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Voici ce qui arrive lorsqu'une mère de trois enfants décide de faire la grève

Beaucoup de mères de famille en rêvent, mais Jessica Stillwell est passée aux actes. Durant six jours, elle a fait la grève et n'a effectué aucune corvée ménagère. Elle s'est même abstenue de réprimander ses trois filles - des jumelles de 12 ans et leur petite sœur de 10 ans. Les résultats de cette expérience vous donneront envie de serrer les poings et de manifester votre solidarité... s'ils ne vous font pas avaler de travers!
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Beaucoup de mères de famille en rêvent, mais Jessica Stillwell est passée aux actes. Durant six jours, elle a fait la grève et n'a effectué aucune corvée ménagère. Elle s'est même abstenue de réprimander ses trois filles - des jumelles de 12 ans et leur petite sœur de 10 ans.

Les résultats de cette expérience vous donneront envie de serrer les poings et de manifester votre solidarité... s'ils ne vous font pas avaler de travers!

Tout a commencé à la fin de septembre, quand Jessica a passé une fin de semaine seule avec ses enfants pendant que Dylan, son mari, participait à un tournoi de golf. Travailleuse sociale de profession, Jessica devait également s'occuper d'un bébé en attente d'une famille d'accueil. Ponctué de courses au centre commercial et de pratiques sportives, le week-end avait été tout ce qu'il y a de plus typique. Or le dimanche soir, vers 23 heures, Jessica s'est assise pour la première fois de la journée et a pris conscience du capharnaüm ambiant. Il était évident qu'elle n'y était pour rien.

Il y a eu dans le passé plusieurs cas de parents grévistes - dont Roxanne Toussaint, qui a dressé une tente et un panneau « En grève » dans sa cour arrière, et Michael Dunlap, qui refusait de cuisiner ou de faire le ménage tant que ses enfants n'auraient pas signé un contrat les obligeant à faire leur juste part. Outre ces personnages réels, il y a eu des personnages fictifs tels que Delia Grinstead, la mère fugueuse du roman Ladder of Years de Anne Tyler, ou l'héroïne de la série télévisée Mom's On Strike, personnifiée par Faith Ford il y a une dizaine d'années. L'actrice Mary Kay Place jouait également dans un épisode du même nom, sur ABC, il y a près de 30 ans. Mais contrairement à ces grévistes réelles ou fictives, Jessica Stillwell n'a pas averti ses enfants de ce qu'elle comptait entreprendre. Le lundi 1er octobre au matin, elle s'est levée et a tout arrêté d'un coup.

Si ses filles avaient lu sa page Facebook, elles auraient appris ce qui se tramait : « Une travailleuse et mère de famille vient de DÉCLARER LA GRÈVE au domicile familial, sans crier gare. Je vous tiendrai au courant des développements :) »

Mais comme les trois pré-adolescentes ne suivent ni le fil Facebook de leur mère, ni ses instructions de garder leur chambre propre, elles ont mis du temps à s'apercevoir que quelque chose clochait.

Tel que promis, Jessica a raconté sa version des faits dans Facebook, puis dans un blogue intitulé Striking Mom.

« Si je n'avais pas écrit ce blogue, ma grève aurait duré une journée ou deux, pas plus », m'a confié la principale intéressée, lors d'une entrevue téléphonique effectuée depuis son domicile de Calgary. « Je suis une femme de type A. Le désordre me rend folle. La seule manière de tenir le coup était d'anticiper le plaisir que j'aurais à raconter mes mésaventures le soir venu. »

Le premier soir, Jessica relatait ceci :

« Il est 18 heures, les assiettes du déjeuner et du dîner s'encroûtent sur la table. Le lave-vaisselle est rempli à pleine capacité. Des chaussures et des sacs à dos encombrent le hall d'entrée. Des chaussettes sales, des bouteilles de Gatorade vides et des vieux kleenex traînent derrière le divan. »¸

Le deuxième soir, la dégradation de la situation était palpable :

« Au fond de leur bol, les céréales imbibées de lait commencent à puer beaucoup plus tôt que je ne l'anticipais. Quinn adore déchirer des bouts de papier, pour en faire des avions que les chiens mastiquent et recrachent aussitôt. D'ailleurs, si vous laissez le lave-vaisselle ouvert toute la journée, le gros chien viendra lécher les assiettes jusqu'à ce qu'elles paraissent propres. »

(Le récit se poursuit après la galerie photos)

Photos de l'expérience

Les enfants ont commencé à sentir que quelque chose n'était pas normal, sans pour autant prendre les choses en main. Sur l'heure du midi, l'une des filles s'est assise à sa place habituelle, a regardé les céréales imbibées de lait au fond de son bol, et a dit « Pouah, qu'est-ce que c'est ?! ». Mais aucune d'entre elles n'a pris la peine de nettoyer les bols, ni même de les déposer dans l'évier (qui, il faut l'admettre, était déjà rempli à ras bord de vaisselle sale).

Les sœurs Stillwell ont des sacs à lunch thermos, décorés de couleurs vives, qu'elles doivent normalement vider et nettoyer au retour de l'école. Mais elles ont la mauvaise habitude de les laisser traîner avec leurs sacs à dos, au beau milieu du hall d'entrée. Durant la grève, Jessica et son mari ont continué à préparer les lunchs. Mais au lieu de les placer dans les sacs thermos malodorants et non vidés, ils les ont emballés dans des sacs de plastique provenant du dépanneur le plus proche. Par la suite, Dylan a eu la brillante idée de les emballer dans des sacs expressément conçus pour ramasser les excréments canins. (Vous pouvez voir ces sacs dans le diaporama. Ils ne sont pas très subtils.)

Le troisième jour, tout allait de mal en pis :

« En revenant de l'école, Olivia a regardé la cuisine avec dédain et a dit : "C'est dégoûtant", puis elle est descendue au sous-sol comme si de rien n'était. Quinn, du haut de ses dix ans, a battu un record de négligence (du moins, on l'espère) en nettoyant la brosse du chien puis en abandonnant la boule de poils sur le rebord du fauteuil. »

Le quatrième jour, Quinn a fondu en larmes.

« Je ne veux plus transporter mes lunchs dans des sacs à merde. Je ne veux plus d'assiettes en carton et de verres de plastique au déjeuner. S'il-vous-plaît, pouvez-vous m'aider à faire le ménage ? »

Jessica lui a donc fait faire le tour du proprio, pour lui faire comprendre que rien de ce qui traînait n'appartenait à maman et papa.

Durant quelques heures, la cadette a fait l'effort de ranger ce qui lui appartient. Mais le cinquième jour, ses mauvaises habitudes ont repris le dessus. En effet, Quinn a abandonné sur le comptoir un bol rempli de mélange à crêpes, ainsi qu'un plateau de croissants à moitié cuits et à moitié mangés. « Le comble est que mon fauteuil en cuir est maintenant décoré d'autocollants provenant de l'emballage des nouveaux protège-tibia qu'elle utilise au soccer », a ajouté Jessica.

La grève a pris fin après six jours. Jessica en a décidé ainsi lorsque ses filles ont commencé à se disputer, chacune attribuant la responsabilité du désastre aux deux autres. Après des excuses peu sincères, les trois sœurs ont fini par remercier leur mère pour le travail qu'elle accomplit quotidiennement dans la maison. L'une d'elles a tout de même affirmé sans vergogne que « le rôle des parents est de nettoyer le désordre de leurs enfants ».

Jessica espérait un moment empli de tendresse, d'accolades et d'empathie. Or, ce qu'elle a ressenti à ce moment « était l'équivalent d'avoir conquis l'Everest et d'avoir hurlé "BIEN FAIT POUR VOUS, BANDE DE LÂCHES, J'AI GAGNÉ !" ».

Le grand ménage a duré deux jours, pendant lesquels Jessica est restée bien assise dans le sofa, à siroter le café que ses filles lui préparaient. Celles-ci ont dû vider le fromage de ce qui était autrefois un verre de lait, non sans quelques protestations. Elles ont utilisé deux bouteilles de Pine Sol et une demi-bouteille d'eau de javel pour redonner à la maison son apparence normale.

Avec un peu de recul, quel profit Jessica a-t-elle tiré de cette expérience?

« Ce n'est pas la bonne question », a-t-elle répondu. « Il faudrait plutôt me demander quelles leçons en ont tiré mes enfants ».

« Je veux tout donner à mes filles », a-t-elle écrit sur son blogue en guise de post mortem. « Mais j'ai pris conscience que je leur nuisais. J'étais en train de les préparer à l'échec. Cette expérience m'a révélé que j'agissais par crainte des prises de bec, et parce qu'il était plus simple et rapide de tout faire par moi-même. Il y a tant de tâches qu'elles auraient dû apprendre à faire de manière autonome. Je crains que nous ne soyons en train d'élever une génération d'enfants gâtés, qui un jour demanderont sans cesse "Que vas-tu faire pour moi ?" »

Bref, pour Jessica, cette grève était un moyen de sauver ses enfants.

Depuis que la grève est finie, on peut lire sur son blogue que ses filles « rincent désormais leur assiette avant de la placer dans le lave-vaisselle. Les trois sacs thermos sont vides, propres, et bien rangés sur leur tablette. Rien n'est parfait, puisqu'un chandail traîne sur le divan. Il y a aussi une paire de chaussettes sales sur les marches de l'escalier ».

Seriez-vous capable de faire une telle grève ? Si oui, qui « craquerait » en premier, vos enfants, ou vous-même ? Dites-le nous en écrivant un commentaire.

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