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La succession de Hillary Clinton

Il semble bien que le voyage de Hillary Clinton, accompagnant le Président Obama en Asie et son bref séjour en Israël et en Égypte, auront été les derniers périples de son brillant mandat à la tête du Secrétariat d'État américain. Qui lui succèdera? Le président n'a pas annoncé officiellement le nom de la personne qui sera soumise à la ratification du Sénat. D'après la plupart des observateurs, c'est Susan Rice, présentement ambassadrice aux Nations Unies, qui sera nommée.
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WASHINGTON, DC - OCTOBER 12: U.S. Secretary Hillary Clinton speaks about North Africa, at the Center for Strategic & International Studies, on October 12, 2012 in Washington, DC. Secretary Clinton delivered a speech that was billed as 'U.S. Strategic Engagement with North Africa in an Era of Change'. (Photo by Mark Wilson/Getty Images)
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WASHINGTON, DC - OCTOBER 12: U.S. Secretary Hillary Clinton speaks about North Africa, at the Center for Strategic & International Studies, on October 12, 2012 in Washington, DC. Secretary Clinton delivered a speech that was billed as 'U.S. Strategic Engagement with North Africa in an Era of Change'. (Photo by Mark Wilson/Getty Images)

Il semble bien que le voyage de Hillary Clinton, accompagnant le Président Obama en Asie et son bref séjour en Israël et en Égypte, auront été les derniers périples de son brillant mandat à la tête du Secrétariat d'État américain. Qui lui succèdera? Le président n'a pas annoncé officiellement le nom de la personne qui sera soumise à la ratification du Sénat. D'après la plupart des observateurs, c'est Susan Rice, présentement ambassadrice aux Nations Unies, qui sera nommée. Elle apparaît comme la préférée d'Obama. Il la connaît depuis longtemps. Elle l'a conseillée durant la campagne de 2008.

Elle est présentement aux prises avec des accusations venant des républicains, tels John McCain, de l'Arizona (le candidat républicain à la présidence en 2008) et Lindsey Graham de la Caroline du Sud. Les médias s'y intéressent beaucoup. La population semble raffoler des questions relatives aux responsabilités à l'occasion d'un drame.

C'est l'attaque terroriste dans laquelle l'ambassadeur Chris Stevens a perdu la vie à Benghazi, le 11 septembre dernier, qui est en cause. Une date fatidique! Mitt Romney a tenté gauchement d'utiliser l'événement pour des fins partisanes durant la campagne présidentielle. Mal lui en prit. Le président s'en est bien tiré en invoquant la gravité de la situation qui devait échapper à la politisation.

Mais les interrogations demeurent. Tout particulièrement quant au rôle de Susan Rice au lendemain de la tragédie. C'est elle qui a été chargée d'accorder une série d'entrevues aux diverses chaînes de télévision. Elle aurait délibérément associé l'attentat aux nombreuses réactions des populations musulmanes à l'affreux et blasphématoire vidéo « L'innocence de l'Islam » produit par un Américain; sans faire référence au terrorisme du réseau Al Qaeda, dont on sait maintenant qu'il est le seul responsable. Elle aurait fait preuve d'irresponsabilité, d'incompétence. Elle aurait trompé la population et ne mériterait donc pas d'accéder à la direction des Affaires étrangères.

Quel est le sens de ces accusations?

Quel que soit le bien-fondé de ces accusations qui font maintenant l'objet d'une commission spéciale du Sénat, elles traduisent une inquiétude fondamentale chez ses auteurs : une conception de la politique étrangère qu'on veut opposer à celle d'Obama.

La faute qu'on reproche à Susan Rice, c'est de n'avoir pas décelé spontanément le mal absolu qui se dresse contre les États-Unis, cet ennemi qu'il faut sans cesse diaboliser pour se donner bonne conscience. En dénonçant les terroristes malfaisants, les responsables américains sont ainsi dispensés d'évoquer leurs propres responsabilités, de reconnaître leurs propres erreurs, de tenir une politique plus nuancée, plus discrète et de renoncer à l'exceptionnalisme qui n'a plus guère de sens dans le monde d'aujourd'hui, s'il en a jamais eu. Les républicains espèreraient prolonger la dichotomie manichéiste qui a tant servi les États-Unis au cours de la guerre froide et plus récemment durant la « guerre globale au terrorisme » de George W. Bush.

Tout en poursuivant la lutte au terrorisme d'une manière plus discrète, Obama a voulu mettre en oeuvre, d'une manière bien incomplète, une nouvelle politique au cours de son premier mandat. Une politique fondée sur la multipolarité et l'interdépendance. C'est là ce qu'une femme, comme Susan Rice, appartenant à l'école de l'internationalisme libéral, pourrait articuler au cours des prochaines années à titre de Secrétaire d'État aux Affaires étrangères.

Derrière la mise en cause de Susan Rice, c'est le leadership discret, instrumentalisé dans l'intervention en Lybie, qui est en question. Les républicains soutiennent que l'administration Obama a fait preuve de négligence en matière de sécurité dans cet État encore bien fragile. C'est aussi la tendance propre à Obama de ne pas présenter les États-Unis comme une superpuissance infaillible et de reconnaître que les États-Unis ont beaucoup à apprendre des autres démocraties, de plus en plus nombreuses dans cet univers tissé d'interdépendances.

D'après une publication récente du Council on Foreign Relations, « s'adapter à la multipolarité ne signifie pas qu'il faille renoncer au leadership des États-Unis. Un leadership de coalition signifie que les États-Unis vont diriger en collaboration et par des accords réciproques plutôt que de recourir à la prépondérance, aux menaces et à la coercition » (Daniel Deudney et John Ikenberry, « An American Grand Strategy for a Post-exceptionalist Era ». Voilà un programme qui pourrait bien être mis en oeuvre au cours de second mandat d'Obama.

Derrière l'opposition à Susan Rice, c'est ce programme qui est en cause. Ce pourrait bien être l'esprit de la politique étrangère d'Obama.

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