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L'absence de la mairesse pendant plusieurs jours est non seulement une déception, mais aussi une démonstration évidente de son manque de leadership.
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Valérie Plante, la mairesse de Montréal.
Kamil Krzaczynski / Reuters
Valérie Plante, la mairesse de Montréal.

Notre mairesse de Montréal, Mme Valérie Plante, est sortie de son mutisme dimanche après-midi en publiant un post sur sa page Facebook concernant «la nouvelle» de la semaine dernière à Montréal et au Québec: le reportage sur les représentants de la mosquée Ahlilbait dans CDN-NDG ‒ située dans mon district ‒ qui aurait demandé d'exclure des femmes d'un chantier à proximité de leur mosquée. Nous savons tous aujourd'hui que cette affirmation s'est avérée erronée.

Trop peu, trop tard

Le message de la mairesse appelant à la vigilance et à la responsabilité collective sur un événement qui a fait couler beaucoup d'encre, semé la division, généré des appels à la haine et causé énormément de peine auprès de milliers de citoyens et citoyennes était non seulement le bienvenu, mais nécessaire.

Nécessaire parce qu'à titre de première magistrate de la métropole du Québec, la population s'attend à ce que la mairesse démontre du leadership sur les enjeux qui la touchent. Elle devait se montrer rassurante, dénoncer une injustice et partager un discours rassembleur. Ceci était d'autant plus nécessaire que Montréal, capitale du vivre-ensemble, accueille 70% de tous les nouveaux arrivants au Québec. Malheureusement, son message est arrivé trop tard, et ses efforts sont nettement insuffisants. Je ne suis pas le seul qui le pense (voir la chronique d'Yves Boisvert).

Le leadership en moment de crise

Le vivre-ensemble et la diversité sont une richesse pour Montréal, où 34% des citoyens s'identifient à une minorité visible. Une richesse mise en valeur par la promotion de l'inclusion et des relations harmonieuses entre les communautés et les individus de toutes les origines.

La devise même de Montréal Concordia Salus, le salut par la concorde, le bien-être à travers l'harmonie, que l'on doit à notre premier maire, M. Jacques Viger, témoigne que le vivre-ensemble a toujours été présent dans l'ADN des Montréalais.

C'est un autre exemple de son manque de sensibilité quant aux questions liées à la diversité.

Mais cette harmonie doit être entretenue et nous ne pouvons jamais la tenir pour acquise. C'est pourquoi l'absence de la mairesse pendant plusieurs jours est non seulement une déception, mais aussi une démonstration évidente de son manque de leadership. C'est un autre exemple de son manque de sensibilité quant aux questions liées à la diversité.

Les enjeux d'accommodements, d'intégration et d'identité sont cruciaux au Québec et Montréal est la scène privilégiée où s'interprètent ces prestations. Donc, il faut que nos élus démontrent une force de caractère au moment d'une crise. Dénoncer une situation de crise à la suite de son dénouement est l'antithèse du leadership. Pourquoi est-ce que la mairesse n'est pas intervenue une fois que la Commission des services électriques de Montréal (CSEM), à titre de donneur d'ouvrage, a confirmé qu'aucune demande ne leur avait été faite d'exclure des femmes du chantier et que le contrat n'avait aucune disposition en ce sens?

Armée de cette information, elle aurait pu au moins faire un appel au calme et demander que la lumière soit faite sur les circonstances. Pourquoi ne l'a-t-elle pas fait? La question se pose. On a dû attendre que le gouvernement du Québec mandate la Commission de la construction du Québec (CCQ) de faire enquête le mercredi matin avec le résultat que nous connaissons aujourd'hui.

Dans les circonstances, son post sur Facebook ne peut qu'être interprété comme une tentative de se rattraper devant un fait accompli. Comme le dit le vieux dicton, «gouverner, c'est assumer». Dans ce cas, c'est une évidence qu'elle n'a pas été à la hauteur.

Je suis fier que, dès mercredi soir durant notre conseil d'arrondissement, j'ai fait un appel au calme et un rappel d'une responsabilité collective face à de telles situations, ayant préalablement parlé aux dirigeants des deux mosquées et ayant personnellement obtenu la confirmation de la CSEM qu'aucune demande d'exclure des femmes avait été faite (voir mon intervention à partir de 24:50).

J'ai aussi annoncé que j'allais visiter les mosquées le vendredi. Ce vendredi, j'ai effectivement visité la mosquée Ahlilbait et la mosquée voisine Baitul Makkurram en compagnie de David Heurtel, ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, ainsi qu'avec mon collègue Abdelhaq Sari, conseiller municipal de Montréal-Nord, pour témoigner de notre solidarité, faire un appel à l'écoute et au dialogue et pour souligner l'importance d'avoir confiance dans nos institutions.

Lors de ma visite à la mosquée Ahlilbait un dirigeant m'a demandé pourquoi la mairesse ne s'était pas prononcée sur cette situation. Je n'avais pas de réponse à lui offrir.

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