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Le «gun à clous» dans le cercueil de la petite enfance

Il faut croire que le ministre de la Famille trouve que le démantèlement des centres de la petite enfance ne va pas assez vite à son goût.
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Il faut croire que le ministre de la Famille trouve que le démantèlement des centres de la petite enfance (CPE) ne va pas assez vite à son goût. Il ne veut pas seulement planter un clou dans le cercueil de la petite enfance, il veut le faire avec un «gun à clous» pour être sûr qu'il ne se rouvrira pas!

Dans mon dernier billet, j'expliquais que les politiques libérales en petite enfance étaient l'illustration parfaite d'une stratégie néolibérale de désengagement de l'État. Non content de suivre les chemins tracés par les Reagan et Thatcher de ce monde, le gouvernement libéral innove. On apprenait vendredi matin qu'il utilisera de l'argent public pour accélérer le processus de démantèlement et de désengagement!

Payer pour mettre à pied

Les nouvelles règles budgétaires données aux CPE prévoient une «allocation de transition» de 60 millions de dollars. Cette allocation, négociée par les associations de CPE et le ministère de la Famille, devrait normalement servir à compenser, pour un an seulement, les nouvelles compressions majeures imposées à notre réseau de la petite enfance afin de préserver les services offerts aux enfants.

Nous avions déjà été scandalisés par le fait qu'une partie de cette allocation de transition devait servir à payer pour des services de consultants en gestion et non à préserver les services aux enfants.

En lisant les documents et les directives que le ministère envoie aux CPE, nous apprenons maintenant que ces sommes peuvent également servir à payer les indemnités de départ d'employées et employés qui seront renvoyés ou, encore, les frais juridiques découlant de la contestation syndicale de ces mises à pied. Autrement dit, on paie les CPE pour renvoyer du personnel, tout ça sous le couvert de «l'optimisation de l'efficience».

Dans les faits, ce sont les enfants qui écopent

«L'optimisation de l'efficience» est un beau terme bureaucratique qui veut dire concrètement que nos enfants vont écoper. Ils risquent, par exemple, d'avoir à changer de groupes plusieurs fois le matin et en fin de journée parce qu'on doit réduire le nombre d'heures payées et donc maintenir au maximum les ratios éducatrices/enfants.

Une intervenante témoignait de cette «optimisation» sur la page Facebook de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) :

«À notre CPE, ils ont coupé un poste de conseillère pédagogique donc plus de ressources internes pour les enfants... Le gouvernement verse aussi une subvention d'une trentaine de milles pour installer des tablettes dans les locaux qui servent à comptabiliser les présences des enfants afin de maximiser les places et rentabiliser l'argent au maximum... il n'y a là aucune cohérence...»

On sent là une déconnexion complète des besoins réels du milieu de la petite enfance. Les CPE ont déjà dû faire les frais de compressions à répétition. Les services aux enfants ont déjà été affectés. L'heure n'est pas à «l'optimisation de l'efficience», mais à l'annulation des compressions!

Rappelons que le gouvernement du Québec possède actuellement une marge de manœuvre de 3,3 milliards de dollars de surplus qui pourrait servir à annuler ces compressions (et bien d'autres) et à créer de nouvelles places en CPE, là où il y a des besoins. Notre réseau de la petite enfance est un joyau et nous devons le protéger et le bonifier, pas le détruire! Nos enfants méritent mieux!

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