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Services publics: faire plus avec mieux

Aussitôt arrivé au pouvoir, le nouveau président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a mis en branle une propagande contre les travailleurs du secteur public. C'est loin d'être surprenant: cela fait plus de 40 ans qu'on nous sort le même discours à l'approche des négociations salariales.
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Aussitôt arrivé au pouvoir, le nouveau président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a mis en branle une propagande contre les travailleuses et travailleurs du secteur public. « Pas assez productifs ! », le ministre a même pointé son portefeuille en parlant des « citoyens payeurs de taxes ». On croirait entendre une chronique du midi sur les ondes de Radio X où le professeur Coiteux tenait tribune avant de se lancer en politique active.

C'est loin d'être surprenant remarquez bien. Cela fait plus de 40 ans qu'on nous sort le même discours à l'approche des négociations du secteur public. Question de préparer le terrain pour la bataille de l'opinion publique, j'imagine.

Les faits

Éditorialistes, chroniqueurs et ministres auront beau répéter autant comme autant les mêmes mythes, les faits demeurent : les personnes salariées du secteur public sont en droit de demander une amélioration de leurs conditions de travail. Voici quelques faits que je répète à mon tour avec plaisir.

Premièrement, les personnes salariées du secteur public accusent un retard salarial de 8,3 % par rapport à l'ensemble des autres personnes salariées québécoises. Leur pouvoir d'achat se détériore depuis les années 1980 et sans un bon coup de barre, il continuera de le faire. Il est difficile d'attirer la relève ou de conserver notre expertise dans des conditions pareilles. Saviez-vous que 35 % d'entre elles sont à statut précaire et gagnent en moyenne 25 000 $ par année ?

Gaspillage et mauvaise gestion

Est-ce qu'il y a du gaspillage de fonds publics ? Oui, certainement ! Nos membres sont les premiers à nous le souligner. Étant sur le terrain, ils voient des aberrations dans la gestion de l'argent de nos taxes et impôts.

Un recours accru à la sous-traitance coûte plus cher que de confier les tâches à des personnes salariées à l'interne et a l'effet pervers d'entraîner une perte d'expertise. On n'a qu'à regarder du côté du ministère des Transports pour voir le mal que cela peut faire ! Il en va de même pour les agences de personnel comme celles dans le milieu infirmier auxquelles on fait appel pour pallier une pénurie systémique de personnel au lieu de créer de véritables emplois durables.

Les partenariats publics privés (PPP) sont aussi la source d'importants dépassements de coûts et n'ont pas fait leur preuve en matière de réduction de ceux-ci. Ne prenons que les exemples du CHUM et du CUSM qui auront à eux seuls montré les très grandes limites du modèle.

Parlons aussi de l'augmentation du nombre de cadres pour implanter les principes de la nouvelle gestion publique dont je vous parlais dans mon billet précédent. Au cours des 10 dernières années, il a cru deux fois plus rapidement que le nombre de personnes salariées dans le secteur de la santé et des services sociaux. En éducation, on a embauché quatre fois plus de cadres que de personnes salariées.

Les contrôles administratifs sont de plus en plus importants, ils occupent jusqu'à 30 % du temps de travail des employées et employés des services publics. Ce temps qu'ils pourraient consacrer aux services à la population doit désormais être utiliser remplir des rapports qui seront lus par ces nouveaux cadres.

Faire plus avec mieux

Ce que les personnes salariées du secteur public demanderont au gouvernement, en somme, ce sont les moyens de bien faire leur travail et d'offrir les meilleurs services à la population. Le gouvernement de M. Couillard doit assurer la pérennité de nos services publics. Pour ce faire, il faudra offrir de meilleures conditions de travail à celles et ceux qui y travaillent afin d'attirer les meilleurs et de les garder.

Il faudra faire preuve de courage politique. Le courage, ce n'est pas de couper les services à la population qui servent de rempart contre les inégalités. Le courage, c'est de s'assurer de les financer adéquatement. Comment ? En regardant la colonne des revenus. Lutter contre l'évasion et l'évitement fiscaux, revoir les subventions aux entreprises, améliorer notre régime fiscal, taxer les véhicules de luxe, les idées ne manquent pas. Ce qui manque, c'est la volonté de se donner les moyens d'avoir les meilleurs services publics !

On nous demande constamment de faire plus avec moins et, pendant plusieurs années, les femmes et les hommes qui travaillent dans le secteur public l'ont fait. Ils ont porté ce fardeau et cette pression sur leurs épaules parce que oui, ils ont la vocation et le désir profond de servir la population du Québec. Imaginez si, pour une fois, on leur donnait les moyens de faire plus avec mieux.

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Avril 2018

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