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La démocratie? Pour faire quoi?

C'est la question que semble poser Stephen Harper cette semaine. Contestant le droit d'autodétermination du peuple québécois, le gouvernement conservateur remet en question rien de moins que la notion de majorité absolue! Malheureusement, nous sommes désormais habitués de voir le premier ministre nier des faits établis.
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C'est la question que semble poser Stephen Harper cette semaine. Contestant le droit d'autodétermination du peuple québécois, le gouvernement conservateur remet en question rien de moins que la notion de majorité absolue! Malheureusement, nous sommes désormais habitués de voir le premier ministre nier des faits établis. Après le réchauffement climatique, l'égalité entre les femmes et les hommes et la justice fiscale, c'est maintenant au tour de la démocratie telle qu'on la connaît de passer dans le tordeur de l'idéologie conservatrice.

La majorité absolue est l'expression de plus de 50 % des voix pour une option politique. Par exemple, la loi 99 adoptée par le gouvernement de Lucien Bouchard en 2000 affirmait qu'un résultat de plus de 50 % serait suffisant pour déclarer l'indépendance du Québec. C'est la règle qui prévaut également dans la plupart des démocraties occidentales et dans les codes de procédure de plusieurs organisations.

On ne peut plus clair

Le gouvernement de Stephen Harper, élu majoritaire avec seulement 39 % des votes exprimés, décide donc de remettre en question un principe démocratique plutôt élémentaire. Ce faisant, il rejoint la position du Parti libéral du Canada en la matière.

Bien entendu, monsieur Harper se garde bien de vouloir rouvrir l'épineux dossier de la constitution canadienne et passe par une route secondaire moins fréquentée plutôt que par la route principale pour tenter d'arriver à ses fins. Il a même tenté de profiter du discours du Trône, événement fort médiatisé, pour essayer de faire passer cette nouvelle sous le radar médiatique !

Contourner les règles

Un peu comme il l'a fait lors de différents projets de loi privés touchant la protection de l'environnement, l'avortement ou les droits des travailleuses et des travailleurs, le Parti conservateur n'ose pas aborder ce sujet de front.

Il ne faudrait surtout pas oublier les projets de loi mammouths adoptés sous bâillon au début du présent mandat conservateur. Ces exemples sont si nombreux qu'on peut maintenant parler d'un gouvernement de « style conservateur ».

Un combat à terminer contre le Québec

S'en remettant aux tribunaux pour trancher la question de la loi 99, par la bande, dans une cause qui dure depuis 12 ans, Stephen Harper remet bel et bien le dossier à l'ordre du jour. C'est pourtant son gouvernement qui a mandaté son procureur général pour qu'il demande à la Cour supérieure du Québec d'invalider la loi 99 !

On retrouve bien là le Stephen Harper du Reform Party. Aujourd'hui premier ministre, il poursuit le travail qu'il a amorcé comme jeune député avec son projet de loi C-341. Déposé en octobre 1996, ce projet de loi portait sur les termes et les conditions de la séparation du Québec. Les termes de celui-ci rendaient illégale toute déclaration unilatérale d'indépendance et niait la validité de la formulation d'une question référendaire sans le consentement de toutes les provinces. La constitution est un dada de Stephen Harper, sujet qu'il abordera en long et en large au sein de la National Citizen Coalition dès 1997. Cette question le préoccupe depuis longtemps, malgré son apparent détachement...

La démocratie, cet obstacle à la gouvernance conservatrice

Ce déni de démocratie est peu étonnant de la part d'un premier ministre qui refuse même de répondre aux questions des journalistes ! Il semble que la reddition de comptes et l'imputabilité ne plaisent pas à M. Harper qui préférerait sans doute pouvoir régner sans avoir à se justifier.

Les partis d'opposition ont unanimement dénoncé cette ingérence bien malvenue du gouvernement fédéral dans les affaires du Québec, tout comme ils avaient unanimement voté pour la loi 99. Le gouvernement Harper souhaiterait alimenter des querelles qu'il n'agirait pas autrement. Cette ingérence dans les affaires du Québec dénote un manque de respect flagrant... ou une mécompréhension totale du climat politique québécois !

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