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L'Institut Fraser a-t-il réellement la réussite des élèves à cœur?

Si l'Institut Fraser avait réellement la réussite des élèves à cœur, il plaiderait pour un réinvestissement massif en éducation, partout au pays, et non pour que les professeurs soient payés à la performance. À moins que la réussite des élèves ne soit pas vraiment leur priorité...
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Appelons le Fraser. L'Institut Fraser est un think tank conservateur. Depuis des années, il s'évertue à tenter de convaincre la population canadienne et les gouvernements successifs que les services publics sont inutiles, que tout le monde paie trop d'impôt et que l'on devrait confier l'entièreté des responsabilités gouvernementales au secteur privé, en éliminant toute forme de règlementation. J'exagère un peu, mais à peine.

L'éducation, comment cela se mesure ?

Alors même que l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) nous apprenait que les Canadiennes et Canadiens sont parmi les mieux instruits au monde, ce qui implique une bonne qualité de l'enseignement, l'Institut Fraser nous dit que le personnel enseignant serait incompétent et qu'il faut le motiver davantage. Comment ? En ramenant une de ses idées fétiches sur la table : payer le personnel enseignant à la « performance » afin qu'il soit plus motivé à mieux enseigner.

L'idée d'implanter une paye au mérite est ridicule à plusieurs égards. En effet, partout où l'on a eu la mauvaise idée de l'implanter, on s'est rendu compte qu'elle ne changeait strictement rien aux résultats obtenus par les élèves, au taux de rétention du personnel et à la motivation de ce dernier et des élèves. Bref, beaucoup d'efforts pour rien.

Par ailleurs, comment mesure-t-on la performance du personnel enseignant ? À la moyenne des notes de son groupe ? Au taux d'élèves ayant obtenu plus que la note de passage ? Comment quantifie-t-on le tout ? Comment s'assure-t-on de standardiser la chose pour que tous les membres du personnel enseignant soient évalués de la même façon ? Inévitablement, ça nous mène tout droit à la standardisation et à la perte d'autonomie professionnelle du personnel enseignant. Drôle de façon de valoriser la profession et l'éducation !

Comme le dit Joseph Stiglitz dans son livre Le prix de l'inégalité :

Il est presque insultant de supposer qu'ils ne font pas le maximum pour aider leurs élèves à progresser et que, en étant payés 500 ou 1 500 dollars de plus, ils feront plus d'efforts. Ici, le salaire incitatif peut devenir corrosif : il rappelle aux enseignants combien leur rémunération est lamentable, et, en attirant leur attention sur l'argent, il risque fort de les inciter à trouver un travail mieux rétribué ; il ne resterait plus alors dans les écoles que ceux qui ne peuvent faire rien d'autre que d'enseigner. (Si les enseignants se perçoivent comme des salariés mal payés, ce sera évidemment mauvais pour leur moral, et l'incitation sera négative.)

Une priorité nationale ?

Les compressions en éducation font rage partout au pays. L'éducation est la première cible des politiques d'austérité et le personnel de l'éducation est attaqué depuis des années, que ce soit au Québec, en Ontario ou, plus récemment, en Colombie-Britannique. Si l'Institut Fraser avait réellement la réussite des élèves à cœur, il plaiderait pour un réinvestissement massif en éducation, partout au pays. À moins que la réussite des élèves ne soit pas vraiment leur priorité...

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