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Négociations sur le climat à Paris: plus qu'un accord?

Mais, en réalité, la véritable épreuve pour savoir si Paris peut atteindre « l'objectif 2°C » réside dans la capacité de la conférence à déclencher des changements majeurs dans le monde réel.
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Une dynamique se construit vers le sommet international sur le climat en décembre. Nous avons déjà un projet de texte, des objectifs nationaux et des engagements de financement - que nous reste-t-il donc à négocier?

À quoi ressemble le succès?

La dernière fois que les gouvernements du monde se sont réunis en vue d'un accord mondial sur le climat, à Copenhague en 2009, de fortes attentes ont conduit à une écrasante déception. Mais le monde a beaucoup changé depuis Copenhague - tout comme notre compréhension de ce qu'un accord international sur le changement climatique peut faire (et surtout de ce qu'il ne peut pas).

Rien qu'en Europe, les six dernières années ont vu la crise de la zone euro, la montée du populisme et la percée étonnante de l'énergie propre - qui a même dépassé les scénarios de révolution énergétique envisagés par Greenpeace, sans parler des prédictions de la Commission européenne et de l'AIE. Ils ont tous contribué à accroître le sentiment que les responsables politiques dans de distants centres de conférence ne peuvent «sauver le monde» avec une solution miracle.

Néanmoins, Paris est une épreuve pour les gouvernements afin de savoir s'ils peuvent tenir leurs obligations internationales concernant la gestion de la menace du changement climatique. Déjà, les objectifs nationaux de l'accord de Paris sont évalués afin de savoir s'ils seront suffisants pour maintenir une élévation moyenne de la température mondiale en dessous de 2°C - la limite convenue au niveau international pour éviter un changement climatique dangereux. Mais, en réalité, la véritable épreuve pour savoir si Paris peut atteindre « l'objectif 2°C » réside dans la capacité de la conférence à déclencher des changements majeurs dans le monde réel. Se préparer à l'évaluation de la COP21 exige de nous concentrer sur les indicateurs clés sur le succès qui peuvent déterminer la façon dont la conférence de Paris est perçue et, plus important encore, ce qui entraînera des changements dans les décisions d'infrastructure, de choix énergétiques et dans les modèles d'investissement sur le terrain.

Où nous sommes: une approche globale de lutte contre le changement climatique

La multitude d'objectifs climatiques présentés cette année comme des Intended Nationally Determined Contributions (INDCs) est très significative. Toutes les grandes économies du monde se sont maintenant engagées à passer sur une voie à faible carbone. Leur influence collective favorisera un changement majeur à travers le monde, celui de la décision des pays de déployer à grande échelle de l'énergie solaire et éolienne, adaptant leur voie de développement à la conviction désormais majoritairement admise que la pauvreté ne peut être éradiquée sans lutter contre le changement climatique. Une analyse récente prévoit que ce niveau de réduction des émissions nous permettrait d'être sur une trajectoire de 2,7°C. Ceci représente une amélioration par rapport aux impacts catastrophiques où nous mènerait un réchauffement au-delà de 4°C, mais montre que tout n'est pas encore joué.

Au sujet du financement, le Royaume-Uni, la France, la Suède ont tous suivi l'engagement de l'Allemagne d'augmenter les financements des projets climatiques dans les pays en développement, apaisant ainsi les tensions concernant le respect de leur promesse de fournir 100 milliards de dollars en financement climatique chaque année d'ici 2020. La Chine a également utilisé sa récente annonce conjointe avec les États-Unis pour dévoiler ses plans d'augmentation des financements en faveur de l'action climatique des pays pauvres et de transfert d'une partie de son propre financement national et international de combustibles fossiles. Cela reflète un nouveau paysage de la responsabilité globale où un plus large éventail de pays et secteurs jouent leur rôle dans le changement global vers le zéro carbone.

Attention à la marche

Mais comme avec les INDCs, nous n'avons pas encore fini. Il y a eu un manque notable de progrès sur les dispositions que Paris met en place pour le financement au-delà de 2020. De même, un temps exceptionnel et extrême devient rapidement la nouvelle norme. Avec une sécheresse prolongée à travers l'Europe cet été qui a coûté au gouvernement polonais plus de 118 millions d'euros en compensation des pertes de récoltes des agriculteurs et des inondations en France nécessitant le déploiement de mesures d'urgence ce mois-ci, pourquoi le texte de Paris est-il partiel sur l'adaptation aux conséquences du changement climatique?

À seulement deux mois de la conférence, construire après Paris

Comme Paris ne sera pas une bousculade de dernière minute pour mettre des chiffres sur la table nous permettant d'être «au-dessus de la ligne» afin de signer un accord, il est maintenant temps de présenter les outils dont nous avons besoin pour établir un cadre commun établissant un défi direct aux producteurs de combustibles fossiles et renforçant la résilience climatique pour protéger les citoyens. Ceci est moins une question de savoir si un accord peut être fait à Paris, mais celle plus intéressante du genre d'«accord» que sera Paris. En d'autres termes, Paris sera-t-il un accord historique qui définit à quel point nous en sommes - ou un plan pour l'avenir qui peut stimuler l'action?

Si la COP21 commençait aujourd'hui, nous aurions probablement un accord attestant simplement des engagements nationaux que les pays ont déjà mis en avant, mais sans plan clair pour combler l'écart vers les 2°C. Pourtant, l'heure semble être à la construction d'un régime «durable et dynamique» pouvant atteindre la décarbonisation mondiale dans le délai imparti par les scientifiques pour rester en dessous de la barre des 2°C. Cela signifierait un objectif de disparition mondiale en 2050, un processus où les pays reviendraient tous les 5 ans avec des objectifs plus élevés, et une opportunité pour améliorer les INDCs avant 2020. La sécurisation de ces éléments témoignera d'un accord qui ne sera pas dépassé, lorsqu'il rentrera en vigueur, en 2020, mais définissant la voie vers la vision audacieuse d'un monde sans énergie fossile.

Ce type de système peut également aider à réorienter tous les investissements et les flux de financement afin d'œuvrer pour, et non contre, la prévention des changements climatiques dangereux. Un objectif qui rend opérationnel en 2050 l'obligation d'être à 2°C permet à Paris de parler au public en dehors des salles de négociation, émettant un signal clair que la décarbonisation est inévitable et irréversible. Un objectif fort à long terme peut donc nous déplacer dans un monde où le financement climatique ne concerne pas seulement les transactions et les promesses, mais où tous les investissements sont comparés à leur contribution à cette direction collective.

Une vérification régulière des progrès peut aussi aider l'accord de Paris à mener une politique plus robuste de la gestion des risques, en veillant à ce que les stratégies nationales pour renforcer la résilience au changement climatique soient informées des trajectoires actuelles de température. Assurer un «lien itératif» entre atténuation et adaptation dans l'accord final sera le test dans les salles de négociation; mais les objectifs ancrés dans la réalité sont indispensables pour que les gouvernements soient en mesure de planifier la protection des personnes contre les perturbations et le chaos.

Une transition globale dans l'avenir

Après tout, c'est cela le but ultime. L'horizon de Paris a aidé à concentrer les esprits et mettre le thème du climat sur de nombreux agendas - qui aurait pensé voir le pape, Leonardo di Caprio, Mark Carney et Ban Ki-moon, sur la même longueur d'onde? La combinaison d'investissement politique et de réels changements économiques rend la situation d'un échec à Paris hautement improbable; mais si l'accord est apte à nous conduire à travers un avenir incertain, nous avons besoin d'un régime orienté vers l'avant qui peut catalyser des changements majeurs au-delà de COP21. Pour tout changer, nous avons besoin de tout le monde. Paris ne fait pas tout; mais si les négociations au cours des deux prochains mois peuvent combler les lacunes actuelles, nous pourrions finir par un accord qui peut dessiner la construction énergétique au niveau local et régional, et nous donner les moyens d'aller collectivement plus loin et plus vite vers la résilience climatique zéro carbone.

La Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d'études progressistes (FEPS) s'impliquent dans les débats sur la lutte contre le réchauffement climatique, alors que Paris accueillera en décembre une conférence internationale décisive sur le sujet -la COP21, ou Paris Climat. Le projet "Progressistes pour le climat" a vocation à faire entendre des voix progressistes sur ces sujets, en faisant voir les enjeux politiques et de société qui sous-tendent ces négociations. A travers nos contenus en ligne et nos actions, notre ambition est de participer à la construction d'une vision partagée d'un avenir bas-carbone, respectueux de l'homme et de l'environnement, tout au long de l'année 2015, jusqu'à la conférence Paris Climat.

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