autres pays développés offre une couverture publique leur permettant de payer leurs médicaments beaucoup moins chers. Lorsque l'on regarde vers la France ou l'Australie, on remarque que les coûts des médicaments sont de 16 à 40 % moins élevés qu'au Québec et qu'ils augmentent de 2 à 3 fois moins vite qu'ici.

En ces temps de compressions à répétition, au lieu de faire des économies de bout de chandelle, le moment serait venu d'envisager des économies à plus large échelle qui, pour une fois, amélioreraient les services à la population. Selon Marc-André Gagnon, le Québec pourrait réaliser des économies de 3,3 milliards par année [4]. Peut-on se passer d'une économie aussi substantielle ?

Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement Couillard, l'État a les moyens de maintenir, voire d'améliorer, le financement de nos services publics. Qu'attend-il pour agir ?

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