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Frais de scolarité: on a gagné! (bis)

La FEUQ veut désormais se concentrer sur un autre enjeu: l'aide financière aux études. Ne tournons pas autour du pot, j'étais outré quand j'ai appris ce changement. J'ai ressenti une colère et des blessures qui étaient nées d'un mouvement social monstre en 2012 et qui peinent à cicatriser correctement.
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Lundi dernier, il m'a été donné de lire un article ayant pour titre La FEUQ s'éloigne des droits de scolarité sur le site de Radio-Canada. Puis, poursuivant ma lecture, j'ai compris que la FEUQ se concentrerait désormais sur un autre enjeu qu'elle juge important : l'aide financière aux études. Ne tournons pas autour du pot, j'étais outré et en colère. J'ai ressenti une colère et des blessures qui étaient nées d'un mouvement social monstre en 2012 et qui peinent à se cicatriser correctement, entre autres à cause d'absurdités comme celle-ci.

Poursuivant plus loin ma lecture, j'ai constaté à la fin de l'article qu'il était question d'une revendication qui consistait à rattraper les six dernières années où l'aide financière aux études n'a pas été indexée au coût de la vie. Nous observons donc ici la combativité la plus inexistante du milieu militant. D'un côté, nous accepterions une hausse et d'un autre, nous demanderions s'il-vous-plait un peu d'argent pour pallier cette hausse que nous venons d'accepter. Pourquoi faire de l'aide financière son cheval de bataille alors que l'existence même de cette aide est due aux frais de scolarité ? La soi-disant accessibilité aux études est limitée par les frais de scolarité, point barre. Cessons de jouer aux savants avec nos formules préfaites déterminant si oui ou non notre vie et notre éducation méritent un financement. Cessons de parler en termes de finances. Nous parlons d'éducation, de progrès social et de justice.

Puis, j'ai navigué un peu (juste un peu) sur le site web de la FEUQ. J'y ai trouvé des bijoux. Des pièces d'anthologie qui m'ont forcé à peser le bouton Printscreen, de peur de ne plus retrouver ces œuvres d'art. Voici mes trois préférées:

1. «M. Bolduc a été incapable de s'engager à ne pas hausser les frais de scolarité des étudiants universitaires au-delà de l'inflation, après l'année en cours. Pis encore, il a avancé qu'une modulation des frais de scolarité selon le programme d'études était envisageable. Pour nous, c'est une déclaration claire que nous sommes à l'aube d'une hausse des frais de scolarité.»

Cette citation est tirée des bouches des présidents de la FEUQ et de la FECQ et elle ne date que du mois de juillet 2014. Je l'ai lue avec une teinte (une méchante teinte) d'ironie en arrière-pensée. Comment concevoir que le combat contre la hausse des frais de scolarité est terminé. Nous le menons tous les cinq ans depuis des décennies. Nos grands-parents ont mené ce combat et nous osons prétendre que nous avons gagné. Je réponds à cette citation que oui, en effet, nous sommes « à l'aube d'une hausse des frais de scolarité »... encore.

Une partie de cette citation est encore plus alarmante. On y laisse planer l'idée qu'une hausse des frais de scolarité au-delà de l'inflation, c'est le diable, mais qu'une hausse moindre serait acceptable. Ce n'est pas le cas. L'éducation ne se monnaie pas et avec cette mentalité de dire « un 'tit peu, mais pas trop », nous n'aurions eu absolument aucun gain au printemps 2012, pas même la satisfaction d'avoir éveillé la conscience politique de milliers d'étudiants.

2. «Ce n'est pas en sabrant dans l'accessibilité aux études universitaires que nous bâtirons un meilleur avenir pour les générations futures. Est-ce que c'est ce qu'on veut pour le Québec de demain, une société dont les chances ne sont pas égales pour tous?»

Cette citation du président de la FEUQ, toujours datée du mois de juillet de cette année, prouve un point crucial de l'analyse en cours. Sabrer dans l'accessibilité aux études n'est pas bien. Quel constat. Pourquoi, alors, ne pas revendiquer une accessibilité plus grande à la base de tout ce fléau. Pourquoi revendiquer une solution (l'aide financière) à un problème (les frais de scolarité) ? Pourquoi ne pas revendiquer l'abolition du problème ? L'abolition des frais de scolarité. 1 + 1 = 2.

3. M. Bolduc a précisé ses propos: les frais de scolarité seront indexés pour les quatre prochaines années. «Nous nous réjouissons que le ministre Bolduc démontre ainsi une sensibilité à nos revendications», de déclarer MM Bouchard et Tremblay.

Je ne sais pas si mon style d'écriture m'accorde le droit d'écrire « LOL », alors je ne me contenterai que de quelques phrases insolentes sur mon état d'âme. MM Bouchard et Tremblay sont de fins stratèges. L'accessibilité aux études n'a jamais eu d'aussi bons défenseurs.

Un aspect hilarant de cette citation est le fait qu'elle a eu lieu le même jour que les citations précédentes, qui se voulaient, je crois, cinglantes et revendicatrices. Quelques heures et quelques chiffres ont donc suffi au ministre Bolduc pour convaincre deux présidents d'associations étudiantes, représentant à eux deux plus de 200 000 étudiants selon leur site web, qu'il était conciliant et à l'écoute. Je n'aurai qu'une remarque: il est facile de paraître à l'écoute lorsque nos demandes le font rire haut et fort dans son cabinet. Bien sûr que les grenailles que nous revendiquons nous seront remises, il n'en a que faire. Une autre façon d'analyser la situation: bien sûr que nos revendications seront entendues si elles consistent à leur donner plus d'argent.

Vous ne demandez rien. Nous ne sommes donc pas surpris que le ministre Bolduc ait démontré tant de «sensibilité». Sceptiques ? Demandons-nous donc où en sont les pourparlers pour rémunérer les stages en éducation. J'ai commencé et terminé mon baccalauréat en éducation en entendant parler de cette revendication, de ce combat forcené que mène la FEUQ. Depuis quand ce dossier traine-t-il dans les couloirs du ministère de l'Éducation? Les ministres d'Éducation se montrent-ils donc moins conciliants lorsque vient le temps de concéder temps et argent pour ses générations futures? Eh ben. What a surprise.

Je termine en acquiesçant à votre constat. J'accepte qu'on l'on me traite de malhonnête et qu'on m'attribue une mauvaise foi injustifiée. C'est que, voyez-vous, je prends un peu de travers d'avoir laissé un peu de ma vie dans un combat qui semble maintenant réglé aux yeux de certains. J'ai mal pris d'avoir dû abandonner le combat en 2012 parce qu'une majorité d'étudiants, épaulés par les fédérations étudiantes, ont vu dans les élections une porte de sortie. J'ai mal pris de voir le président d'une de ces associations se présenter dans un parti politique qui n'avait même pas d'engagement sur la question qui nous importait. J'ai mal pris d'avoir vu les fédérations étudiantes au Sommet sur l'Éducation, puis de les voir sortir en disant que les dés étaient joués d'avance. Nous l'avions tous vu venir. Finalement, je prends bien mal la décision concertée d'abandonner un projet que nous avions légué, mais que nous aurions visiblement dû achever.

Je suis rancunier et non, je ne trouve pas que notre combat soit terminé.

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Avril 2018

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